Pourquoi la SNCF va installer près de 300 espaces de télémédecine dans ses gares d’ici à 2028 ?

  • Pour lutter contre les déserts médicaux,  la SNCF a annoncé le vendredi 17 novembre qu’elle proposerait aux voyageurs et riverains des consultations de télémédecine dans 300 gares d'ici 2028.
    Pour lutter contre les déserts médicaux,  la SNCF a annoncé le vendredi 17 novembre qu’elle proposerait aux voyageurs et riverains des consultations de télémédecine dans 300 gares d'ici 2028. Centre Presse Aveyron
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Centre Presse Aveyron

Pour lutter contre les déserts médicaux,  la SNCF a annoncé le vendredi 17 novembre qu’elle proposerait aux voyageurs et riverains des consultations de télémédecine dans 300 gares d'ici 2028. Un infirmier accompagnera les patients et les mettra en lien, en visio, avec un médecin. L’idée qui semble séduisante, relève davantage de l’ubérisation de la santé pour l’Ordre national des médecins.

L’offre de soins de proximité apparaissant de plus en plus problématique dans certaines zones, SNCF Gares & Connexions a décidé de mettre à disposition des espaces de santé dans les gares. Un service de téléconsultation pour 300 gares à l’horizon 2028. Pourquoi s’appuyer sur ce réseau ? " Parce que 90 % de la population réside à moins de 10 km d’une gare ", répond la SNCF.

Comment cela va fonctionner ?

D’emblée la SNCF précise que ce système de consultation ne devrait pas concerner les grandes gares, mais celles concernées par l’absence de services de soins de proximité, à savoir les "zones d’intervention prioritaires (ZIP) et les zones d’action complémentaire (ZAC) ". En clair, des zones sous-représentées en offres médicales.

Sur le papier, chaque patient devrait être accompagné par un infirmier diplômé d’État et examiné à distance par un médecin. Le patient ne sera donc pas seul face à son écran comme c’est le cas de la téléconsultation "classique". Ainsi, seront proposés plusieurs services de santé, tels que des consultations à distance, des campagnes de dépistage, de prévention et de vaccination. Et selon les besoins locaux, d’autres examens pourraient venir se greffer comme des bilans oculaires…

"La SNCF se trompe de priorité"

Mais pour l’Ordre national des médecins, cette décision prend des allures de fausse bonne idée et d’une "véritable dérégulation de notre système de santé". Selon ses représentants, cette idée de téléconsultation dans les gares présente en outre deux problèmes.

Le premier : que certains territoires, déjà inégalitaires sur le plan de l’offre de soins, soient encore un peu plus considérés comme de second rang, sans compter ceux éloignés de toute gare.

Second souci, que cette proposition détourne des professionnels de santé qui seront ainsi moins disponibles pour exercer dans les territoires les plus vulnérables. En clair, le temps passé par le médecin à faire de la téléconsultation sera autant de temps perdu pour les consultations physiques.

L’Ordre appelle l’entreprise ferroviaire publique française à améliorer la desserte des territoires les plus enclavés, "véritable enjeu d’attractivité des territoires vis-à-vis de l’installation des professionnels de santé."

Plus virulent, le syndicat de médecin UFML (Union française pour une médecine libre) rappelle qu’il "ne peut y avoir de bonne médecine faite de consommation presse-bouton à distance d’un médecin qui ne connaît pas le patient, son histoire et qui va produire un soin en cinq minutes douche comprise entre sandwich et roman de gare…". Et de conclure, "seul l’investissement dans la médecine libérale et la construction concrète d’une amélioration de son attractivité permettra la multiplication des installations des médecins sur tout le territoire, avec la possibilité pour chaque Français de bénéficier du meilleur soin."

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