Aveyron : Jeune Montagne fait du RSE depuis soixante ans sur le plateau de l’Aubrac

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  • Géraud Valadier, président de la coopérative avec son père André, le fondateur.
    Géraud Valadier, président de la coopérative avec son père André, le fondateur. Centre Presse Aveyron - José A. Torrès
Publié le , mis à jour

L’extension de la coopérative à Laguiole regroupe trois axes : la transition écologique, la compétitivité et son lien social sur le territoire.

Le double récent événement de la réception du congrès national des appellations d’origine protégées laitières et de l’inauguration de l’extension de la coopérative à Laguiole, en dit long sur la réussite de cette entreprise devenue un emblème de l’agriculture équitable et solidaire.

"Nous faisons vivre 300 ménages"

En effet, en passe de mourir, la race aubrac renaît non seulement de ses cendres et les éleveurs de l’Aubrac disposent de ressources avec un prix du lait supérieur de 30 à 50 % au-dessus de la moyenne nationale. "Nous faisons vivre aujourd’hui 300 ménages sur le plateau de l’Aubrac, c’est de la responsabilité sociétale en entreprise", fait remarquer Yves Soulhol, directeur de la coopérative qui emploie 190 salariés sur Laguiole et Thérondels. Et d’ajouter en ce sens : "On sait travailler ensemble. C’est à l’image de notre slogan : Si tu ne me crois pas, viens me voir !"

Demain des tracteurs électriques ?

Et c’est tout vu, ça marche. Avec plus de 100 000 visiteurs par an, la coopérative entre dans le cercle fermé des dix entreprises les plus visitées d’Occitanie. "On n’est pas dans un produit de première nécessité mais on fait plaisir aux consommateurs." La recette paraît simple sur la forme : pommes de terre, tome, sel, crème… Sur le fond, cela répond à un travail mené en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie "qui nous a accompagnés sur le respect à l’environnement comme, économiser l’eau avec la mise en place d’abreuvoirs, la démonstration du bien-être animal et la proximité avec les producteurs."


Après trois années de pleine croissance, la coopérative ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’humain est au cœur des préoccupations et le destin commun avec l’animal. "On peut progresser par exemple avec l’utilisation de tracteurs électriques dans le choix du matériel et l’objectif de refaire le rameau aubrac laitier avec 10 % du troupeau tout en maîtrisant le cahier des charges pour rester dans la naturalité."

Trouver un sens à sa vie

En clair, garder une taille humaine, correspondant au territoire. En chiffres par exemple, la production annuelle limitée à 6 000 litres par vache et par hectare pour respecter le bien-être animal. "Un jeune producteur vient car il y trouve un sens et se retrouve dans la démarche de qualité. Le RSE va dans ce sens-là. Il faut l’aider et c’est ce que nous proposons avec le service de remplacement." Des partenariats avec les lycées agricoles de Lozère et d’Aveyron sont aussi sur la table avec des interventions en cours et dans les étables avec la venue de stagiaires. Ce qui fait dire aussi à Yves Soulhol "la RSE, nous en faisons depuis 60 ans dans le dire Nous sommes attachés au respect du travail du producteur, à la qualité de vie au travail, au bien-être animal qui est indissociable de nos produits."

Et c’est justement parce qu’il en connaît les rouages, les enjeux et les freins, qu’il alerte sur les risques. "C’est mieux vivre en conciliant l’environnement, l’économie et le tourisme. C’est une démarche naturelle, ce que je crains, c’est le marketing. Je propose un produit, je l’adapte au consommateur, et non le chemin inverse. Il ne faut pas tomber dans le côté artificiel."

La venue du congrès national des appellations laitières pour la première fois sur l’Aubrac fin septembre témoigne de cet engagement dans un secteur laitier en difficulté. "Il faut que les filières laitières de montagne s’accrochent à des produits de qualité et identifiés : on ne peut pas faire de l’AOP Laguiole à Singapour ni en Nouvelle-Zélande ! Il y a une vraie attente, chez nos consommateurs, pour des produits qui valorisent mieux le lait, à condition que les saveurs soient réelles et identifiables. Ceux-ci sont également sensibles à ce que nous apportons à nos territoires. Je suis enfin convaincu qu’un cahier des charges devient un "cahier des ressources" quand il est ambitieux et respecté. C’est, selon moi, sur ces points que les acteurs du lait de montagne doivent se concentrer pour améliorer les valorisations." 

Le changement climatique

Yves Soulhol n’oublie pas le changement climatique qui induit la production et plus largement, le fonctionnement de la coopérative puisque tout est lié. "Les sécheresses en montagne sont toujours plus violentes qu’en bord de mer. Il va donc falloir à l’avenir, trouver des méthodes culturales pour s’adapter tout en gardant la naturalité de l’alimentation des animaux. Dans l’Aubrac, nous avons la chance d’avoir un foin de qualité, qui nécessite de faire peu appel à des compléments pour équilibrer nos rations ; mais cette qualité demande du travail, notamment beaucoup de séchage en grange, de façon à récolter le foin au meilleur stade, chargé en protéines. Comme notre territoire s’étend à la fois sur des zones d’altitude et des parcelles de coteaux, nous essayons aussi, chaque fois que possible, de produire un complément céréalier adapté à notre cahier des charges."

Conditions de travail

On peut compter sur la mentalité, force de travail des Aveyronnais et le bon sens, pour savoir raison gardée. L’extension de 3 500 m2 dans la zone de la Poujade à Laguiole a pour double défi d’augmenter la collecte de lait de 21,5 à 25 millions de litres tout en apportant des conditions de travail à la hauteur des enjeux.
La terrasse avec ses chaises et tables comme un balcon sur le vert de l’Aubrac témoigne de cette nécessaire contribution. Et si vous ne me croyez pas, mettez en pratique le slogan de la coopérative : "Si tu ne me crois pas, viens me voir !"

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