Bande dessinée : le Sévéragais Pascal Croci, dessine le délicat quotidien de l’anorexie

  • Mercredi, l’auteur Sévéragais a publié une bande dessinée atypique, de 1 000 pages sur le sujet de l’anorexie.
    Mercredi, l’auteur Sévéragais a publié une bande dessinée atypique, de 1 000 pages sur le sujet de l’anorexie. Centre Presse - G. R.
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Mercredi, l’auteur Sévéragais a publié une bande dessinée atypique, de 1 000 pages sur le sujet de l’anorexie.

C’est un livre qui ne laissera pas le lecteur indifférent. Parce que son sujet même ne peut que susciter l’émotion. L’auteur et dessinateur sévéragais Pascal Croci a sorti, mercredi en librairie, Anorexie, un ouvrage atypique, sur un sujet peu banal.

Si l’Aveyronnais a décidé de se lancer sur ce sujet, c’est qu’il a été confronté à cette maladie. "Une ancienne petite amie était anorexique, confit-il. J’ai aussi fait la rencontre d’une femme lors d’un salon du livre à Haudincourt (Doubs). Elle était très maigre et je pensais que c’était une professeure de français qui s’intéressait à mon livre sur Auschwitz. On a discuté plus de trois quarts d’heure ensemble. À la fin, je lui ai pris la main et je lui ai demandé qu’elle me fasse une promesse : ne pas se suicider. En retour, elle m’a demandé de lui promettre de ne pas l’oublier et de lui écrire."

Des scènes tirées d'une correspondance

Naît alors une correspondance épistolaire platonique entre eux deux. "Dans ces échanges, elle m’a avoué des choses qui se passaient dans des centres psychiatriques et comment elle le vivait", reprend-il. Ajoutez à cela des recherches poussées sur le sujet, et il est convaincu qu’il devrait faire un ouvrage sur le sujet. "J’ai demandé à cette femme la permission de mettre des éléments de ses lettres dans mes textes, lance-t-il, tout en douceur et avec beaucoup d’empathie. La première fois, elle m’a dit non. Quand on a ce genre de problèmes, on ne veut pas y être confronté, on veut l’oublier, comme on veut oublier ses propres amis, ses amoureux… On veut effacer le passé. Avec le temps, elle allait mieux et elle a finalement accepté."

Pascal Croci, se lance donc, dans son atelier au cœur de son appartement de Sévérac-d’Aveyron dans un projet qui a duré près de cinq ans. Il en tire un livre pour le moins original. Avec 1 000 pages, mais avec seulement celle de droite occupée, celle de gauche restant systématiquement blanche. "Je ne voulais pas d’interférence, lance-t-il. Je voulais que cette page permette au lecteur de se placer là comme un psy, les parents ou les proches face à une personne anorexique."

La page de droite, elle, est consacrée au quotidien d’une jeune femme malade. "Elle parle soit à ses parents, soit au psychiatre, reprend l’auteur. Elle revient en arrière, explique comment cela s’est passé. On y voit tout ce qu’il se passe autour de l’anorexie : le centre psy, la relation avec ses parents, les échanges avec le médecin, les relations avec le reste de la famille…"

Des rencontres avec un psychiatre

Pour nourrir son récit, Pascal Croci a également cherché à rencontrer d’autres malades. "Je ne me voyais pas appeler un hôpital pour voir des jeunes filles malades, consent-il. J’avais l’impression que c’était pervers et je pense que ça aurait été mal perçu par le monde médical. Alors c’est une collaboratrice des éditions Paquet qui a réussi à contacter une association suisse qui s’occupe des personnes boulimiques et anorexiques à Lausanne. Grâce à elle, avec les deux psychiatres de l’association, on a réussi à faire un dossier à l’intérieur du livre."

Un dessin au pinceau

Il en ressort un ouvrage qui ne ressemble à aucun autre. Un sentiment accentué par le trait et la manière de dessiner de Pascal Croci. En effet, celui-ci n’utilise pas d’ordinateur. Il travaille à l’ancienne. Aux pinceaux, et avec pas mal de couleurs. "C’est un choix délibéré, assure-t-il. J’aime le pinceau, j’aime mes couleurs et je n’ai pas fini d’apprendre avec ces couleurs. L’ordinateur donne un côté trafiqué. C’est plus contraignant, cela demande beaucoup plus de temps."

Une contrainte de plus pour l’auteur, mais aussi pour l’éditeur. Pascal Croci en est conscient et ne peut être que satisfait que Paquet se soit lancé dans un tirage de 3 000 exemplaires, qui sont donc en vente depuis le 20 octobre dernier. À 49 €, le coût d’un ouvrage si gros et si travaillé, l’auteur sait qu’il ne sera pas évident à vendre. Pour cela, il le défend partout où il va. Il a d’ailleurs pu récupérer des tomes en avant-première pour les présenter lors des différents salons de la rentrée. Et à chaque fois, les lecteurs ont accroché. Sans aucun doute touché par une œuvre hors du commun.

En dédicace à Rodez le 30 octobre

Pascal Croci sera en dédicaces à Rodez, samedi 30 octobre (de 11 h à 17 h), à la librairie Des Livres et des arts (13 place du Bourg). Roger Charpentier lui a en effet proposé de venir présenter son livre sur l’anorexie, mais de proposer (et de faire dédédicacer) les précédents ouvrages du dessinateur sévéragais.

En effet, avant Anorexie, il avait publié Auschwitz, écrit à base de témoignages d’anciens prisonniers des camps, ainsi que Cesium 137, un roman graphique qui relie entre eux les grands événements du XXe siècle (Oradour-sur-Glane, la Shoah, Hiroshima, Tchernobyl…). Mais Pascal Croci fait également des livres sur l’univers des vampires, plus traditionnels, avec notamment une œuvre sur Dracula.

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