Aveyron : Charles et Mouysset à Rodez, une histoire de famille et de savoir-faire

"Nos ancêtres travaillaient le bois, sciaient des planches et faisaient des travaux de menuiserie dès 1900, raconte Hugues Mouysset. Si elle a été fondée à Bouillac, dans le bassin de Decazeville, avant la Seconde guerre mondiale, le véritable début de l’entreprise remonte à 1957, lorsqu’ils se sont lancés dans la fabrication et l’utilisation de bois lamellé-collé. À cette époque, ils faisaient partie des précurseurs français. Le premier chantier a été l’école maternelle de Saint-Martin-de-Bouillac et elle est toujours debout ! »

Célèbres halls Charles de Rodez

Il faut dire que les fondateurs – Jean-Pierre, le père de Hugues, et Christian, papa de Thibault et Matthieu – étaient tous deux charpentiers compagnons du devoir. De solides bases de formation qui leur ont permis de produire de beaux ouvrages comme l’église d’Onet-le-Château, dont la remarquable charpente en nid d’abeille et pièces cintrées est inscrite à l’inventaire des monuments historiques, ou les halls Charles, construits en 1965 et qui ont trôné pendant plus de cinquante ans sur l’esplanade du foirail de Rodez, avant de laisser place au musée Soulages. Construits pour une foire-exposition, ces derniers devaient être démontés à la fin de l’événement, mais comme la Tour Eiffel qui devait être démontée après l’Exposition universelle de 1889 à Paris, ils sont finalement restés. « Ils n’avaient pas été étudiés pour supporter le poids de la neige mais ils ont tenu bon toutes ces années, parce que nos pères avaient l’amour du travail bien fait », souligne Hugues Mouysset.

Autre étape importante dans l’histoire de Charles & Mouysset : le déménagement dans la zone de Bel-Air, à l’entrée de Rodez, en 1988. L’entreprise s’y trouve toujours et compte plusieurs pôles d’activités. Un bureau d’études intégré qui s’occupe du chiffrage, des calculs et des plans d’exécution, et est pour cela doté des derniers logiciels de modélisation 3D permettant un rendu photo réaliste ; une unité de production de 8.500m² pour réaliser l’aboutage et le collage des bois ; un atelier de serrurerie pour la réalisation des ferrures métalliques d’assemblage et poteaux métalliques pour structures mixtes bois/métal ; deux centres d’usinage à commande numérique équipés pour la taille complexe d’éléments bois (perçages, coupes, etc.). « Nous avons été avant-gardistes et disposons de machines et d’outils très perfectionnés qui nous permettent d’écouler plus de 3.000m³ de charpentes par an, souligne Hugues Mouysset. Nous intervenons pour tout type de bâtiment : publics, privés, industriels, commerciaux, agricoles, sportifs, ouvrages d’arts… Nous proposons également la fourniture de lamellé-collé, contre-collé, dalles de planchers bois, etc. pour les professionnels et particuliers. »

Utilisation de bois français

Certifiée Acerbois Glulam et Qualibat, Charles & Mouysset utilise de l’épicéa (bois du nord blanc), du pin sylvestre (bois du nord rouge autoclave) et du douglas (essentiellement de pays) pour lesquels elle se fournit dans le Massif Central, mais aussi mélèze, chêne et divers autres bois comme par exemple l’exotique iroko. « Le lamellé-collé est issu de l’aboutage (assemblage des extrémités) et du collage de lamelles de bois entre elles. Le fil de ces dernières est généralement respecté et parallèle. C’est un matériau au fort potentiel structurel et architectural, essentiellement utilisé en charpente. On le retrouve dans divers ouvrages nécessitant résistance mécanique, portée remarquable et originalité de forme car il peut se cintrer, explique Hugues Mouysset. En plus d’être léger, le bois est un très bon matériau en termes de pollution et de bilan carbone. »