Christine Pinet, une vie filée sur le rouet à La Couvertoirade

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  • Christiane file depuis 25 ans.C’est sa passion, sa méditation,son petit bonheur.
    Christiane file depuis 25 ans.C’est sa passion, sa méditation,son petit bonheur.
  • Il faut attendre le Xe siècle pour avoir le rouet. À l’époque de Léonard de Vinci, le rouet à pédale fait tourner le fuseau. L’ajout de la bobine permet de simultanément tordre et enrouler. Ce principe est encore utilisé dans l’industrie.
    Il faut attendre le Xe siècle pour avoir le rouet. À l’époque de Léonard de Vinci, le rouet à pédale fait tourner le fuseau. L’ajout de la bobine permet de simultanément tordre et enrouler. Ce principe est encore utilisé dans l’industrie.
  • Environ 10 000 ans avant Jésus-Christ, il n’y avait pas de moutons.En 4 000 ans, par sélection, à partir du mouflon, l’homme a créé le mouton. Le fuseau a été inventé 6 000 ans avant Jésus-Christ.
    Environ 10 000 ans avant Jésus-Christ, il n’y avait pas de moutons.En 4 000 ans, par sélection, à partir du mouflon, l’homme a créé le mouton. Le fuseau a été inventé 6 000 ans avant Jésus-Christ.
  • Un pull-over avec une laine filée main sera beaucoup plus chaud que filé de manière mécanique car elle n’est pas tordue de la même façon. Un pull-over avec une laine filée main sera beaucoup plus chaud que filé de manière mécanique car elle n’est pas tordue de la même façon.
    Un pull-over avec une laine filée main sera beaucoup plus chaud que filé de manière mécanique car elle n’est pas tordue de la même façon.
Publié le
Midi Libre

Christiane Pinet est arrivée par hasard sur le Larzac, en 1971. Elle s’est installée à La Couvertoirade où elle vit toujours passionnément entre filage, cardage, peignage… Et forcément, ça file droit.

Quand Christiane Pinet travaille sur son rouet, son petit monde file doux, tranquille, silencieux. Sous ses pieds, la pédale bat le tempo. Entre ses doigts, la laine échevelée se discipline et s’enroule sur le fuseau.

La tisserande de 85 ans ne dit pas un mot et, pourtant, elle n’a rien d’une taiseuse. Lancez-la sur le sujet de la laine et elle déroule le fil de ses 25 années de métier. "On ne gagne pas beaucoup de sous. Il faut compter six à huit heures pour faire une pelote de 50 g. Quand vous êtes déclaré artisan, vous faites faillite."

La messe est dite et Christiane ne se gêne pas pour ôter leurs illusions aux petits jeunes qui apprennent sous sa houlette. Car elle l’aime cette activité.

Toute l’année, elle communique sa passion et son savoir du filage, cardage, peignage, à ses stagiaires, pas plus de quatre à la fois, dans sa maison de La Couvertoirade.

Elle marche vers Paris avec les 103 paysans

Née à Saint-Quentin, grandie en Seine-et-Marne, puis à Reims, elle apprend à filer chez un tisserand. "J’ai atterri à La Couvertoirade. J’étais la seule artisane du village à l’époque." Les plus optimistes lui donnent trois ans. Cinquante ans plus tard, elle y vit toujours. Elle arrive sur le Larzac en avril 1971 : "Je rencontre par hasard Élisabeth Baillon, artiste et militante. Elle m’explique ce qui se passe, le projet d’extension du camp militaire, le combat des paysans…" Dans sa Deudeuche, Christiane emmène une éleveuse aux réunions et assemblées générales. "J’ai compris le rapport que les paysans avaient avec leur terre. J’ai toujours été choquée que l’on dise, il n’y a rien sur le Larzac. Il y a une vie tellement riche au contraire."

Christiane monte à Paris, au cul des tracteurs, avec les 103 paysans menacés d’expulsion. "Aujourd’hui, je n’ai plus la force d’avant mais j’ai toujours la pêche", sourit-elle.

Chaque lever du soleil la retrouve, le dos droit, concentrée sur son ouvrage, l’esprit libre. "Quand on file, on a l’impression que la fibre passe à travers votre corps pour aller vers l’extérieur. Il faut la laisser partir, si vous la retenez, si vous êtes fermé, contracté, avachi, alors elle sera tordue. La personne stressée devra apprendre à respirer, à laisser tomber les épaules. Filer vous oblige à être présent."

Ses toisons attendent leur heure à ses pieds. Brutes et douces à la fois. Directement tondues de la bête. "Je ne travaille qu’avec des moutons qui n’ont jamais été en bergerie. Ils sont toujours dehors, ne dorment pas dans leurs crottes. La pluie lave la laine. S’il fait froid, ils en fabriquent. Une toison me fait cinq kilos de laine. Elle a une qualité supérieure. Les fibres sont plus longues et beaucoup plus belles." Ses toisons miraculeuses poussent chez quelques particuliers : "Ils ont deux ou trois moutons sur leur terrain. Ce sont de très bons tondeurs." Christiane s’en retourne à son rouet, sa méditation à elle. "Les gens me disent souvent qu’ils filent un quart d’heure, en rentrant du travail, cela leur permet de se retrouver et tout va bien."

Contact au 05 65 62 17 92. Stages de quatre jours.

"J’ai toujours été choquée que l’on dise, il n’y a rien sur le Larzac. Il y a une vie tellement riche au contraire.

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