Mahjoub Mahjoubi : qui est cet imam d'une mosquée du Gard menacé d'expulsion et accusé d'apologie du terrorisme

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    sfssdfdsf MAXPPP - Mikaël Anisset
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L'imam d'une mosquée de Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard, est menacée d'expulsion, pointé du doigt après une vidéo de lui lors d'un prêche, diffusée sur les réseaux sociaux. 

Depuis 24 heures, la polémique enfle autour de Mahjoub Mahjoubi, l'imam de la mosquée At-Tawba du Mont-Cotton de Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard

Le religieux, installé en région Occitanie depuis une vingtaine d'années, est visé par une enquête préliminaire ouverte par le procureur de la République du Gard pour "apologie du terrorisme"

Qui est Mahjoub Mahjoubi ?

Depuis 2006, Mahjoub Mahjoubi, âgée 43 ans, est l’imam de la mosquée dite du haut, à Bagnols-sur-Cèze. Marié et père de famille, il travaille dans le bâtiment. Né en Tunisie, il a traversé la Méditerranée en 1985 pour arriver en France. Très impliqué dans le milieu associatif, il a notamment été président d’un club de football qu’il a contribué à créer dans un village du Gard "avec des jeunes issus de l’immigration".

Interrogé en 2015 après les attentats meurtriers du Bataclan à Paris, l’imam, se définissait comme "la voix des musulmans de Bagnols et ses environs" et se définit "comme un thérapeute à l’écoute. Je souhaite apporter une vraie connaissance, une explication de l’islam auprès des personnes qui doutent. Aujourd’hui, on vit dans une société qui ne marche pas sur ses deux jambes."

Toujours dans cette interview, il décrivait son Islam comme "la tolérance. Islam veut dire paix. Et une paix ne peut pas être mélangée avec le sang. Une paix, c’est tendre la main. C’est accepter l’idée de l’autre dans le débat, même si on n’est pas d’accord. L’islam, c’est la religion de la clémence, où toute atteinte à l’intégrité de l’être humain, peu importe sa langue, sa couleur, sa conviction religieuse, est interdite. Je veux envoyer un message fort à ceux qui vont faire l’amalgame. Nous n’avons rien à voir avec eux (les terroristes, NDLR) et dire aux musulmans anxieux de relever la tête. En aucun cas, nous ne sommes responsables de cette barbarie que nous rejetons en bloc".

"Drapeaux sataniques, drapeaux tricolores qui nous gangrènent", ce qu'a dit l'imam

L'affaire prend son point de départ dans une vidéo filmée lors d'un prêche de l'imam Mahjoub Mahjoubi largement relayée sur les réseaux sociaux, notamment par l'extrême-droite.

\ud83d\udd34Gérald Darmanin a demandé le retrait du titre de séjour d'un imam tunisien du Gard, accusé d'appels à la haine. pic.twitter.com/jwVlSjLH1k

— franceinfo (@franceinfo) February 20, 2024

Dans l'extrait, on y entend l'imam dire : "Ces drapeaux tricolores qui nous gangrènent, qui nous font mal à la tête, qui n'ont aucune valeur auprès d'Allah (...) La seule valeur qu'ils ont, c'est une valeur satanique (...) Vous voyez tous ces drapeaux qu'on lève dans les matchs ? On crie et on tape le musulman sur la tête, et on l'insulte de tous les noms". 

"J'ai demandé le retrait de son titre de séjour"

Ce dimanche 18 février, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé le retrait du titre de séjour de l'imam après des prêches jugés anti-français. "Sur mon instruction, les propos de cet imam ont fait l'objet d'un signalement cette semaine au procureur de la République du Gard par le préfet du Gard. J'ai demandé le retrait de son titre de séjour en vue de son expulsion du territoire. Aucun appel à la haine ne restera sans réponse", a-t-il publié sur son compte Twitter. 

Sur mon instruction, les propos de cet imam ont fait l’objet d’un signalement cette semaine au procureur de la République par @prefet30. J’ai demandé le retrait de son titre de séjour en vue de son expulsion du territoire. Aucun appel à la haine ne restera sans réponse.@BFMTV \ud83d\udc47…

— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) February 18, 2024

"Une maladresse de langage", assure Mahjoub Mahjoubi

Interrogé par nos confrères de Midi Libre, l'imam se défend et assure qu'il s'agit "d'une maladresse de langage, un problème de formulation. Je parlais d'une toute autre situation qui n'avait rien à voir avec la France ou le drapeau tricolore (...) J'invite quiconque à lire mes discours qui sont tous diffusés sur les réseaux sociaux. Les vidéos aussi. Dans toutes mes interventions, je me filme. Je serai fou et inconscient de venir insulter le drapeau français et de provoquer un tel buzz". 

La vidéo "tronquée", selon l'imam

Abdallah Zekri, le vice-président du conseil du culte musulman, interrogé par nos confrères lundi 19 février, explique : "Lui me dit qu'il ne parlait pas du drapeau tricolore mais des drapeaux multicolores, pas uniquement des drapeaux tricolores (...) Il m'a répondu que la vidéo avait été coupée et sortie de son contexte (...) Il va m'envoyer la vidéo intégrale. Je ne l'ai pas vue encore (...) Il a fait ce prêche au moment où la Coupe d'Afrique des nations (Can) s'achevait."

"Une dérive dans plusieurs prêches récents"

Le préfet du Gard, interrogé ce mardi 20 février par Franceinfo assure que l'imam fait l'objet "depuis plusieurs mois d'un suivi par les autorités". Evoquant un "suivi de plusieurs mois". Constatant "une dérive dans plusieurs prêches récents qui recèlent dans leur contenu un certain nombre d'infractions susceptibles d'être poursuivies". 

"Je suis abasourdi"

Le maire de Bagnols-sur-Cèze, Jean-Yves Chapelet, se dit "abasourdi". Dès lundi, le premier magistrat a publié un communiqué de presse dans lequel il indique : "J'ai pleinement confiance en l'Etat et en la Justice pour prendre les décisions qui s'imposent dans cette affaire (...) Toutes les infractions susceptibles de perturber l'ordre public doivent être sanctionnées de manière transparente".