Bosch : pour Roland Lescure, ministre de l'Industrie, la pérennité du site en Aveyron "passe par une diversification dans des activités d'avenir"

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  • "Je ne me satisferai pas d'un engagement de Bosh d'accroître la production des buses liées aux moteurs thermiques, qui ne donne pas de perspectives pérennes au site industriel", déclare Roland Lescure.
    "Je ne me satisferai pas d'un engagement de Bosh d'accroître la production des buses liées aux moteurs thermiques, qui ne donne pas de perspectives pérennes au site industriel", déclare Roland Lescure. Reproduction Centre Presse Aveyron - XOSE BOUZAS
Publié le
Xavier Buisson

Roland Lescure, le ministre de l'Industrie qui affirme suivre le dossier "de très près" depuis sa nomination, attend de Bosch qu'elle donne "un avenir pérenne" au site d'Onet-le-Château, ce qui passe pour lui "par une diversification dans des activités d'avenir".

Vous affirmez porter un œil attentif sur la situation à l'usine Bosch et notamment sur le devenir de ses employés.

Je suis le dossier de près depuis que j'ai été nommé ministre. J'avais été alerté très tôt par l'ensemble des élus locaux (maire, président du département, présidente de Région, etc.) sur l'importance de ce dossier qui est emblématique de la Région. J'ai suivi l'annonce difficile de la direction de Bosch il y a maintenant 6 mois sur le fait que la diversification promise sur le projet dit Fresh2 n'était pas au rendez-vous à ce stade. J'ai depuis échangé à deux reprises avec la direction allemande de la ligne de produits de Bosch.

Comment réagissez-vous à l'annonce par la direction de Bosh du projet Fresh2 basé sur une technologie de pile à combustible à hydrogène ?

On se retrouve aujourd'hui avec un groupe qui nous dit que la diversification ne fonctionne pas à ce stade parce que le marché n'est pas au rendez-vous et qui se dit prêt à donner deux ans de plus à l'accord sur le maintien des effectifs, jusqu'en 2030. Et ça, c'est bien. 

On n'a pas assez d'engagements formels de Bosch sur la partie diversification

En revanche, je considère qu'on n'a pas assez d'engagements formels de Bosch sur la partie diversification. Je comprends que Fresh2 n'est pas au rendez-vous, qu'ils ont besoin de deux ans de plus pour évaluer le marché mais moi ce que je souhaite c'est qu'ils s'engagent à donner un avenir pérenne à ce site. Cela passe par une diversification dans des activités d'avenir. Soit c'est Fresh2 parce que 2 ans de plus permettront de donner de l'avenir à cette activité, soit c'est... autre chose !

L'accord de transition qui encadre la baisse des effectifs jusqu'en 2028 pourrait être prolongé deux ans ?

L'accord signé en 2021 est à la fois, de mon point de vue, un accord d'extrême responsabilité de la part des organisations syndicales qui acceptent de voir les effectifs réduits d’un peu plus de 1100 salariés à à peine plus de 500 d'ici fin 2025 en échange de deux engagements de Bosch, des engagements responsables à l'époque, qui étaient à la fois le maintien de l'emploi jusqu'en 2028 et la diversification de l'activité sur une activité d'avenir.

L'objectif de la diversification pour Bosch, il est global, il n'est pas seulement à Rodez

Le contexte économique est selon vous responsable de la situation actuelle ?

Il faut reconnaître que Bosch, dans son ensemble, est extrêmement exposé au moteur technique et à des activités traditionnelles et que l'objectif de la diversification pour Bosch, il est global, il n'est pas seulement à Rodez. L'entreprise, qui vient d'annoncer 1500 licenciements à venir en Allemagne, fait face à un vent de face très important.

Quel a été le rôle de l'Etat jusqu'à présent dans le suivi de ce dossier ?

À ce stade nous avons engagé 1,5 M€ pour appuyer le développement d'un prototype pour Fresh2. Il est évident que si cette activité est abandonnée, ce qui n'est pas le cas à ce stade, je demanderai le remboursement de cette aide, c'est évident.

Mais attention : je reste dans une logique constructive où je crois la direction quand elle dit qu'elle est prête à engager une diversification du site. Mais je les jugerai sur les résultats. Cette diversification reste à l'ordre du jour, on continue à explorer cette piste-là. 

