Aveyron : des années de boulot et de vie des salariés de Sam « jetées comme un mouchoir »

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  • Les salariés de Sam ont brûlé symboliquement leur carte d’électeur, ce mercredi devant l’usine, où un mur de photos avec leurs réactions à la probable fermeture de l’usine a été installé.
    Les salariés de Sam ont brûlé symboliquement leur carte d’électeur, ce mercredi devant l’usine, où un mur de photos avec leurs réactions à la probable fermeture de l’usine a été installé. José A. Torres - José A. Torres
  • Les salariés de Sam ont brûlé symboliquement leur carte d’électeur, ce mercredi devant l’usine, où un mur de photos avec leurs réactions à la probable fermeture de l’usine a été installé.
    Les salariés de Sam ont brûlé symboliquement leur carte d’électeur, ce mercredi devant l’usine, où un mur de photos avec leurs réactions à la probable fermeture de l’usine a été installé. José A. Torres
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Mathieu Roualdés

Au lendemain de l’annonce de Renault de ne pas suivre l’unique repreneur Patrick Bellity, les 333 salariés de la fonderie aveyronnaise se sont retrouvés ce mercredi dans les locaux de la fonderie de Viviez, entre tristesse et colère. 

 

Jusqu’alors, ils étaient souvent réduits à de vulgaires chiffres. Mercredi, ils sont devenus des visages, affichés sur les grilles de leur usine, zone des Prades à Viviez. Il y a Laura, six ans chez Sam, « enceinte et bientôt sans emploi ! ». Il y a Cathy et Nine, 32 ans chez Sam pour elle, 35 pour lui, « 67 ans en tout de notre vie investie pour ça ». Il y a Yvon aussi, à trois mois de la retraite après avoir écrit « le livre d’une vie professionnelle à Sam pour une fin frustrante ». Puis, il y a Lilian, « 32 ans de boîte et d’une vie jetée comme un vulgaire mouchoir ».

Ils brûlent leur carte d’électeur

Ils sont 333 en tout à travailler encore pour la fonderie, dernier fleuron de l’industrie dans le bassin decazevillois où l’histoire semble se répéter et s’acharner après la fermeture des mines, de la sidérurgie, de la maternité… Ce mercredi matin, tous ces salariés s’étaient une nouvelle fois donné rendez-vous à l’usine, leur « deuxième maison ». Après une nuit « cauchemardesque ». « Et il y en aura d’autres », souffle Marie-Thérèse, agent de production, les larmes aux yeux. Avec ses camarades, elle a symboliquement brûlé sa carte d’électeur devant l’entrée de l’usine. Il était midi et la tristesse avait laissé sa place à la colère. « On nous traite comme des chiens », « merci Macron pour le cadeau de Noël », « De Gaulle, lui, il aurait eu les c… de dire à Renault de nous aider ! », pouvait-on entendre dans les rangs des salariés. Cette colère, qui n’a cessé de monter depuis le début de la lutte, s’est ensuite exprimée par la voix des représentants syndicaux, le couple Gistau et Sébastien Lallier. « Et n’allez pas dire comme l’extrême droite que c’est de la faute de la CGT si nous en sommes là ! Ils ne nous diviseront pas, jamais », préviennent plusieurs salariés.

Sébastien Lallier : « Laissez-nous jusqu’à mars 2022 »

Pour Ghislaine Gistau, il n’y a pas d’autres mots que « scandaleux ». Comme la plupart de ses collègues, elle a appris la décision de Renault de ne pas suivre l’unique repreneur Patrick Bellity, via la presse mardi soir. « Ça prouve le mépris de ce donneur d’ordres pour nous tous et le territoire », lance-t-elle avant de se demander, en réponse à la déclaration dans la matinée du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, « qui est le président de ce pays ? ». « L’État ne fait que répéter les éléments de langage de Renault. J’en conclus donc que Jean-Dominique Senard (président du groupe Renault) est Président et Luca De Meo (directeur général), Premier ministre ».
« Ce gouvernement est schizophrène. Il y a quelques jours, il soutenait le projet de Patrick Bellity et y accordait des subventions puis aujourd’hui il vient de dire qu’il n’est pas pérenne ! », s’énerve pour sa part Sébastien Lallier. En début d’après-midi, le leader syndical a demandé un délai jusqu’à mars 2022 pour « trouver d’autres industriels puisqu’ils ne veulent pas travailler avec M. Bellity ». En attendant, son camarade David Gistau l’a affirmé : « Nous ne lâcherons rien. Nous, on peut se regarder dans une glace. Nous sommes dans un pays où on ostracise les gens qui ne veulent pas travailler. Nous, on demande seulement cela et on nous l’enlève. S’ils vont au bout, il n’y aura ni justice, ni pardon, ni excuses. Chacun devra payer comptant ses agissements. »
En fin de journée, trois fondeurs, dans des costumes d’astronaute, ont brûlé un « moule » servant à fabriquer des pièces dans la cour de l’usine, sous le regard hagard des employés. Dans un silence de cathédrale, certains n’ont pu retenir leurs larmes. « Tout ça pour ça, c’est un sacré symbole. Merci Renault. »

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