Assises de l'Aveyron : sexe et argent au cœur du meurtre sanglant de Villefranche-de-Rouergue

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  • Me Cédric Galandrin, avocat de "Constantin", et Me Renaud Angles, conseil de "Dancso".
    Me Cédric Galandrin, avocat de "Constantin", et Me Renaud Angles, conseil de "Dancso".
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Deux ressortissants roumains, un beau-père et son gendre, comparaissent devant la cour d’assises de l’Aveyron pour le meurtre de Bernard Foursac, à Villefranche-de-Rouergue en 2019. L’un d’eux a reconnu sa culpabilité au terme de la première journée de débats. Verdict attendu lundi.

Nuit du 21 au 22 juillet 2019, à Villefranche-de-Rouergue. À 3 h 47, le corps de Bernard Foursac, 67 ans, est retrouvé sans vie dans son appartement du centre-ville. L’homme est sur son lit, presque déshabillé. Son visage est tuméfié, son corps martyrisé. Pas de doute, c’est une scène de crime.

Elle est particulièrement sanglante. Sur les lieux, deux personnes sont immédiatement interpellées. Un voisin les désigne comme coupables. Il s’agit de Émil Darius Dancso, un jeune Roumain né en 1996, et de son beau-père, Constantin Rostas, de dix-huit ans son aîné.

Depuis jeudi 16 février 2023, les deux hommes comparaissent devant la cour d’assises de l’Aveyron. Ils doivent répondre du meurtre, mais également d’actes de torture. On parle de coups de poing, de pieds, de coups de couteau, d’une strangulation, d’un écrasement du torse… La liste de l’horreur est longue. S’y ajoute le vol d’effets personnels : carte bancaire, montres, chevalière.

Aux origines de la "rage"

Les jurés se pencheront sur ce huis clos d’une rare violence ce vendredi 17 février. En attendant, ils ont tenté de comprendre l’origine d’une telle "rage", comme l’ont qualifié les premiers experts appelés à la barre… Et qui contraste avec le sourire affiché par le plus jeune des accusés lors de son entrée dans le box, hier.

Lui, c’est "Dancso". Une allure de sportif, une coupe de cheveux de footballeur. Il ne tient pas en place. En juillet 2019, il venait tout juste d’arriver en France, assure-t-il, aidé d’une traductrice. Il était venu rejoindre sa compagne, l’aînée des filles de son beau-père.

Lui, c’est "Constantin". Un homme râblé, au visage tout aussi fermé que marqué. Il est arrivé sur le territoire national dans les années 2000 et a enchaîné les allers-retours avec son pays d’origine. Tous deux appartiennent à la communauté tzigane, ou "rom". Depuis plus de trois ans, ils se renvoient la balle sur leurs responsabilités. Leurs versions n’ont cessé de changer. Et il est bien difficile d’y voir clair…

Prostitution, fellations…

Toujours est-il que ce 21 juillet 2019, ils quittent leur logement social de Bagnac-sur-Célé pour rejoindre Villefranche-de-Rouergue. Ils viennent y faire la manche. En fin de journée, vers 19 heures, ils sont invités par Bernard Foursac. Le sexagénaire, père d’un enfant, a l’habitude de recevoir "des âmes en peine" chez lui. Un apéritif est servi, avec un voisin. Dans la soirée, ce dernier s’éclipse. Les deux Roumains se retrouvent seuls avec Bernard Foursac.

Que se passe-t-il alors ? Pourquoi la soirée vire-t-elle au drame ? Pour les deux accusés, c’est une histoire de relations sexuelles. Selon le plus jeune, la victime aurait prodigué trois fellations à son beau-père durant la soirée… "Il prostituait ses filles et se prostituait aussi. Il avait déjà eu des relations avec M. Foursac", dévoile-t-il.

Le déchaînement de violences qui suit ? Il serait dû à un manque de rémunération de ces actes de la part de la victime… "Ils étaient dans la chambre, je n’y ai pas participé", avait encore assuré le jeune homme, devant la juge d’instruction. Il doit être interrogé sur cette soirée sanglante ce vendredi.

"Oui, j'ai frappé"

Jeudi 16 février, c’était au tour de son beau-père, qui a longtemps assuré s’être endormi sous l’effet de l’alcool lors de la nuit tragique – plus d’1 gramme d’alcool relevé dans son sang au lendemain des faits.

Cette fois, changement de version. Pris par l’enchaînement des questions de son conseil, Me Cédric Galandrin, il finit par lâcher : "Oui, j’ai une responsabilité, oui j’ai frappé". Mais "non, j’ai refusé les avances de M. Foursac. Mon gendre, lui, a accepté une fellation. Ils étaient dans le lit ensemble. Puis, il a commencé à le frapper, à le frapper. J’ai donné des coups aussi. Mais s’il n’avait pas fait ces choses-là, on ne serait pas ici…"

Un expert psychiatre appelé à la barre

Interrogé sur son homosexualité, ce père de six enfants a nié. Un expert psychiatre, appelé à la barre, a pourtant évoqué "des déviances sexuelles" chez lui. "J’ai l’hypothèse qu’il est passé de victime à coupable : il a certainement été victime d’inceste dans son enfance. Il n’en parlera jamais et cela l’a déshumanisé", analyse-t-il.

Avant d’aller plus loin : "Lorsqu’on s’acharne sur un corps comme cela, ce n’est pas un vol crapuleux. Ce n’est pas une rixe sous fond d’alcool. C’est une question bien plus intime. Pour moi, le fait de ne pas avoir la contrepartie financière attendue après les fellations, ça explique cette rage…" En quelques mots, l’expert vient d’attribuer la responsabilité du crime au beau-père "qui avait une emprise sur son gendre". Les aveux en fin de journée n’ont ainsi pas procuré les fameux frissons d’assises…

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