Aveyron : il prostituait sa compagne vulnérable... "pour payer les factures"

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  • L'homme avait créé la petite annonce lui-même.
    L'homme avait créé la petite annonce lui-même. Illustration
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Un sexagénaire a écopé de 12 mois de prison avec sursis pour proxénétisme aggravé, cette semaine au tribunal de Rodez.

C'est l'histoire d'une rencontre entre "deux vies abîmées", comme le résume une avocate, venue du Tarn. À la barre du tribunal de Rodez cette semaine, son client n'en mène pas large. Affaibli par de graves ennuis de santé, en surpoids, dégarni, il peine à s'avancer jusqu'au micro. Originaire de la région parisienne, il doit fêter ses 65 printemps prochainement. En 2019, il sort d'une dépression et d'une tentative de suicide. Il cherche l'amour sur internet, où il a l'habitude de fréquenter des sites de rencontre. Il tombe alors sur une femme, de sept ans sa cadette, installée sur la commune nouvelle du Bas Ségala, entre Villefranche-de-Rouergue et Rieupeyroux. Elle aussi traverse une grave dépression à la suite d'un divorce. Reconnue comme fragile après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, elle est placée sous curatelle. Entre les deux, l'histoire d'amour débute sous les meilleurs auspices. Rapidement, ils emménagent ensemble dans ce coin de l'Aveyron. Sans que personne n'imagine ce qu'il se trame...

Du libertinage, vraiment ?

Jusqu'au 21 février 2021. Le prévenu est frappé par le Covid-19, il est placé dans un coma artificiel à Toulouse. En Aveyron, sa compagne renoue le contact avec l'une de ses filles. En regardant le téléphone portable de sa mère, elle s'aperçoit de messages particulièrement douteux... Tous les jours, des hommes lui demandent des relations sexuelles. Une plainte est déposée. Rapidement, les enquêteurs découvrent que la quinquagénaire est inscrite sur des sites de petites annonces. Catégorie : prostitution. Pour sa fille, cela ne fait pas de doute : "Elle ne peut l'avoir fait toute seule, elle est incapable d'écrire une telle annonce et de réaliser de telles photos !"

Elle voit juste : sa mère se livre, elle explique qu'elle fait cela à la demande de son conjoint. Devant les gendarmes, lui nie tout en bloc. Il évoque du libertinage, une appétence pour le candaulisme depuis qu'il ne peut plus avoir de relations sexuelles... Il va jusqu'à présenter sa compagne comme une "habituée de sorties libertines". Un couple d'amis vient même confirmer cela dans un témoignage. 

"J'étais dans le rouge"

Deux ans plus tard, au tribunal, face aux accusations de proxénétisme aggravé en raison de la vulnérabilité de sa compagne, sa version a littéralement changé. Cette fois, il acquiesce. Oui, l'idée provenait bien de lui. Oui, il bénéficiait de l'argent récolté, soixante euros par client au rythme d'une à deux relations tarifées par semaine. "C'était pour payer les factures, faire les courses... Lorsqu'on s'est rencontré, j'étais dans le rouge, le banquier me mettait la pression tous les jours, j'avais peur de perdre la maison", explique-t-il. Les enquêteurs ont pu retracer près de 6 000€ en petites coupures déposés sur son compte bancaire. Le reste était caché dans une boîte à chaussures. "On n'a pas gagné beaucoup, ça n'a duré que quelques mois... Je m'excuse vraiment", confesse-t-il encore.

"J'accueille vos vœux de repentance favorablement mais vous avez fait de la vulnérabilité de votre compagne un atout... On peut même se demander si vous ne cherchiez pas un profil aussi fragile", se désole la substitut du procureur, Emilie Passier, tout en requérant une peine de 18 mois de prison avec sursis et une obligation de soins durant trois ans. Ainsi qu'une interdiction d'entrer en contact avec la victime, ce qu'il aurait tenté depuis les faits. Cette dernière n'était pas présente lors du procès. "Son préjudice est très important, elle fait des cauchemars, n'envisage plus une relation avec un homme. Et elle a surtout très peur de le recroiser !", appuie sa représentante, Me Maé Faure.

L'ex-conjoint a finalement été condamné à douze mois de prison avec sursis et l'obligation de soins. Il a depuis refait sa vie, dans le Tarn. Et retrouvé l'amour...

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