Football - Aveyron : un contrôle trop aléatoire des pass ?

Le match de coupe de l'Aveyron U15 Saint-Affrique - Druelle (2-1) "n'aurait pas dû se tenir" au vu de la présence de quatre joueurs sans pass sanitaire, estiment de nombreux entraîneurs et dirigeants aveyronnais. Mais est-ce un cas isolé dans le département ? "Un délégué m'a dit que même en seniors, ça dépendait des endroits, confie un bénévole du club d'Onet. Parfois, les personnes inscrites sur la feuille sont contrôlées, parfois pas du tout."

Le coprésident et responsable des moins de quinze ans de Luc-Primaube Thierry Olier confirme : "Des arbitres vérifient et d'autres n'en parlent même pas. On voit ça dans toutes les catégories." "C'est à eux de prendre leurs responsabilités en demandant à voir les pass des adversaires car nous ne sommes pas là pour ça", abonde Jérémy Delpoux, responsable des U15 de Baraqueville.

Des déclarations qui font bondir le président de la commission départementale d'arbitrage, Benoît Routhe : "Le règlement stipule que le référent Covid du club hôte doit contrôler les documents sanitaires du directeur du jeu, des dirigeants et des joueurs. Notre seul rôle dans ce protocole est d'interdire à un élément ne disposant pas du pass (vaccinal pour les majeurs, sanitaire pour les mineurs) de participer à la partie."

Ce que n'a pas fait Ammar Dekiche, le superviseur du jeune au sifflet samedi dans le Sud-Aveyron, en laissant jouer en connaissance de cause quatre Saint-Affricains dans ce cas. "Au regard de son expérience, ce n'est pas normal." L'éducatrice de ces U15 Brigitte Combes est, elle, en faute depuis le début. "Avec les autres équipes, on n’a jamais contrôlé, avoue l'encadrante. En tant que bénévole, si on passait notre temps à faire ça..."

"Le protocole devrait être plus clair"

Son homologue de Laissac Francis Verlaguet prolonge : "Nous ne sommes ni gendarmes, ni toubibs, alors on ne se sent pas l'autorité de contrôler des pass sanitaires." "On se fait confiance entre adversaires car on a quand même environ quinze petits à notre charge, souligne Rodrigue Poaty, coach des Castonétois dans la même catégorie. On part du principe que les staffs et les jeunes des autres formations sont vaccinés ou testés, comme les nôtres, parce que si ce n'est pas le cas, ils mettent tout le monde en danger."

L'entraîneur des moins de quinze ans de Rignac Stéphan Chauzy ajoute : "Pour que nos contrôles soient vraiment fiables, il faudrait que tout le monde montre sa carte d'identité. Car on n'a aucun moyen de vérifier si l'attestation est conforme. Mais là, on touche à un domaine..." "Quand l'arbitre examine les licences, chaque représentant des deux équipes peut venir regarder si le nom, l'âge, le numéro... correspondent", rétorque Benoît Routhe.

Mais comme l'indique Thierry Olier, ce n'est pas aussi simple : "C'est au référent Covid de le faire, mais quand on a plusieurs matches en même temps à domicile et qu'il est en plus entraîneur (comme lui)... On ne peut pas se démultiplier. Le protocole des instances devrait être plus clair. En plus, il y a une aberration : aucun pass n'est requis pour le sport scolaire alors que les gamins doivent en avoir un pour jouer en club..."

Sauf que le district de l'Aveyron rappelle par la voix de son président Pierre Bourdet qu'il est soumis, comme les autres, aux textes fédéraux. "Les clubs doivent absolument vérifier les pass sanitaires pour que l’on puisse enfin sortir de cette situation." "Il ne faut pas leur jeter la pierre car en dehors du département, et dans des gros clubs, je n'ai pas non plus été contrôlé, conclut Benoît Routhe. J'espère que ce sera la dernière saison comme ça parce qu'on est dans une vraie usine à gaz."