Olivier Norek, l'auteur qui a "buté 130 personnes"

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  • Auteur de sept romans à succès, dont "Surface" qui a le Bassin pour décor, mais aussi scénariste, pour, par exemple, la saison 6 de "Engrenages", Olivier Norek est "très attaché" à Aubin (où il a une maison) et à Decazeville.
    Auteur de sept romans à succès, dont "Surface" qui a le Bassin pour décor, mais aussi scénariste, pour, par exemple, la saison 6 de "Engrenages", Olivier Norek est "très attaché" à Aubin (où il a une maison) et à Decazeville. L'Aveyronnais - Rui Dos Santos
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Rui Dos Santos

Auteur à succès de romans policiers, plongé actuellement dans la gestation du prochain, mais également scénariste (re)connu, l’Aubinois d’adoption, qui a passé seize années dans la police (en poste dans le 93), était à l'espace Yves-Roques de Decazeville, pour animer une conférence, très suivie, organisée par le Lions club, sur le thème "Les secrets d'écriture de l'auteur".

Dans le cadre de la lutte contre l’illettrisme, le Lions club de Decazeville-Cransac a doté la commune decazevilloise de deux boîtes à livres. Cette opération, qui enregistre un franc succès, s’inscrit dans la volonté d’offrir à tous un accès facile et gratuit, 24h/24, à la lecture, en particulier vers les jeunes, les personnes âgées et en situation de handicap.

Olivier Norek a accepté d’être le parrain de cette action culturelle et l’enfant du pays a également répondu favorablement à l’invitation de la présidente Martine Pelleschi pour participer à une conférence intitulée "Les secrets d’écriture de l’auteur". Il est, semble-t-il, prophète en son pays puisque l’espace Yves-Roques a affiché complet. Et les deux heures nécessaires pour décrocher une dédicace à l’issue ont aussi confirmé ce sentiment.

S’il est né à Toulouse, le 2 août 1975, Olivier Norek s’est construit à Aubin, là où ses parents (Claude, son père, haut fonctionnaire, a été directeur général de Radio France de 1999 à 2004) possèdent leur maison. Il a d’ailleurs décidé d’acquérir celle située tout à côté. Le Bassin est d’ailleurs "un territoire qui compte" pour lui.

"C’est là où j’ai rencontré Frédéric et Francine Bousquet, de Presse Bulle, qui ont toujours été à mes côtés", a-t-il glissé. Et c’est aussi le lieu qui sert de cadre à l’intrigue de son roman "Surface". Il a dû convaincre son éditeur : "Il m’a dit "Tu veux le vendre ton livre ? Car là, tu te tires une balle dans le pied !". Mais, j’ai tenu bon. Pour lui, un roman policier doit se passer au 36 quai des Orfèvres, à Paris".

Il ne regrette pas du tout son choix car : "le Bassin, ce ne sont pas que les rideaux fermés comptés (contés) par Axel Kahn lors de son passage sur la Via Podiensis vers Compostelle, ou que la volonté des deux jeunes adolescentes du film "Héroïnes" qui n’ont qu’une idée en tête, fuir le pays... Il y a mieux à écrire".

Tant et si bien qu’il met tout en œuvre pour que "Surface", qui a déjà pris la forme d’une bande dessinée, soit tourné sur ses terres d’adoption pour la série qui doit faire le bonheur des spectateurs de France 2. "Je n’en fais pas la promesse, mais je passe des coups de fil", a-t-il assuré. En attendant, Olivier Norek a abordé son activité bicéphale : écrivain et scénariste. Il l’a été, notamment, pour la saison 6 de "Engrenages".

Immersion de trois mois en Finlande

"Auteur, c’est "la position du Dieu". C’est toi qui as les clés, tu tires les ficelles, s’est-il amusé. Le scénariste, lui, n’est pas du tout maître à bord. Il y a 25 personnes qui donnent leur opinion, pour la version 1, la version 12, puis la version 20... Parfois davantage ! Je parlerais plutôt "d’adaptiste" qui livre une forme de monstre difforme, en essayant de garder l’ADN du début". Il a poursuivi : "Les scénarios, c’est bien mais ça rend fou. L’encre du scénariste, c’est de l’or ! C’est plus agréable d’écrire des bouquins".

Mais, quelle est l'inspiration de ce grand amateur de Fred Vargas et de Georges Simenon ? "Ma carrière de policier ? Oui et non !, a-t-il reconnu. Je n’ai pas fait des enquêtes qui "méritent" un livre. Dans le 93, j’étais un flic "du quotidien", passé par la crim’, les enlèvements et les demandes de rançons, l’antiviol... Je me suis toutefois inspiré de mes collègues, de cet environnement, pour écrire. Et créer, par exemple, le capitaine Coste. Il y a dix ans, après seize années au service de la police, je réfléchissais à changer de carrière. Je voulais vivre au moins deux vies. Quand je vois mes bouquins côte à côte dans une bibliothèque, ça ressemble à mon existence".

Mais, il a aussi prévenu que "l’écriture n’est pas un exutoire". Il a détaillé : "Après le manga, c’est le polar qui se vend bien. Toutefois, on n’est pas le reflet de ce qu’on écrit. Des personnages, oui, parfois, mais pas des histoires". Il a alors multiplié les anecdotes : "Dans mes sept ouvrages, j’ai buté 130 personnes, mais on me parle souvent plutôt du chat dans le micro-ondes. Du coup, je suis parrain de trois refuges : deux en France et un à Koh Lanta en Thaïlande. Ça me coûte une blinde en croquettes ! Ça peut être interprété, soit comme une blague, soit comme une marque de fabrique.

Olivier Norek travaille sur un nouveau roman. "Il est en gestation, j’en suis à la page 146, confirme-t-il. C’est une histoire à taille humaine. J’avais envie d’aller vers un livre historique". Il hésite entre deux titres : "La mort blanche" ou "Le guerrier de l’hiver". Faites vos jeux ! Il raconte une guerre de 105 jours entre la Finlande et la Russie, en 1939, par le prisme de Simo Häyhä, le plus grand snipper de l’Histoire. Comme elle a eu lieu par des températures glaciales, l’auteur a passé trois mois dans la fraîcheur finlandaise.

"J’ai eu 5/20 au bac de français car les sujets ne m’inspiraient pas. Je ne sais pas rédiger un texte qui ne me touche pas, souligne-t-il pour expliquer son immersion scandinave. J’ai besoin de sentir le goût, la couleur, la texture... Par exemple, je ne suis pas capable d’écrire une carte postale". De toute façon, ce n’est pas pour ses souvenirs de vacances que les lecteurs s’arrachent ses livres !

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