Le thermalisme à Cransac, c'est comme Airbus à Toulouse"

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  • Actuellement, la très grande majorité des cures dans les stations thermales sont conventionnées et prises en charge par l’Assurance maladie.
    Actuellement, la très grande majorité des cures dans les stations thermales sont conventionnées et prises en charge par l’Assurance maladie. Archives
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Fortement impactée par la crise sanitaire, l’activité thermale, à Cransac, commence à se relever et à se projeter. Un élan vital pour le territoire.

À l’occasion d’un grand salon consacré au thermalisme à Paris la semaine passée, l’Aveyron était représentée sur le stand de l’Occitanie, première région thermale de France grâce à ses 28 stations. Parmi les dix meilleures, Cransac, seule station thermale du département et unique station d’Europe à pratiquer des soins à base de gaz naturels chauds, relève doucement la tête après une pandémie qui a fortement impacté tout le secteur. "Les personnes qui viennent chez nous sont des personnes fragiles. Toutes ne sont pas encore revenues. Après deux ans sans cure, c’est difficile de retrouver l’habitude", explique Nicolas Jacquemin, directeur de la structure appartenant au puissant groupe "Chaîne thermale du soleil", quelques jours avant de se rendre pour la première fois au Carrousel du Louvre.

"Avant le Covid, nous avions plus de 5 000 curistes. Il faudra du temps pour revenir à ces chiffres de fréquentation là. À part deux ou trois exceptions, aucune station thermale n’y est revenue. Il faut arrêter de comparer, on se flagelle tout seul." Il préfère alors se baser sur "la dynamique", positive en 2023. La station de Cransac a en effet accueilli 3 988 curistes, soit 11,78 % de plus que l’année d’avant, dont 27 % venaient pour la première fois. "En 2024, nous avons une progression de 9 % sur les réservations", se réjouit le directeur, arrivé en 2019.

En Aveyron, des projets conséquents

Un secteur prometteur, tant la population vieillit et le bien-être est devenu une préoccupation majeure. "La tendance qu’on constate est qu’il y a plus de personnes qui prennent en charge leur santé, en préventif. C’est plutôt favorable." Et pour continuer de se développer, le renouveau du thermalisme passe par un enrichissement de l’offre. "Il y a une incitation à la diversification des stations, hors des cures conventionnées. Depuis quelques années, c’est important sur le modèle économique de ne pas être qu’un établissement médical. C’est le cas ici avec le spa." En 2023, il a accueilli plus de 2 200 personnes. En juin de la même année, Éléonore Guérard, la présidente de la Chaîne thermale du Soleil, évoquait même la construction d’une piscine thermale, "un investissement lourd, 2 à 3 M€."

Un projet important qui n’est pas seul en Aveyron. Dans le Rougier, au sud du département, la réhabilitation des bains de Sylvanès par le groupe privé montpelliérain Seclem GGC, spécialisé dans "les solutions de santé innovante", serait en bonne voie. Une nouvelle unité thermale, déjà convoitée dans les années 2000 par la Chaîne thermale du soleil, qui n’est pour l’instant qu’au stade des négociations, rappelle le maire de la petite commune Michel Wolkowicki, prudent. Le porteur de projet, sérieux selon Jean-Luc Calmelly, élu en charge du tourisme au département, aurait également échangé à plusieurs reprises avec le maire de Cransac. "Ils ont un projet ici. Ils trouveraient en Aveyron le moyen de développer leur activité économique liée au thermalisme", avance Bernac Canac.

"Le thermalisme à Cransac, c’est comme Airbus à Toulouse"

Une perspective qui donne le sourire à l’élu local. Dans cet ancien bassin minier, dont les activités industrielles ont eu raison de sources thermales établies au XIXe siècle, la pérennité et le développement du tourisme sont indispensables pour l’avenir. "Le thermalisme à Cransac, toutes proportions gardées, c’est comme Airbus à Toulouse. Si nous le perdons, nous sommes morts", compare le maire dans son bureau, où les affiches promotionnelles "chaîne thermale du soleil" ne manquent pas. "Aux curistes, il faut ajouter les accompagnants. Nous avons un potentiel de 10 000 visiteurs", calcule l’élu de la commune de moins de 1 500 habitants qui pourrait bientôt devenir officiellement "Cransac-les-Thermes". Des milliers de personnes qui restent de surcroît longtemps sur place. "Quand un curiste est là pour trois semaines, il a ses quatre soins quotidiens. Au-delà, il a du temps libre", résume le directeur. Du temps pour dépenser. Selon un rapport de l’observatoire national de l’économie des stations thermales publié en décembre 2023, les visiteurs de la station auraient déboursé sur le territoire 4,30 M€ en 2022.

Des retombées qui profitent au tissu économique. "L’apport économique est certain, à Cransac et autour. On le voit sur le marché, il y a la queue. Ils repartent avec des provisions. Quand la station est fermée, ce sont des mois difficiles", constate l’élu en ce début d’année. Il a d’ailleurs coché soigneusement sur son agenda la date de réouverture de la saison, le 6 mars.

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