Rodez : les travaux du stade Paul-Lignon fixés au mois de juin

  • Christian Teyssèdre, dans son bureau. (Photo José A. Torres)
    Christian Teyssèdre, dans son bureau. (Photo José A. Torres)
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Centre Presse / Aurélien Parayre

Où en est le projet de réaménagement du stade Paul-Lignon ?

Tout avance. Et tout sera lié de manière importante aux résultats du club (actuel leader avec deux points d’avance après la 20e journée, NDLR). Car en réalité, on est devant deux options. Soit on rénove, car le club accède et cela devient une obligation, puisqu’on préfère qu’il joue à Rodez qu’à Albi ou ailleurs. Et ça va nous coûter très cher : environ 3,3 M€ hors taxes (3,8 M€ TTC, NDLR) pour se mettre aux normes de la Ligue 2. Soit on refait le stade pour une partie car on a ainsi un peu plus de temps et on fait des choses qui seront dans un cadre de référence pour le club.

Le 4 janvier dernier, il y a eu une visite de la FFF, avec le club et la Ville, directement au stade. D’autres réunions ont eu lieu à Paris sur ce même sujet. Ces rendez-vous vous ont-ils rassuré ou vous ont-ils alerté par rapport à ce qu’il y avait à réaliser pour rendre Paul-Lignon conforme au foot pro ?

Ces rendez-vous étaient très bien. Michel (Mazars, élu délégué sports, NDLR) y est allé avec le club. On a vu qu’il y avait des différences de fonctionnement entre la fédération (FFF, NDLR) et la Ligue (Ligue de football professionnel, chargé des L1et L2, NDLR). Avec la Ligue, on est plus près d’exigences que de compromis. En fait, ils nous expliquent ce qu’il faut faire.

Justement, rentrons dans le détail. En termes d’éclairage...

(Il coupe) C’est très simple. Il faut environ 1 200 Lux (630 actuellement, NDLR) ce qui équivaut à un chantier pour nous d’1,4 M€ hors taxes, alors qu’on a refait l’éclairage il y a cinq ans. Donc la Ville est auprès du club. Les quatre poteaux actuels, il faut les mettre environ 15 mètres derrière pour qu’ils aient une plus grande amplitude. C’est le poste le plus conséquent.

Ça facilite aussi la vie du club, car sans cela, même si on peut jouer, les retransmissions télés n’auront pas lieu. Ça ferait perdre, éventuellement au club, la bagatelle de 5 M€ par an.

Là, vous faites référence à la licence club.

Oui, vous connaissez mieux le sujet que moi, donc je ne vois pas pourquoi vous m’interwievez...

Car c’est intéressant d’avoir l’avis du propriétaire de l’enceinte.

Et surtout de celui qui va payer.

Certes. Mais n’est-ce pas à cause du fait que des travaux importants n’ont pas été réalisés depuis le début des années 90 ?

Non, non. Très honnêtement, on était prêt à le faire plus tôt. Mais on ne va quand même pas dépenser 5 ou 10 M€ comme cela, sans que le club joue à un certain niveau. Il y a trop d’exemples en France où les municipalités ont mis 10, 20, 50 M€ dans des stades où il n’y a personne dedans. Donc le contribuable a le droit d’exiger, oui des dépenses, mais à condition qu’il y ait une équipe qui joue.

Au niveau de l’aire de jeu ; en plus de devoir être déplacée latéralement d’environ deux mètres (minimum de six mètres de dégagement nécessaires de chaque côté), le drainage et la déclivité seront du coup à revoir...

Oui, ce sera fait. Et ça coûte entre 700 000 et 800 000 €. C’est bien pour le rugby aussi, ça lui bénéficiera encore plus à lui en cas de débordement.

Au sujet de la vidéo protection, puisque les grillages actuels doivent être détruits pour être remplacés par une main courante...

(Il coupe) C’est une obligation, on va le faire aussi. Et on l’aurait fait même si le club ne montait pas de toute façon. Aujourd’hui, on équipe tout Rodez. Dans les parkings de la ville, il y a actuellement 96 caméras. Place aux stades maintenant. Et pas que Paul-Lignon. C’est bien normal, car dans les stades, la priorité reste la sécurité des joueurs, des arbitres et du public.

Vous évoquez les parkings ; justement, pour la mise aux normes, il est nécessaire de mettre à disposition des joueurs et des officiels une zone de stationnement dédiée. Où sera-t-elle ?

Juste en dessous (derrière la maison du rugby, NDLR).

Et l’accès qui doit être sécurisé et lui aussi spécifique ?

On va faire une voie directe entre le parking et les vestiaires. Totalement grillagée. Il ne pourra pas y avoir de croisement.

Venons-en aux vestiaires. Il faut, a minima, doubler toutes les surfaces actuelles quand ce n’est pas la création pure et simple de l’espace qui est nécessaire, comme pour le local antidopage...

(Il coupe) Non. Car aujourd’hui, il y a quatre vestiaires, mais on n’en a besoin que de deux. Donc potentiellement, en mètres carrés, on dispose de la surface qu’il faut.

Mais au-delà des vestiaires joueurs, il y a aussi celui de l’arbitre, le local administratif, la salle médias, etc...

Mais on va le faire, oui. Et ça coûte environ 350 000 €.

Au niveau des délais, en cas de montée, les règlements disent que le club doit présenter une enceinte conforme au 30 juin. Pensez-vous pouvoir être dans les temps ?

On lance un marché public. On est en train de le préparer. Il sera clos en avril. Et les dates vont bien coïncider puisqu’on saura en avril si le club monte ou pas. Donc, on pourra adapter nos travaux. Alors, en cas de montée, on a prévu avec Michel et les services que les travaux seront finis entre la fin septembre et la fin octobre. Donc, s’ils montent, ils ne joueront pas sur le stade durant les deux premiers mois, c’est sûr et certain. Il faut acter les marchés publics et exécuter les travaux, quand même. Ils avaient qu’à nous dire il y a deux ans qu’ils monteraient deux fois consécutivement, on s’y serait pris plus tôt... Même s’ils ne sont pas encore montés, quand même.

Vous parlez de timing. Mais les archives de Centre Presse font état dès 2010 du projet de réaménagement. En 2011, vous aviez même reçu trois cabinets de conseils en ingénierie. Et en 2014, avant les élections municipales, vous aviez dit que « refaire la tribune Est, côté cathédrale [...] ça, c’est la priorité. » (nous y montrons le document). C’était il y a quatre ans et rien n’a bougé...

Rien n’a bougé parce que le club de rugby est limite. Eux, on est sûr qu’ils ne vont pas monter en D2. Le foot a failli descendre en CFA2 il y a deux ans, ils ont été sauvés par un concours de circonstances (sauvetage administratif, NDLR) et tant mieux pour eux. Ils montent et, éventuellement, ils montent encore. Là aussi, tant mieux, mais rien n’était prévu. Et depuis, les choses changent... Mais on va le faire, il n’y a pas de souci.

Certes, mais c’est en projet depuis 2010. Alors on peut légitimement se demander quels sont les éléments bloquant du dossier, non ?

Aujourd’hui, il y en a zéro ! Mais en 2010, je ne vais pas mettre 10 M€ sur un stade si le club joue en 4e division. C’est clair. En revanche, si j’avais anticipé qu’ils monteraient deux fois alors qu’ils étaient en train de descendre, j’aurais commencé l’année dernière. Ensuite, le club monte en National et dit peut-être cinquante fois, vous l’avez d’ailleurs écrit cinquante fois : « On joue le maintien ». Je vais donc anticiper 10 M€ alors que le club joue le maintien ? Non !

Dans cette optique de politique d’accompagnement plutôt que d’accélérateur par l’outil mis à disposition, est-ce que construire un stade hors de la ville...

