Smaïn : « Mes sketches sont nés en Aveyron »

  • Smaïn sera sur scène pour partager avec le public
    Smaïn sera sur scène pour partager avec le public
  • Smaïn : « Mes sketches sont nés en Aveyron »
    Smaïn : « Mes sketches sont nés en Aveyron »
Publié le
Centre Presse / Olivier Courtil

Vous étiez le président du jury du festival du cinéma d’Espalion en septembre dernier. L’Aveyron et vous, c’est plus qu’une histoire d’amour...

Espalion, c’était tellement chaleureux. Du coup, je reviens ! Quant à Villefranche-de-Rouergue, le souvenir est très ancré dans ma mémoire. C’était en 1969, on apprend que l’homme a marché sur la lune, c’est l’insouciance, les jeux, la vie ne vaut d’être vécue que pour ça. J’avais 11 ans quand j’ai découvert le château de Graves, à cet âge-là, tout est marquant car c’est à ce moment-là que l’on se construit. Je revois la cour principale, puis la deuxième cour face à la prairie. C’est là que j’ai donné mon premier spectacle. Mes premiers sketchs sont nés ici. J’étais habité par le rire. Dans le réfectoire, il y avait une grande croix. Je revois les tables plastiquées. J’y ai passé deux mois par an, quatre étés magnifiques. C’était le bonheur, la délivrance. Il y avait les filles, les escapades dans les chambres des filles. Il y avait le père qu’on appelait le père économe qui était toujours avec son chien. Un soir, je m’étais caché sous le lit d’une fille, le chien est passé à côté, il a dû me renifler mais il n’a pas aboyé. Il y avait le père Blanc qui dormait à l’infirmerie. Quand, du bus, on voyait le château, on se disait « ça y est, c’est les vacances ! » Et quand le bus faisait la montée de Graves où il y a une fourche, je me demandais toujours comment le chauffeur faisait pour passer. Je me souviens aussi du jour où le Président de la République a atterri à l’aérodrome : le Pompidou est passé devant la colo ! J’ai chanté aussi à la collégiale, en latin. Sous le porche, il y avait la pharmacie de Monsieur Fabre...

Avez-vous de la nostalgie ?

Il ne faut pas avoir de regret. Il faut s’en souvenir. Mais ce n’est pas de la mélancolie. Il faut construire sa vie de bons souvenirs pour faire une bonne parenthèse. On sait ce qui se cache à la fin de l’existence. J’ai gardé l’âme d’un enfant. Monter sur scène, c’est un cadeau pour moi et les autres, c’est l’idée du partage.

Orphelins, vous avez été adoptés à deux ans par un couple à Paris. Le rire fut-il l’échappatoire ?

Non. J’ai eu la chance d’avoir des parents adoptifs bienveillants. J’ai eu beaucoup de chance. Tout comme de monter sur scène. Le rire, c’est le partage. Je suis quelqu’un d’autre aujourd’hui.

Êtes-vous revenu, depuis votre enfance, à Villefranche ?

Oui, il y a une dizaine d’années. Un père de famille, dont le père fut le chauffeur du car de Graves, a fait un très beau témoignage. On partait en car à la piscine et on revenait à pied. Après le spectacle, je suis même retourné dormir à Graves. Ça m’a fait bizarre !

Comment trouvez-vous les Aveyronnais ?
Les Aveyronnais sont très méfiants au départ, et après, ils sont d’une extrême générosité. Ce que je retiens (Smaïn imite l’accent d’ici, NDLR), c’est le souvenir de Monseigneur Marty qui parlait comme ça, en passant sa grosse main sur ma tête comme une bénédiction.

Que proposez-vous dans votre spectacle ?

Je me raconte. C’est très autobiographique. Il y a l’adoption, la France que j’aime qui m’a ouvert les bras.

N’est-ce pas lassant de rejouer trente ans après les sketchs devenus cultes ?

Au contraire, c’est un bonheur. On redécouvre à chaque fois car, à chaque fois, c’est différent. C’est comme au théâtre, jouer c’est difficile à chaque fois mais c’est parce que c’est toujours différent.

Comment vient l’inspiration ?

Les sketches partent de l’observation. Récemment, j’ai vu un voiturier avec un amas de clefs. Je me suis demandé ce qu’il peut bien faire avec toutes ces clefs, cela peut être l’idée d’un nouveau sketch. Aujourd’hui ce qui compte pour moi, c’est créer, par l’écriture et le proposer par la scène. On ne peut pas être et avoir été.

Quels sont les humoristes que vous appréciez aujourd’hui ?

Il y en a des bons et des mauvais. Beaucoup sont au poulailler. On est noyé comme on est noyé par tout ce qui nous entoure, le flot d’informations, d’images. Mais c’est bien d’essayer, il faut y aller.

Et quel regard portez-vous sur la politique ?

Je ne fais pas de politique. C’est un rôle très difficile. Vous vous rendez compte du poids que vous avez à diriger un État. D’autant que nous vivons une époque douloureuse.

Quels sont vos projets ?

J’ai sorti un livre (lire ci-contre, NDLR) que j’amènerai à Espalion et Bozouls pour le faire dédicacer. J’ai aussi un projet de court-métrage avec Jean-Marie Bigard qui s’appelle « L’horizon de Jean ». Je viendrai sûrement le présenter lors du prochain Festival du cinéma à Espalion.

En cette période de vœux, que peut-on vous souhaiter ?

Du soleil ! Continuer à rêver et faire rêver.

Spectacle « Mon dernier avant mon prochain », samedi 27 janvier à 20 h 30, au cinéma Rex, et dimanche 28 janvier, à 15 heures, au centre social de Bozouls. Réservation obligatoire au 06 14 11 53 15. culture.patrimoine-espalion@orange.fr

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?