Allemands exécutés en Corrèze pendant la Seconde Guerre mondiale : les fouilles ont débuté pour retrouver leurs corps

Abonnés
  • Le lieu-dit Le Vert non loin d'Enceaux, à Meymac en Corrèze, où est probablement localisée la fosse.
    Le lieu-dit Le Vert non loin d'Enceaux, à Meymac en Corrèze, où est probablement localisée la fosse. Photo - La Dépêche du Midi
Publié le
Frédéric Abela

Les fouilles ont débuté mardi 28 juin en Corrèze pour retrouver les corps de 47 soldats allemands.

À Meymac, localité de 2 500 habitants, en Haute-Corrèze, l’exécution de 47 soldats de l’armée allemande ce 12 juin 1944 par des Résistants est en réalité un secret de Polichinelle. "Tout le monde était au courant mais personne n’en parle", assure ce riverain, entre Le Vert et Enceaux, les lieux-dits où sont disséminés les restes de ces soldats de la Wehrmacht.

Un secret de Polichinelle

De nombreux ouvrages font référence à cet épisode du 12 juin 1944 comme le rappelle, d’ailleurs, l’Association nationale des anciens combattants et résistants de Corrèze. "Cet évènement est publiquement connu depuis plusieurs décennies, il n’y a là nulle révélation ou découverte", relativise le collectif "Maquis de Corrèze", après la médiatisation mi-mai des déclarations d’Edmond Réveil.

11 corps exhumés en 1967

"Ici, ce genre de sujet ne vient pas spontanément dans les conversations mais tout le monde est au courant", poursuit cet habitant du Vert qui se souvient aussi que cette zone abritait de nombreuses maisons appartenant aux maquisards. En 1967, des premières fouilles au cœur de ce même secteur boisé permettent d’exhumer 11 corps de soldats allemands dont les restes ont été transférés au cimetière allemand de Berneuil, en Charente-Maritime.

36 corps encore à trouver

Ces premières dépouilles retrouvées dans une fosse seraient en lien avec les "révélations" de l’ancien maquisard qui évoque le nombre de 47 soldats exécutés.

Il resterait donc 36 corps à retrouver dans une seconde fosse non loin de là. C’est ce s’attellent désormais les autorités allemandes et françaises. Les fouilles ont débuté ce mardi. Un rendez-vous suivi de près par les habitants de Meymac qui observaient déjà le va-et-vient des premiers curieux auscultant la zone concernée pour tenter de découvrir des traces de cette fosse. "Il paraît que certains se rendent entre Le Vert et Enceaux avec des détecteurs de métaux jouant les explorateurs", poursuit cet autre riverain.

Les révélations du Résistant

Pour autant, pas de défilé ni de tourisme macabre aux abords des sous-bois. "C’est bien pour les familles de ces soldats allemands, elles vont peut-être pouvoir récupérer des dépouilles si on arrive à identifier les restes de ces corps", insiste cet agriculteur.

La zone concernée est immense et a beaucoup changé depuis 1944. Durant la guerre, elle abritait surtout des pâturages et des tourbières. Dans les années 60, pour lutter contre l’exode rural, on y a implanté des forêts paysannes. Le territoire s’est peu à peu transformé par l’exploitation de la filière bois. « J’allais jouer là-bas, vers Enceaux, quand j’étais gamine, se souvient cette commerçante de Meymac.

"À l’époque, c’était un secret bien gardé !"

Depuis les déclarations d’Edmond Réveil, fin 2019, lors d’une assemblée générale d’anciens combattants en Haute-Corrèze, les langues se délient plus facilement. La période du Covid-19 et les confinements successifs de 2020 avaient remis à plus tard les phases d’exploration et le travail préparatoire. Jusqu’en 2023 où la reprise des échanges entre la sous-préfecture de Corrèze, le ministère des Anciens combattants, les autorités françaises et allemandes a permis de coordonner les premières opérations de recherches et commencer, 79 ans plus tard, un important devoir de mémoire.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes