Championne transgenre en Aveyron : "Une fierté que ce soit une première en France", apprécie le patron des quilles de huit

  • Jérôme Sola, le président  du comité national des quilles de huit.
    Jérôme Sola, le président du comité national des quilles de huit. Centre Presse Aveyron - Archives Jean-Louis Bories
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Alors que plusieurs fédérations ont récemment fermé les portes de leurs compétitions féminines aux femmes transgenres, les instances des quilles de huit sont à l’opposé. Éclairage.

Eléana a changé de civilité. Elle est donc passée dans la catégorie féminine et puis c’est tout. Les questions épineuses entre inclusivité des personnes transgenres et équité dans les compétitions féminines, que se posent nombre de fédérations sportives depuis plusieurs mois, très peu pour Jérôme Sola, le boss des quilleurs de huit en France en tant que président du comité national.

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"On a été mis devant le fait accompli à l’époque. La licence a été prise et puis voilà. Mais ça ne me pose aucun souci. Maintenant, c’est madame", appuie-t-il. "C’est plutôt une fierté, parce qu’on peut être un modèle."

À rebours d’ailleurs de ce que la fédération internationale d’athlétisme a pris comme décision récemment, en s’alignant notamment sur celle de natation, interdisant les compétitions féminines aux femmes ayant vécu une puberté masculine. Et Sola d’insister : "Nous, on n’a pas à permettre ou pas. C’est juste le sexe sur la carte d’identité qui compte. Après on n’a pas à juger."

Dans un milieu réputé conservateur et très masculin

Pour autant, le dirigeant en a avisé, quand il l’a su, la fédération française à laquelle il est rattaché, celle de bowling et de sports de quilles (FFBSQ). "En comité directeur", précise-t-il. "Tout le monde a pris acte de ça, c’était plutôt une fierté. Au bowling, certains on dit : "Attention, chez nous, ça peut poser quelques soucis. Mais rien n’est allé plus loin".

"Pour l’heure, la situation allume un certain angle mort. Ou plutôt met en lumière une sorte de "vide juridique". Jérôme Sola confirmant qu’il n’y a "pas de texte particulier (au niveau fédéral), et que ce n’est pas dans les tuyaux."

Surtout, il ne cache pas sa "fierté que ce soit une première en France" : transgenre et championne tricolore. Le tout dans une discipline qui renvoie pourtant l’image d’un monde conservateur et très masculin. Pour autant, il l’assure, ce changement de catégorie pour Rouquette n’a provoqué aucun remous dans le milieu. "Pour avoir assisté au sacre d’Eléana à Saint-Amans l’été dernier, personne n’a rien dit, donc cela veut dire que c’est acté par la communauté."

Même par l’ensemble de la catégorie féminine, alors que la puissance reste une arme non négligeable dans ce sport ? "Mouais", rétorque Sola, pas convaincu. "Prenez Sabine Raynaldy, son gabarit n’a rien à voir avec celui de Marion Béteille (deux championnes également). Ou Julien Galdemar, rien à voir avec Elian Vigouroux, pourtant champions de France tous les deux. Il n’y a pas seulement la puissance qui entre en compte. Et il n’y a pas un seul morphotype aux quilles. Puis, Eléana ne rafle pas tout ; et elle a été championne au bout de deux ou trois ans seulement."

Allant plus loin encore : "Ces personnes qui changent de sexe, elles ne le font pas pour aller gagner des compétitions. Elles le font pour être elles-mêmes avant tout. Qu’elles s’accomplissent dans leur vie. On n’est pas dans du dopage ou de la tricherie. On n’en est pas là du tout. Très loin même."