Colère des agriculteurs : pour Jérôme Bayle, "le gouvernement doit éclaircir les règles"

Abonnés
  • Jérôme Bayle : "Ça m’attriste de voir qu’il y a de la récupération politique."
    Jérôme Bayle : "Ça m’attriste de voir qu’il y a de la récupération politique." DDM - Laurent Dard
Publié le
Propos recueillis par Virgile Guilhamet

Figure de proue de la colère agricole, l’éleveur de bovins de Haute-Garonne exprime son impatience.

Vous avez dit lundi "ne pas supporter" le "flou" qu’a laissé le gouvernement depuis les annonces de Gabriel Attal, et avez menacé de reprendre les blocages. Pourquoi ?

Il faut que le gouvernement éclaircisse les règles. Ils nous ont assuré qu’ils voulaient simplifier les choses et on a aujourd’hui l’impression qu’ils les complexifient.

Beaucoup d’agriculteurs affirment que les mesures promises ne se font toujours pas ressentir. Est-ce votre sentiment ?

Je ne parlerai que du dispositif d’aide concernant la maladie hémorragique épizootique (MHE), puisque c’est le dossier que je gère. On constate que si les aides peuvent être débloquées rapidement, c’est au niveau des “règles du jeu” que ça coince encore. Les décrets sont longs à se construire, et ne sont pas aussi simples qu’annoncés. Le gouvernement nous avait promis de la simplicité, mais je crois que nous n’avons pas la même définition du terme.

Certaines des annonces ne se sont-elles pas déjà concrétisées ?

Un petit peu. Dans le cas de la MHE, on a pu avoir accès à des chiffres… On sait très bien que tout ceci prend du temps. Maintenant, j’ai certains doutes quant au fait que tous les acteurs du monde agricole prêtent main-forte au gouvernement pour que ces mesures avancent.

Que réclamez-vous ?

Nous demandons que soient appliquées les mesures promises. Mais si c’est pour qu’elles soient échafaudées à la va-vite, ce n’est pas la peine.

Quelle forme prendrait une éventuelle reprise de la mobilisation ?

Je ne peux pas vous le dire puisque je n’ai plus aucun contact avec les organisations syndicales départementales. J’ai cru comprendre que des actions étaient prévues mais je ne suis pas plus au courant.

Vos rapports avec les syndicats se seraient-ils brouillés ?

Je ne dirai que ceci : le but de tous n’est pas de sauver l’agriculture. Je vous rappelle que nous sommes dans une année charnière, avec les élections européennes, les élections des chambres d’agriculture… Ça m’attriste de voir qu’il y a de la récupération politique. De toute façon, les syndicats souhaitent m’écarter un peu.

Que vous reprochent-ils ?

Je n’en sais rien. J’ai parfois été contre des décisions régionales, c’est peut-être ça. Mais je crois que si je n’avais pas pris la parole le premier, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Les syndicats doivent comprendre que j’ai refusé des propositions politiques pour les européennes.

Que vous a-t-on proposé pour les européennes ?

Trois partis m’ont proposé d’intégrer leur liste.

Discutez-vous toujours avec le gouvernement ?

J’ai eu Marc Fesneau (ministre de l’Agriculture) au téléphone ce lundi pour parler de la MHE. Pour moi, c’est déjà beaucoup.

Vous qui étiez inconnu il y a un mois avez même été interrogé par le “New York Times”. Comment vivez-vous cette notoriété ?

Je me lève et me couche au milieu de mes vaches, que voulez-vous que ça me change ? D’accord, tous les Français ne font pas la Une du New York Times. Croyez-moi, j’aurais préféré que l’agriculture française se porte bien et rester un anonyme. Je ne cherche pas la gloire, je veux juste vivre de mon métier.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?