Rodez. Les pompiers de l’hôpital en ont marre de faire la police

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  • Agents de « sécurité incendie », pas « punching-ball ».
    Agents de « sécurité incendie », pas « punching-ball ». Centre Presse - Mathieu Roualdès
Publié le
Mathieu Roualdés

Les neuf agents publics du service sécurité incendie de l’hôpital de Rodez sont en grève depuis cette semaine. Cette dernière pourrait s’éterniser, tant les revendications sont nombreuses.

L’hôpital français prend feu. Après la grogne et la grève des urgences, les mobilisations nationales de tous les services, les annonces du gouvernement peu satisfaisantes, voici venu le temps de la colère des agents sécurité et incendie ! Au centre hospitalier de Rodez, ils sont au nombre de neuf. à l’instar de plusieurs de leurs homologues dans l’Hexagone, ils sont en grève depuis mercredi. Et cela pourrait durer. " On ira jusqu’à Noël s’il le faut !", annoncent-ils. Car la liste des revendications est longue, très longue…

"On est en première ligne à chaque problème"

Tout d’abord, il y a le volet financier. Avec notamment la prime Buzyn, du nom de la ministre de la Santé, accordée cet été au personnel des urgences et s’élevant à 100 € net mensuel. Les agents sécurité incendie n’y ont pas droit. "Pourtant, on est en première ligne à chaque problème !", peste Michel Martinez, responsable FO de la section, sous sa veste rouge au liseré bleu dur. Ce constat, lui et ses collègues le font depuis des années. Et les exemples ne manquent pas. Cette semaine encore, ceux qu’on appelle "les pompiers" de l’hôpital ont dû jouer les policiers, bien loin de l’essence même de leur métier : rondes quotidiennes pour prévenir tout risque d’incendie, formation des 1 700 employés du CH, contrôles des équipements, etc.

Insultes, menaces, coups…

Cette fois, ils ont été appelés en urgence pour canaliser un homme menaçant envers le personnel et passablement énervé… En attendant l’arrivée de la police nationale, les deux agents s’en sont sortis avec "seulement une porte cassée". Mais il y a plusieurs mois, Michel Martinez, plus de 20 ans dans la maison, n’a pu éviter les coups d’un "patient". Au final, il s’est vu attribuer une quarantaine de jours d’ITT. Et on ne compte plus les insultes, menaces de mort et autres. "Ces incivilités, c’est quasi quotidien désormais ! On a même peur lorsqu’on se promène dans Rodez parfois", reconnaissent tous ces agents. Aujourd’hui, ils réclament "des formations et une reconnaissance du risque de notre métier. On n’est pas formé pour être des policiers !".

"On marche sur la tête"

Reste alors à trouver des solutions face à cette recrudescence d’incivilités au sein même des hôpitaux, qui ne date pas d’hier… Le centre hospitalier de Rodez doit-il embaucher des agents de sûreté, comme dans d’autres établissements ? Cela règlera-t-il le problème ? Les agents de sécurité incendie n’ont pas un avis tranché. "Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas continuer avec ce fonctionnement. Quoi qu’il en soit, on viendra toujours en aide au personnel car on ne peut pas laisser quelqu’un en danger mais aujourd’hui, on a de plus en peur qu’il arrive l’irréparable… Et en jouant continuellement les policiers, on en oublie également notre véritable mission. Et imaginez s’il y a un incendie un jour", confesse Léonard Naranjo, responsable CFDT. Comme ses collègues, de cette grève, "on n’en voulait pas forcément". "On préfère la discussion. Mais là, on ne peut plus accepter, on marche sur la tête et on a l’impression “qu’en haut”, on ne se rend pas compte de ce qu’il se passe sur le terrain !", ajoute l’équipe de neuf agents publics, épaulés et relayés par d’autres agents d’une société privée tous les jours. Une équipe plus que jamais désireuse d’éteindre l’incendie "avant qu’il ne soit trop tard"

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Comme le nombre de jours de grève lors de la dernière mobilisation des agents sécurité incendie de l’hôpital de Rodez. C’était il y a six ans.

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