Aubrac, plus vert que jamais

Vêtu de vert, l’homme n’est pas martien mais bien au contraire, profondément humain. C’est pour le partage, se nourrir de l’autre que Thierry Noguéro a ouvert en 2012 son écologîte Sarbonnel entre Saint-Chély et le hameau d’Aubrac, au-dessous du chemin de Saint-Jacques, au-dessus de la boralde. Il vient de publier un livre condensant quinze nouvelles, fruit du millier annuel de marcheurs (!) " On peut aimer tout le monde ", assure-t-il. Et d’ajouter son mantra tiré de l’écrivain Thoreau, auteur de la désobéissance civile : " L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir. " Sylvain Tesson venu passer un mois dans son gîte au cœur de l’hiver et Mathieu Ricard croisé chez Gallimard sont ses maîtres à penser, ses pistes de réflexion. Et à pied. Jusqu’au Népal même.

Il est déjà l’heure de repartir

Ce matin-là, un groupe de treize à la douzaine âgé de 18 à 21 ans, quitte son écologîte. Tous convaincus par les choix de Thierry. En descendant à Saint-Chély, le hasard qui n’existe définitivement pas, me conduit auprès de Jean-Louis Caitino qui me monte à Aubrac pour découvrir sa maison d’hôte "L’estive d’Aubrac". Un balcon sur le vert. Encore. Il est déjà l’heure de repartir. Pause à Saint-Chély. Son pont, son tronçon classé à l’Unesco. Ses nouveaux venus comme Fanny et Jérémy qui ont repris le camping et le gîte municipal. À leur arrivée, le couple avait dormi à l’écologîte. L’esprit du chemin, la boucle est bouclée. Et cette maxime écrite sur une maison : " Fais ce que tu voudras avoir fait quand tu mourras ".

Le coup

de pédale pour laver à la machine

Thierry n’est jamais à court d’idées. Il a fabriqué cette machine à laver qui fonctionne en pédalant. Sport et écologie vont de pair comme le corps et l’esprit. Dans sa réserve naturelle de dix hectares, il cultive avec sa compagne Annie Valadier en bio et permaculture, l’électricité est 100 % renouvelables, les eaux sales sont traitées par phyto-épuration, les toilettes sont sèches. Sa cabane dans les bois dispose d’un bain nordique, là même où Thierry et Sylvain Tesson ont refait le monde.

Petite pause sur le pont

Il y avait les chasseurs-cueilleurs. Sur le chemin de Saint-Jacques, on y trouve les marcheurs dormeurs près du pont médiéval des pèlerins classé à l’Unesco. Après la pause, une visite du village s’impose. Il n’y a pas que la Dômerie à Aubrac. Dans l’église Saint-Eloi de Saint-Chély, on peut voir des fragments d’un bas-relief du Christ et des apôtres qui furent exposés au musée du Louvre.

Le Graal de la crédencial

Un coup de tampon, une signature, et le marcheur repart avec sa crédencial. Auparavant Thierry a pris le temps d’échanger. Et son ouvrage qui paraît juste après le confinement, tombe à pic. "Les humains vont mal. Ils se sentent impuissant face à l’ampleur des dégâts causés face à l’énorme chantier de construction d’un nouveau monde. J’ai espoir, malgré tout." Tel est la fin de son après-propos. Et si le monde d’après était dans les actes de chacun ?

Sarbonnel, l’autre ermitage spirituel sur Compostelle

"Il y a des personnes que nous devons rencontrer sur la route et Thierry en fait partie. Merci de nous avoir accueillis quand nous pensions être perdus, merci de nous avoir donné de la force par ton rire, ta gentillesse et ta compréhension. Au sage qui sommeille en toi." Ces mots écrits par Julien sur le livre d’or, résument l’accueil à l’écologîte Sarbonnel. Des moments hors du temps, fraternels, appréciés par tous, à l’image des jeunes marcheurs immortalisés en photo.

Infos pratiques

L’écologîte de Thierry bien sûr, au 07 85 19 46 40 ou au 05 65 44 81 89. Son livre : "Compostelle de l’autre côté".

Point info tourisme de Saint-Chély au 05 65 44 21 15 qui propose tous les mardis et jeudis une visite guidée gratuite par une habitante à partir de 17 h devant l’office de tourisme.