Noëlla Lacombe qui courait au Burundi "pour fuir" le massacre entre Tutsis et Hutus, vit heureuse en Aveyron, Jean-Paul Ginestet raconte son parcours

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  • "Ils ont beau couper les fleurs…" de Jean-Paul Ginestet à partir du témoignage de Noëlla Lacombe.
    "Ils ont beau couper les fleurs…" de Jean-Paul Ginestet à partir du témoignage de Noëlla Lacombe. Centre Presse Aveyron - Ph. R.
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Philippe Routhe

C’est une histoire singulière que Noëlla Lacombe a racontée à Jean-Paul Ginestet, qui publie "Ils ont beau couper les fleurs". La sienne. Celle d’une petite fille du Burundi qui a échappé au massacre entre Tutsis et Hutus au début des années 90 et qui, depuis bientôt quinze ans, vit heureuse en Aveyron.

Cette histoire, c’est avant toute chose pour son fils qu’elle a accepté de la raconter pour qu’elle soit écrite. Pour son entourage, également, afin qu’ils connaissent sa véritable histoire. Et c’est devenu un livre renfermant une histoire à tout le moins singulière.

Celle d’une petite fille née au Burundi, qui a perdu sa mère très tôt, n’avait pas de père et s’est retrouvée au cœur des massacres entre Hutus et Tutsis au début des années 1990. " Au début, ce ne fut pas forcément très évident, notamment pour Noëlla. C’était très dur… ", glisse Jean-Paul Ginestet, qui s’est vu confier cette mission de raconter cette histoire bouleversante.

"En faire un livre optimiste…"

"Ce livre est le fruit d’une belle rencontre avec Noëlla, fondée sur la confiance et la confidence", écrit-il. " Et nous avons rapidement fait le choix d’en faire un livre optimiste ", explique l’auteur. En témoigne le titre, inspiré de Pablo Neruda, "Ils ont beau couper les fleurs…" "Ils n’empêcheront pas le printemps". Ce titre traduit aussi la sensibilité avec laquelle Jean-Paul Ginestet a relaté le récit de Noëlla Lacombe. Il a d’ailleurs fait le choix du présent, en insérant des dialogues, pour donner vie à ce récit si touchant.

"Sans toi, sans rien, mais toujours vivantes…"

Noëlla, Nawera au Burundi, a grandi dans la peur et sous l’aile affectueuse et courageuse de sa grand-mère, Nyokuru. Avec sa sœur Doliya, elle a pleuré la mort de sa sœur, Jocelyne, a souffert de la séparation quand il a fallu quitter le village pour Bujumbura. À se retrouver "sans toit, sans rien, mais toujours vivantes…", dans un pays " où les hommes ne pensent pas droit".

Noëlla a vécu sans jamais perdre de vue la recommandation de sa grand-mère : "Dans la vie, il faut être instruite et courageuse." Cela la guidera toute sa vie. Elle fera des études et gagnera, comme elle se l’était promis, son indépendance. Elle s’était promis aussi d’avoir un enfant métis. Un enfant qui est le fruit de l’amour qui est né lorsqu’elle a rencontré Régis Lacombe. Ce dernier, bien connu dans le milieu de la course à pied en Aveyron, où longtemps il tint le haut de la rampe, avait effectué des déplacements au Burundi pour parfaire ses performances. C’est ainsi qu’il a rencontré Noëlla autour de 2010. C’est lui également qui a incité son épouse à raconter son histoire, l’orientant vers Jean-Paul Ginestet, qu’il avait remarqué lorsque ce dernier avait écrit "Spiridon à Peyremorte, courir vers les étoiles", racontant l’histoire extraordinaire de Bernard Rouziès, coureur de l’extrême depuis 45 ans. Noëlla aussi s’est mise à pratiquer la course à pied. Sous l’impulsion de son mari bien évidemment. Et collectionne déjà de beaux résultats. "J’ai commencé à courir cinq minutes, puis, dix, puis quinze…" rigole-t-elle. Et aujourd’hui, elle prépare le semi-marathon d’Albi, tout en envisageant de réaliser d’autres grandes courses. Un large sourire illuminant son visage. " Avant je courais pour fuir, aujourd’hui je cours pour le plaisir… "

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