VIDEO. Aveyron : à Maleville, Sophie Cépière, tout en tissu de la bobine au vêtement

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  • Sophie Cépière , créatrice et conquérante.
    Sophie Cépière , créatrice et conquérante. Anaïs Arnal
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Anaïs Arnal

Née à Figeac de parents aveyronnais, Sophie Cépière a la passion du textile chevillée au corps. Elle sort deux collections d’environ 60 modèles par an qu’elle imagine, fabrique et commercialise dans ses ateliers situés sur la commune de Maleville.

Sophie Cépière incarne la septième génération d’une famille qui a fait du textile son métier. « Mon arrière-grand-père était filateur tisserand et ma mère couturière. J’ai toujours baigné dans les tissus, les épingles… je ne me voyais pas faire autre chose », déclare la créatrice qui a pourtant dû faire preuve de persévérance et d’abnégation car sa maman, Maryse Cépière, dont l’activité a démarré à Vic-sur-Cère, a tout fait pour la décourager. « Elle savait que c’était un métier difficile. Elle m’a fait faire de l’administratif avant de m’autoriser à travailler dans les ateliers dans les années 1980. J’ai commencé par les bobines. À l’époque, on mettait les écheveaux sur les bobinoirs, de quoi mettre les nerfs à rude épreuve. Ensuite, je suis passée au tricotage, à la coupe puis à la confection. J’étais jalouse car elle expliquait aux salariés comment s’y prendre et pas à moi. J’ai appris en observant et en reproduisant les gestes », raconte Sophie Cépière qui se souvient de la florissante entreprise familiale qui comptait 60 salariés et voyait son chiffre d’affaires augmenter de 30 % chaque année.

L’envie de transmettre

« Ma maman est tombé malade, il y a eu la crise, nous aurions dû redimensionner l’affaire. La société a périclité et a été liquidée en 2005, cinq ans après le décès de ma mère. Nous avons tout perdu », se souvient avec peine Sophie Cépière. Son époux, mécanicien électricien voiture, a appris le métier de tricoteur programmateur et le couple a relancé l’activité en 2008 à Cajarc. « Nous avons racheté le stock de matière première, embauché un apprenti, mais nous n’avions plus d’outil de travail. » Alors avec l’objectif de pouvoir racheter des machines, Sophie Cépière s’est mise à dessiner. « J’ai commencé à créer à l’âge de 30 ans. Ma mère ne faisait ni croquis ni patron, elle avait l’œil et découpait ses modèles directement. Pendant les trois ans d’interruption d’activité, j’ai eu plein d’idées et puis j’avais cette envie de transmettre au fond des tripes. Je ne savais pas de quoi j’étais capable, mais je me suis lancée. Encouragé par mon mari, j’ai fait fabriquer mes modèles par des façonniers que j’ai dû former à mon niveau de gamme et je suis partie sur les routes pour vendre ma première collection. »

 

En chiffres

150
C’est, en milliers d’euros le chiffre d’affaires réalisé par Sophie Cépière en 2022, loin des 500 000 € qu’elle a connu dans les années fastes et des 3,5 millions d’euros réalisés du temps de sa mère.

2 500
C’est le nombre de clients inscrits dans les fichiers de Sophie Cépière auxquels viennent s’ajouter une dizaine de boutiques et de revendeurs en France.

 

Une collection pour hommes bientôt lancée

Sophie Cépière a ainsi fonctionné pendant plusieurs années, faisant fabriquer ses vêtements en Corrèze, louant une boutique à Cajarc et sillonnant les routes pour aller à la rencontre de ses fidèles clients. En 2012, après avoir eu la chance de pouvoir racheter ses propres machines qui s’apprêtaient à partir pour la Pologne, et rembauché 12 salariés, elle a installé ses bureaux, ateliers et espace boutique dans la zone d’activités de Marcouly, sur la commune de Maleville. « Mais peu de temps après, il y a eu le mouvement des Gilets jaunes, la pandémie de Covid et la crise. Nous nous sommes adaptés en réduisant nos charges, notamment nos effectifs, et en cédant une partie de notre bâtiment. Nous avons perdu des clients qui ont fermé ou ont décidé de baisser en gamme…» 

Un nouveau coup dur pour Sophie Cépière qui n’a pu conserver que deux salariés, mais ne se laisse pas abattre. «Nous sommes accompagnés par une société indépendante qui nous aide sur la partie commerciale pour reconquérir le marché de gros c’est-à-dire les boutiques multimarques. En attendant que ça reparte, je travaille pour d’autres marques, sur la partie création et/ou fabrication. » En parallèle, elle a lancé une campagne de financement participatif sur Ulule (jusqu’au 12 juillet) pour la création et le lancement d’une collection pour hommes.

 

Les étapes de la fabrication

« J’ai des filtres internes qui correspondent à l’état d’esprit de la marque et aux valeurs que l’on m’a transmises, raconte Sophie Cépière. Je veux habiller toutes les femmes, quelle que soit leur morphologie, et mettre en valeur leurs atouts, leur féminité, sans les déguiser. L’héritage familial fait que je connais bien les matières. Encore aujourd’hui, le fil et la couleur sont les points de départ de toutes mes pièces. Je ne travaille qu’avec des matières naturelles (lin et pure laine mérinos) de qualité fabriquées en Italie. Lorsque j’ai mon tableau d’harmonie de couleurs, je créé la silhouette et fais des essais de mailles. Généralement, lorsque j’ai le tissu dans les mains, le toucher et le maintien font émerger l’idée de modèle. Je note alors mes instructions pour les finitions et ma belle-fille, que j’ai formé à la coupe et au patronage, réalise le premier prototype. Nous faisons les essayages, les éventuelles modifications puis la gradation de tailles (ses modèles vont de la taille 0 à la taille 4, NDLR). Il me faut un mois pour sortir environ 60 modèles. Là je travaille sur la collection été 2024 qui doit être bouclée fin juin. »
Sophie Cépière offre l’opportunité au grand public de découvrir les coulisses de ses créations en visitant ses ateliers le samedi après-midi (renseignements au 05 65 65 66 92).

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