(Il coupe) Non, il n’en est pas question, mais eux peuvent le faire s’ils veulent hors de Rodez. Mais nous, les élus de Rodez, nous voulons maintenir ce stade qui fait partie de l’histoire de Rodez. Ce n’est pas négociable.

Quitte à ce que cela coûte plus cher pour le mettre en conformité ?

Dans ce coin Ouest de Rodez, il y a le musée Soulages, le multiplexe, la salle des fêtes, le stade, les haras. On garde ce pole culturel et sportif. Mais je comprends que d’autres veulent faire un stade à l’extérieur. Il existe des stades privés.

Vous seriez ouvert à un partenariat public-privé ?

Les partenariats public-privé, ce sont des escroqueries pour les collectivités. Vous avez envie de perdre de l’argent : faites un partenariat public-privé. Moi maire, jamais il n’y en aura ! Tout ça, ce sont des concepts de communication. Mais derrière, c’est un gaspillage de l’argent public. La chambre nationale des comptes dit que tous les partenariats public-privé en France sont de mauvaises affaires pour la gestion publique. Nous, si on voulait faire un stade, on le ferait. On a les moyens de faire un stade. Mais il n’est pas question de le faire à l’extérieur de Rodez. Faites un sondage et je pense que 90 % des Ruthénois vous diront qu’il faut laisser le stade là où il est. Et j’ai, de plus, un contrat avec les citoyens ruthénois, qui m’ont élu, dans lequel je dis que je vais rénover le stade. (Il montre le document datant de 2014) Il y a marqué noir sur blanc : « Nous reconstruirons la tribune du stade Paul-Lignon côté cathédrale ». C’est un engagement et on le tiendra. Mais aujourd’hui, on est obligé de se mettre aux normes et ce n’était pas prévu. Personne ne l’avait prévu.

Du coup, en cas de non-accession, les travaux de mise en conformité pour jouer en L2 seront-ils malgré tout réalisés ?

On verra bien. Je ne peux pas répondre à cela. On verra en mai. Aujourd’hui, on se prépare à faire les travaux de rénovation. Il est bien évident que s’ils ne montent pas, on aura du temps. Et trois options : soit la rénovation, soit la réalisation de la tribune Est. Ou alors, comme certains le disent, la construction d’une nouvelle tribune Ouest en reculant (de 10 mètres vers les Haras, NDLR), solutionnant les travaux de vestiaires, les accès et le déplacement des poteaux. L’équipe doit jouer ailleurs pendant les travaux, ça va coûter 6 ou 7 M€ ; mais on aura alors une tribune parfaite.

Vous êtes donc partagé entre la raison et le cœur ; à savoir la raison de ne pas voir monter le club pour mieux faire les choses ou...

(Il coupe) Non, non. Je suis pour que l’on monte. À mon avis, il vaut mieux tenir qu’attendre. Et sur tous les sujets.

Mais ça coûtera plus cher.

Et ça ne fait rien. On n’a pas de problème financier sur ce dossier. Le problème que l’on a, c’est d’être juste dans ce que l’on fait. La ville a le devoir de répondre aux exigences de la montée. Mais s’il n’y a pas accession, elle a à se poser la question, avec le club - car on travaille très bien avec tout le monde au Raf, un club et des dirigeants qui font un très bon travail -, de savoir ce qu’on veut [...] Quoi qu’il en soit, il faudra faire quelque chose. Car, oui, on a attendu. Mais en l’état, on ne le peut plus. On a attendu car il y avait d’autres chantiers, d’autres priorités sociales, culturelles, etc. Mais là, on ne peut plus attendre et quels que soient les travaux, on va les engager en juin. On a les moyens de les faire sans emprunter.

En cas de montée, le club démarche actuellement d’autres municipalités pour louer leurs stades, notamment pendant les travaux...

(Il coupe) Ils ont raison, ce sont des professionnels.

Avez-vous une préférence ? Pourriez-vous appuyer une municipalité en particulier ?

Oui, Albi. Si on me demande, c’est Albi. J’appuierai à 100 % car nous sommes deux villes très liées. Sans parler de la proximité évidente.

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