Aveyron : hausse des taux d'emprunt, rareté des biens, le secteur immobilier dans la tourmente, alertent les notaires

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  • "On s'est à peu près maintenu dans l'Aveyron, mais tout le monde est inquiet pour l'an prochain", expliquent les membres de la chambre des notaires de l'Aveyron.
    "On s'est à peu près maintenu dans l'Aveyron, mais tout le monde est inquiet pour l'an prochain", expliquent les membres de la chambre des notaires de l'Aveyron. Centre Presse Aveyron - X. B.
Publié le , mis à jour

Hausse des taux d'emprunt, rareté des biens, explosion du coût des travaux et changement de réglementation en matière de performance énergétique mettent à mal un marché qui sort de "trois années d'activité très fortes", selon la chambre des notaires de l'Aveyron.

Une "très forte correction", un marché qui "se retourne rapidement et violemment" : l'année 2023, pour l'immobilier aveyronnais, marque un changement de rythme abrupt, comme en atteste la chambre des notaires de l'Aveyron, observatrice privilégiée du milieu.

On ne s'engage sur 20 ou 25 ans que si l'on a confiance

Ce qui fait dire à son président Benoît Lanchon, notaire à Naucelle et Cassagnes, que "le notariat traverse sa plus grave crise depuis 30 ans", impacté qu'il est par le net recul de l'immobilier, qui représente localement 50 % de l'activité des notaires. Une situation engendrée notamment par la "hausse des taux" sur ce marché "très psychologique". "On ne s'engage sur 20 ou 25 ans que si l'on a confiance", explicite le président Lanchon.

"Les taux d'intérêt ont triplé"

Depuis 2022, selon le vice-président de la chambre Frédéric Cortes, les taux d'intérêt ont "triplé", actuellement situés entre à 4,5 et 4,8 % "au minimum". De quoi refroidir les ardeurs des acheteurs et restreindre le nombre des transactions dans un secteur impacté par d'autres facteurs, comme l'expliquent les notaires aveyronnais : "L''explosion du coût des matières premières et donc des travaux, le changement de réglementation relatif aux performances énergétiques des logements".

L'explosion du coût des matières premières et donc des travaux

Par ailleurs, selon le président Lanchon, "les gens ont moins d'argent" aujourd'hui qu'hier et les ventes immobilières, aujourd'hui, concernent majoritairement des biens de "120 000 à 150 000 €" contre 250 000 € il y a quelques années. "Les jeunes achètent moins cher, mais achètent quand même", souligne Anne Guiral Puel, notaire à Saint-Geniez, qui pointe aussi une "rareté, sur le secteur, de terrains à bâtir".

Ancien : + 11,1% pour les appartements, 5,8% pour les maisons

Une mauvaise conjoncture qui a pour conséquence, aujourd'hui, que les agents immobiliers "n'ont pas de stock", affirme Benoît Lanchon, et que les données du secteur, pour l'année 2023, ne sont pas encourageantes. Pour l'Aveyron, le prix des appartements anciens a ainsi augmenté de 11,1 % depuis l'an dernier et de 50,2 % sur les cinq dernières années, affichant aujourd'hui un prix moyen de 1 820 € par m2. Du côté des maisons anciennes, même tendance : avec un prix de vente médian de 128 000 € (contre 239 500 € pour Rodez), les prix ont augmenté dans l'Aveyron de 5,8 % depuis l'année dernière. 

Une chute de 11 % des transactions immobilières

Près de 5 400 transactions immobilières ont été enregistrées sur les 12 derniers mois, soit une chute de 11 %, contrastant avec les 15% de hausse des années précédentes.

Sur le secteur de Rodez et de son agglomération selon la chambre des notaires, tous les prix sont en hausse : + 7,3% sur les appartements anciens, + 7,9% pour les maisons anciennes de + 8,6% sur les terrains à bâtir. Le prix médian de vente des maisons anciennes est les suivants : 239 500 € à Rodez, 236 600 € à Sébazac-Concourès, 226 800 € à Luc-la-Primaube, 221 800 € à Druelle-Balsac, 221 000 € au Monastère, 210 000 à Olemps ou 202 900 € à Onet-le-Château.

Des baisses sur le prix des (rares) terrains à bâtir

C'est sur le secteur de la communauté de communes de Millau que le prix des appartements anciens affiche la plus forte hausse, à + 17,9 %. On note pour ce secteur une hausse de 9,5% du prix des maisons anciennes mais aussi une baisse du prix des terrains à bâtir de 5,1 %. Les appartements de trois pièces représentent 35 % des ventes et ce sont les moins de 40 ans qui sont les plus représentés parmi les acquéreurs.

Dans le Villefranchois, relative stabilité du prix des appartements anciens (+ 0,7%), avec cependant une hausse de 10% dans la seule commune de Villefranche-de-Rouergue. Les maisons anciennes coûtent 9,8 % de plus que l'an passé et le prix des terrains à bâtir chute de 12,5 %. Les appartements de deux et trois pièces représentent 81 % des ventes dans le collectif ancien.

"Tout le monde est inquiet pour l'an prochain"

La tendance est aussi à la stabilité dans le Nord-Aveyron, où le prix des appartements anciens n'évolue pas depuis l'an dernier. Celui des maisons anciennes augmente de 9 % et celui des terrains à bâtir chute de 17,5 %. Voici quelques-uns des prix de vente médians de maisons anciennes sur ce secteur : Espalion 160 100 €, Firmi 100 000 € (-16,2%), Cransac 97 200 € (+13,4%), Decazeville 90 000 € (+7,5%), Aubin 68 000 € (-10,6%).

"On a vu baisser le prix du panier moyen", poursuit Benoît Lanchon. Avant on était autour des 250 000 €, aujourd'hui c'est plutôt de 120 000 à 150 000 € et les petits produits, comme les studios, sont passés de 95 000 € à 120 000 € aujourd'hui. On s'est à peu près maintenu dans l'Aveyron, où il n'y a pas beaucoup de spéculation immobilière... mais tout le monde est inquiet pour l'an prochain".

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