De Cassuéjouls à Paris, Valérie Besombes a les quilles de huit dans le sang

Abonnés
  • Le 4 août 2019, au complexe du Trauc, Valérie Besombes ne savait pas encore qu’elle remporterait, avec  le maillot  de la SA Paris, son neuvième titre de championne de France individuel, à Magrin, une semaine plus tard.	Jean-Louis Bories
    Le 4 août 2019, au complexe du Trauc, Valérie Besombes ne savait pas encore qu’elle remporterait, avec le maillot de la SA Paris, son neuvième titre de championne de France individuel, à Magrin, une semaine plus tard. Jean-Louis Bories
Publié le
Margot Pougenq

La Parisienne de 44 ans, déjà auréolée de neuf titres de championne de France individuelle, sera de la partie, dimanche, à Saint-Amans-des-Côts, pour, peut-être, aller chercher un nouveau sacre.

Un terrain de foot, un café emblématique et entre les deux, une poignée de terrains de quilles de huit. À Cassuéjouls, sur la route entre Laguiole et Huparlac, l’âme qui animait le centre des petits villages au siècle dernier est encore perceptible. C’est d’ailleurs là, à la terrasse de Chez Colette, que Valérie Besombes est assise. "J’ai commencé sur ce terrain, se remémore-t-elle, se retournant pour l’observer. Ce sont Éric Batut et mon grand-père qui m’ont appris, en 1985 ou 1986. J’avais environ 8 ans." Et c’est une histoire de famille, car en plus de son grand-père, sa sœur, sa mère, son oncle et son cousin ont aussi joué.

À cette époque, les féminines commençaient tout juste à disputer le championnat de France individuel (Marie-Thérèse Berthier, première championne, en 1983). Et la Nord-Aveyronnaise, qui a quitté l’Aveyron pour Paris au début des années 2000, ne savait pas encore qu’elle le gagnerait au moins neuf fois. La menant ainsi à la tête du classement féminin de l’As des as en 2015, lorsqu’elle est passée devant une autre figure historique de la discipline, Nadine Bruel (cinq fois championne de France). Ce classement, dont les points se gagnent sur les podiums des "France" individuels, récompense autant l’excellence que la régularité.

Le sport dans la peau

"J’ai toujours été sportive", ajoute-t-elle. Au quotidien, elle touche aussi à ce domaine car, en tant qu’éducatrice, elle met en place des activités sportives pour les enfants des Hauts-de-Seine (92) qui ne partent pas en vacances l’été et le reste de l’année. Et championne, la native de Cassuéjouls l’est aux quilles, mais elle l’a aussi été au rugby. Elle a été détectée, "un peu trop tard, quand j’avais une trentaine d’années", remarque celle qui a joué sous les couleurs du Stade français. "Le rugby a vraiment changé ma manière de jouer aux quilles, physiquement. Après avoir commencé, j’ai joué plus en puissance." Cela fait d’ailleurs plus de vingt ans que la Parisienne tape du quillou avec une boule pleine que lui a offert son grand-père alors qu’elle était petite.

Cette pièce de bois la ramène encore plus à ses racines car elle a été façonnée par René Pastissier, père de Colette, cœur du village de Cassuéjouls. Depuis 2021, la sportive s’est éloignée du rugby. "J’ai arrêté pour me préserver. Maintenant je fais du rugby à V, sans plaquage", détaille Valérie Besombes, qui a senti une petite baisse de forme sur les derniers championnats de France. "Au Trauc (championnat de France par équipes, 31 juillet 2021), pensant ne pas être dans le coup, on était prêtes à rentrer se coucher, avec Joëlle, quand on nous a dit qu’on avait fini troisièmes ex æquo et qu’on devait rester pour le podium", s’étonne la quilleuse. Mais il faut dire que ni la pluie, ni leur départ à 2 heures du matin de Paris le jour même, ni les conditions d’entraînements dues à la pandémie le reste de l’année ne les avaient aidées.

"On a déjà dû faire du jardinage"

Car à Paris, les entraînements sont moins évidents à orchestrer qu’en Aveyron. "Il faut aller au terrain de Saint-Cloud, trouver une place, payer pour se garer." Tout un remue-ménage pour taper quelques quilles en semaine. D’autant que ce ne sont pas les mêmes terrains qu’à la maison mère. "C’est nous (la Solidarité aveyronnaise de Paris) qui nous occupons du terrain, alors on a déjà dû faire du jardinage au terrain et désherber, se souvient Valérie Besombes, notamment après le confinement." Mais le championnat et la coupe de Paris sont l’occasion pour les expatriés et descendants d’Aveyronnais de se retrouver le temps de huit manches, avant de rentrer au pays.

Et si la discipline a été codifiée à la capitale et que cette dernière a longtemps été son fief, les places se sont inversées. "Les quilles de huit ont une dimension beaucoup plus forte en Aveyron. à Paris, c’est différent, mais on (les licenciés de la S.A. Paris) s’est vraiment tous rapprochés après la mort d’Alexandre (Guibert, en 2013, alors âgé de 16 ans, NDLR)", précise l’As des as.

Elle sourit lorsqu’elle évoque le fait que les Valenq ou encore les Guibert entourent et portent son fils, Gabin, qui a fait ses débuts sur grand terrain cette saison. Le jeune Parisien est qualifié aux deux championnats de France, comme sa mère. Le 7 août, Valérie tentera d’aller chercher, au Trauc, un quatrième titre national par équipes avec Eloïse Mas. Car sa sœur cadette, et coéquipière, Joëlle, s’est blessée. Et elle sera de la partie dimanche prochain à Saint-Amans-des-Côts, pour les « France » individuels.

Inspiration

L’occasion de ramener un autre titre. Car la Parisienne est compétitrice. "Tant que je peux, j’essaie de tout donner, mais je ne suis pas du tout mauvaise perdante, souligne-t-elle. Je suis imbattable au mental. Seulement, je ne veux pas être en tête le matin (du championnat de France), pour ne pas avoir la pression". Il faut quand même dire que Valérie Besombes bat des records en termes de récompenses et de longévité, ne serait-ce qu’individuellement : neuf titres de championne de France senior (1995, 1996, 1997 avec Cassuéjouls, 2005, 2013, 2014, 2015, 2017 et 2019 avec Paris) et quatre chez les adolescentes (1991, 1992, 1993 et 1994). Ainsi qu’un record de France à Magrin en 2019 : 321 quilles en six parties, dépassant le record de 317 qu’elle détenait déjà.

Un palmarès qui a de quoi inspirer les petits comme les grands. Depuis plusieurs saisons, l’As des as partage les terrains avec des joueuses aussi talentueuses que jeunes, qui l’ont vu enchaîner les titres avant même de prendre leur premier élan. "J’hallucine d’être encore dans la course !", s’exclame-t-elle, se remémorant Roxane Delpoux (Le Piboul) la blaguer sur son âge, une paire d’années plus tôt. "Elle pourrait être ma fille", insiste Valérie. Mais avant que Marion Béteille (Luc), Alizée Aldebert (Huparlac), Roxane Delpoux, et toutes les jeunes féminines ne la rejoignent en haut du classement de l’As des as, Valérie Besombes va encore faire tomber beaucoup de quilles. Dès dimanche prochain.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?