Meurtre de Villefranche : les deux auteurs condamnés à 25 et 20 ans de réclusion criminelle

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  • Me Renaud Angleset Me Cédric Galandrin,avocats de la défense durantles trois jours de procès.
    Me Renaud Angleset Me Cédric Galandrin,avocats de la défense durantles trois jours de procès.
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Mathieu Roualdés

Le plus jeune des accusés, seul à nier, a écopé de cinq années de réclusion criminelle supplémentaires que son beau-père. Les deux Roumains, condamnés pour le meurtre de Bernard Foursac, à Villefranche-de-Rouergue, en 2019, auront également interdiction de paraître en France à leur sortie de détention.

Le verdict est tombé dans la soirée, peu après 20 heures. Pour le meurtre de Bernard Foursac, en 2019 à Villefranche-de-Rouergue, Constantin Rostas est condamné à 20 ans. Au premier jour du procès, jeudi dernier, ce quadragénaire avait reconnu pour la première fois "une responsabilité" dans les faits. Son gendre, Emil Darius Dancso, écope, lui, de 25 ans. Arrivé avec le sourire dans le box, il n’a cessé de nier, livrant des versions peu crédibles tout en agaçant par son comportement… Les jurés en ont semble-t-il tenu compte. Ces six citoyens, tirés au sort, juges d’un jour, ont plongé une nouvelle fois dans l’horreur de cette affaire, ce lundi lors de la troisième et dernière journée de débats. Jusqu’à pénétrer sur la scène de crime, grâce à une visite virtuelle effectuée par l’identification criminelle de la gendarmerie de Rodez et diffusée sur les écrans de la cour.

On entre dans un petit appartement, d’une trentaine de mètres carrés. Sombre. Une petite table dans le salon : dessus, des cigarettes et des verres, l’un encore rempli d’une boisson anisée. Signe qu’un apéritif vient de s’y dérouler. Bernard Foursac, 67 ans, avait l’habitude d’inviter. À Villefranche-de-Rouergue, tout le monde connaissait ce retraité d’à peine soixante kilos, qui promenait régulièrement son chien… On connaissait aussi et surtout sa générosité. Malgré une petite retraite d’artificier, il n’hésitait pas à offrir son toit aux plus démunis. "On ne peut pas les laisser dormir dehors avec ce froid", disait-il souvent. Ce 21 juillet 2019, en début de soirée, ce sont Constantin Rostas et Emil Darius Dancso, venus du Lot voisin pour faire la manche, qui s’invitent chez le retraité. Un voisin est présent aussi. Il partira vers 21 heures. Avant d’être réveillé, au milieu de la nuit, vers 3 h 30, par les deux Roumains, appartenant à la communauté "rom". Le corps sans vie de Bernard Foursac gît sur son lit, dans une chambre exiguë. Il y a du sang partout, sur les murs, au sol… Signe d’une violence rare. Elle l’est. Le rapport des lésions, plaies, traumatismes et autres, réalisé par un médecin légiste, est long de sept pages ! "Une liste à la Prévert des souffrances. Il a été massacré et a agonisé selon les expertises entre 30 minutes et 3 heures. Vous imaginez ?", a plaidé Me Mathieu Montfort, conseil du fils unique de la victime, hier.

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La question du mobile

Reste une question, à laquelle les trois jours de procès n’ont pas véritablement permis de répondre : pourquoi un tel déchaînement de violences de la part de Constantin Rostas, arrivé en France dans les années 2000 et inconnu des services de justice, et de son gendre Emil Darius Dancso, arrivé pour sa part quelques mois avant le drame sur le territoire national ? Chacun a son hypothèse. Le vol crapuleux a longtemps été évoqué, des effets personnels de la victime ayant été retrouvés dans un sac appartenant aux accusés. Jeudi, le Dr Aiguevives, expert psychiatre, a écarté cette piste devant la cour : "Lorsqu’on s’acharne sur un corps comme cela, ce n’est pas un vol crapuleux. Ce n’est pas une rixe sous fond d’alcool. C’est bien plus intime." L’intime, il en a été beaucoup question durant ce procès. On a longtemps parlé de l’homosexualité de Bernard Foursac. Les accusés ont expliqué qu’il leur avait des avances le soir des faits. Est-ce la raison d’une telle violence ? "Quand j’ai évoqué cette piste avec M. Dancso lors de sa garde à vue, c’était un tigre. S’il n’était pas menotté, il s’en serait pris à tout le monde. J’ai senti que j’avais touché un point faible…", a confié un enquêteur, ce lundi.

Les avocats de la défense, Me Renaud Angles et Me Cédric Galandrin, ont également privilégié cette hypothèse dans leurs plaidoiries. "C’est gênant, mais c’est le cœur du dossier. Cette rage ne peut y être qu’associée", a expliqué le premier, pour qui "l’intention de tuer n’est pas prouvée. S’ils avaient prévu leur coup, ils auraient pris la fuite et ils seraient aujourd’hui en Roumanie…" Même son de cloche du côté de son confrère : "Face à cette question intime, ils ont perdu le contrôle. Ils se sont déchaînés jusqu’à se rendre compte que M. Foursac ne respirait plus…"

"Les éléments matériels ne trompent pas"

Les jurés n’ont pas suivi ses explications : ils ont retenu l’intention de tuer. Et surtout, ils ont sanctionné la version du plus jeune accusé, qui avait juré n’avoir donné aucun coup et être resté sur le canapé, dans le salon, pendant que la scène de violences se déroulait dans la chambre… La visite virtuelle de l’appartement, diffusée hier, a dit le contraire. "Ne vous laissez pas berner par ces sirènes de l’innocence, les éléments matériels ne trompent pas", avait lancé aux jurés l’avocate générale, Esther Paillette, lors de ses réquisitions. Elle avait demandé 25 ans de réclusion, avec l’interdiction définitive du territoire français, pour les deux accusés. Elle a été entendue sur ce dernier point : à leur sortie de prison, Emil Darius Dancso ainsi que Constantin Rostas devront regagner la Roumanie. Et ne plus paraître en France. "C’est justice", a-t-on simplement entendu dans les rangs de la famille de la victime. Exténuée et éprouvée par ces trois jours de procès. Et ce bal funeste des menteurs… Ils ont désormais dix jours pour interjeter appel de la décision.

"Nous n’accepterons jamais"

Tout au long du procès, ils sont restés silencieux, d’un côté de la salle du palais de justice. Ils, ce sont les sœurs, frères, neveux, nièces et fils de Bernard Foursac. Hier matin, c’est une nièce qui a pris la parole à la barre "pour toute la famille". "Vous lui avez ôté la vie dans d’atroces souffrances, nous n’accepterons jamais", a-t-elle témoigné, en rappelant "la générosité" de la victime. "Qu’il soit homosexuel ? C’est sa vie ! On ne tue pas quelqu’un pour cela, pas plus pour l’argent. Pourquoi ce déferlement de violences ? On ne comprendra toujours pas… Il était si gentil", a-t-elle conclu, non sans émotion. Et sans réponse.
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