Ces derniers jours, j'ai échangé avec tous les élus, les parlementaires, pour leur dire une chose très claire : je ne vais pas lâcher ce dossier, je vais continuer à le suivre de très près. J'envisage de me rendre à Rodez en début d'année pour échanger avec les élus, les représentants des organisations syndicales et évidemment aussi, sur le terrain, avec la direction de Bosch. Je serai très heureux d'y rencontrer aussi la direction nationale.

Très bien, vous avez besoin de deux ans de plus, vous donnez deux ans de plus aux salariés

Qu'avez-vous envie de dire à la direction de l'entreprise ?

Ce qui est arrivé mardi est le début d'une nouvelle étape puisque l'entreprise pourrait à la fois s'engager sur l’emploi jusqu'à 2030 mais s'engager aussi sur une capacité à trouver des diversifications d'avenir pour ce site extrêmement important pour l'ensemble de la région. Je dis à Bosch deux choses : "Très bien, vous avez besoin de deux ans de plus, vous donnez deux ans de plus aux salariés.

On va suivre les choses de très près, s'assurer que cette diversification soit possible, et dans ce cas l'aide au prototype sera maintenue, ou voir si une autre diversification est possible. Je ne me satisferai pas d'un engagement de Bosh d'accroître la production des buses liées aux moteurs thermiques, qui ne donne pas de perspectives pérennes au site industriel. 

Plusieurs syndicalistes de l'usine pense que l'Etat manque de réelle volonté politique pour développer l'hydrogène en France...

Nous avons une stratégie hydrogène globale et cohérente qui vise à développer l'hydrogène en France dans les années qui viennent. Le défi, c'est le produit Fresh2 tel que Bosch l'a envisagé et les perspectives de marché européen.

Le sujet, ce n’est pas "est-ce que la France a une stratégie hydrogène suffisamment ambitieuse"... elle l'a !

Car c'est un marché européen, pas uniquement français. Nous avons des perspectives d'accompagnement d'hydrogène des véhicules lourds en France mais le sujet ce n’est pas "est-ce que la France a une stratégie hydrogène suffisamment ambitieuse"... elle l'a !

Christian Teyssèdre pointe les "incohérences" de Bosch

"D'une manière globale, je suis très déçu. D'abord de la réunion que nous avons eue il y a deux jours avec le PDG de Bosch France en présence du département, des villes d'Onet et Rodez, du délégué interministériel à l'industrie qui n'a pas dit un mot, tout comme la Région...

On a été très déçu des annonces d'Heiko Carrie car rien n'est clair. Je lui ai repproché deux choses. D'abord, de ne pas respecter les précédents accords. Au début des années 2010, l'Etat s'engageait à payer du chômage partiel, ce qui ne les a pas empêché de commencer à supprimer des emplois. En 2018, Bosch s'engageait dans un deuxième accord à créer 300 emplois de diversification, ce qu'elle n'a pas tenu. Enfin celui de 2021, avec la création de 250 emplois autour de l'hydrogène, un engagement remis en cause, reporté car il n'y a pas de marché selon eux.

Dans le même temps ils nous disent que l'hydrogène fonctionne bien aux Etats-Unis et en Chine mais on n'appuie pas sur l'accélérateur ici pour faire un projet qui pourrait permettre à Bosch de devenir leader sur ce terrain-là. Si on attend que les autres se développe, je ne comprends pas le discours.

Pourquoi avoir transféré la production d'injecteurs en Turquie, on en fabriquait 18 millions à Rodez. Autre problème : ils ne recrutent plus d'ingénieurs, plus de techniciens, on s'appauvrit au niveau de la ressource humaine sur le site. Comment faire le bond technologique sur l'innovation, le transfert de technologies et l'hydrogène. Il y a plein d'incohérences et Bosch a pris l'habitude de gagner du temps. Je ne suis pas d'accord avec ça. L'Etat ne met pas suffisament la pression et la Région ne dit plus rien".

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Les commentaires (1)
RienCompris Il y a 4 mois Le 14/12/2023 à 08:46

Il y a longtemps que la fin de Bosch Rodez est programmée. Rodez est malheureusement éloignée de tout, n'est pas une ville portuaire. Les frais de transport comptent pour beaucoup actuellement.