Anniversaire de la mort d’Artaud : « Il a touché à tout avec énormément de talent »

  • Mireille Larrouy préside l’association depuis 20 ans.
    Mireille Larrouy préside l’association depuis 20 ans.
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Centre Presse / Philippe Routhe

Ne lui en déplaise, sans elle, Rodez aurait peut-être oublié qu’Antonin Artaud y a vécu une période décisive de sa vie. Celle de l’internement. « Il y a écrit sa première œuvre après six mois de silence. C’est lui qui le dit. »

Et c’est elle, Mireille Larrouy, qui le rappelle. Depuis 20 ans, elle préside l’association Rodez Antonin-Artaud. Toute sa vie fut en quelque sorte jalonnée par Artaud. « La première rencontre, c’est le livre le théâtre et son double. Et au même moment, il y avait les Journées poésie de Rodez, avec Jean Digot et Denys-Paul Bouloc. » Elle fait également connaissance de son neveu, Serge Malaussena, avec lequel s’est développée une belle amitié.

C’est avec Denys-Paul Bouloc, qui a côtoyé Artaud du temps de sa jeunesse, en l’accompagnant dans les ruelles de Rodez pour lui tenir compagnie à la demande du Dr Ferdières, avec le conteur du patrimoine Jean-Philippe Savignoni et également Jérôme Palis, qu’elle met sur pied cette association, qui trouve refuge à Société des lettres, alors sous la houlette de Robert Taussat. « C’était trois générations qui se retrouvaient réunies autour d’Artaud, je trouvais cela amusant », sourit Mireille Larrouy.

Humblement, elle raconte : « Nous avons de la chance. Artaud fédère des bonnes volontés désintéressées. » Ainsi ce week-end, à l’occasion du colloque autour d’Antonin Artaud, plusieurs spécialistes feront le déplacement, jusqu’au commissaire-priseur de la dernière vente massive d’objets appartenant à Artaud, qui s’est déroulée à Compiègne et à l’occasion de laquelle le Département a notamment acquis une photo d’Artaud prise à l’asile de Rodez, et un précieux manuscrit.

Pour Mireille Larrouy, il ne fait d’ailleurs aucun doute que la ville et le département ont aujourd’hui une carte à jouer autour de la médiatisation de l’œuvre d’Artaud. « À Marseille, il n’y a plus qu’un cimetière à l’abandon. À Ivry, la clinique où il se trouvait a été rasée...» Si bien qu’elle verrait bien une fondation Artaud voir le jour.

« Ce n’est pas à nous, association de la porter ; nous n’y parviendrions pas, même si nous pouvons contribuer grandement à l’alimenter. Mais il faudrait une synergie politique pour la réaliser, sous la forme d’une maison d’écrivain peut-être. En tout cas, une structure pérenne qui réunirait l’œuvre d’Artaud. »

Une maison dans laquelle, en tout cas, où Artaud l’acteur, côtoierait Artaud l’écrivain, et Artaud le portraitiste... « C’est d’ailleurs ce qui me plaît chez lui, cette polyvalence. Il a touché à tout avec énormément de talent. Mais voilà, il fut perpétuellement incompris. »

Aujourd’hui, plus que jamais, l’œuvre d’Artaud résonne à travers le monde. Séduit autant Patti Smith ou Johnny Depp, que des collectionneurs anonymes. Inspire des chercheurs, des artistes, des écrivains, des philosophes. En témoignent les invités présents au colloque autour d’Antonin Artaud qui se déroule ce week-end. Et concrétise une fois de plus ce que Mireille Larrouy a toujours cherché : « Qu’Artaud reste vivant à Rodez. Que les Ruthénois et les Aveyronnais s’emparent de lui. »

LE PROGRAMME

Samedi 3 mars : à 10 heures, aux Archives départementales, accueil des participants ; à 10 h 30, intervention de Jean-François Galliard, président du conseil départemental ; à 10 h 45, Histoire d’une acquisition, par Alain Venturini, directeur des archives départementales de l’Aveyron ; à 11 heures, Laurent Vignat, écrivain, présentera son dernier ouvrage, « Antonin Artaud, le visionnaire hurlant » ; à 11 h 45, projection de la vidéo Antonin Artaud, du génie et son double, en présence de son auteur, Georges Xuereb ; à 12 h 15, échange avec le public ; à 14 h 30, « Le portrait intime en peinture », par Axel Hémery, directeur du musée des Augustins à Toulouse ; à 15 h 30, « La notion d’œuvre » chez Antonin Artaud, conférence par Pierre Delain, docteur en philosophie ; de 16 h 30 à 17 heures, échange avec le public ; à 18 heures, vernissage de l’exposition Les 20 ans de l’association « Rodez Antonin-Artaud » et les 15 ans de l’Espace Antonin-Artaud, rétrospective, à l’espace Antonin-Artaud, chapelle Paraire ; à 21 heures, spectacle « Ceux qui avaient choisi », de Charlotte Delbo, par la compagnie stéphanoise Elektro Chok, aux Archives départementales (10 €).

Dimanche 4 mars : à 10 h 30, à La Menuiserie, lectures croisées des « Lettres de Rodez » d’Antonin Artaud, par Filippo de Dominicis et Théophile Choquet ; à 12 heures, buffet de clôture (5 €, inscription conseillée au 06 79 20 12 97).

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