"Au départ, on a pensé à des ragondins" : les louvetiers de l’Aveyron, des chasseurs "au service de l’État"

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  • "Les louvetiers ont des techniques de chasse non autorisées aux autres chasseurs", précise le préfet.
    "Les louvetiers ont des techniques de chasse non autorisées aux autres chasseurs", précise le préfet. Midi Libre - Maxime Cohen
Publié le
M. C. et L. V.

"Experts de la faune et de la flore", les louvetiers de l’Aveyron ont été salués par le préfet Charles Giusti.

Qu’elle n’a pas été la désagréable surprise des travailleurs du Chayran, à Millau, de trouver des parcelles de poireaux décimées par des animaux. Sur leurs cultures situées en face de la Graufesenque, les maraîchers ont en effet eu du mal à trouver les responsables qui venaient en pleine nuit, saccager leur travail.

"Près de 800 € de dégâts"

"On pensait que c’étaient des ragondins", présente Roland Valentin, le président des Jardins du Chayran. "Au départ, on s’est arraché les cheveux parce qu’on ne pouvait pas faire appel aux chasseurs en zone urbaine, alors on a fait appel aux louvetiers." Pire encore, quand la ligne de radis a été elle aussi détruite par des animaux nuisibles.

"On a eu près de 800 € de dégâts et remboursés 200 € parce qu’on n’a pas laissé notre terrain à la chasse. Or, en zone urbaine, il ne peut pas être chassé", ajoute Roland Valentin.

"Essayer de voir l'animal et comprendre"

D’où l’opération de communication de la préfecture, qui avait fait venir tout récemment, les louvetiers ainsi que le président du Département, Arnaud Viala, pour présenter leurs actions dans le secteur. "On vient au préalable pour observer le secteur de jour, puis de nuit pour essayer de voir l’animal et comprendre", explique le duo qui est intervenu sur le cas millavois. "On s’est mis en hauteur de sorte à, si la balle n’atteint pas la cible, qu’elle se loge dans le sol. Lors de nos observations, nous avons vu qu’il ne s’agissait pas de ragondins, mais de sangliers."

L’opération était aussi l’occasion de faire un point sur l’action des louvetiers dans le reste du département de l’Aveyron, avec les autorités venues sur place pour "une mise à l’honneur", selon les termes employés par la sous-préfecture.

"Une année riche"

Dans les locaux de la sous-préfecture de Millau, Olivier Esperce, président de l’association des louvetiers de l’Aveyron, a dressé le bilan de l’année 2023 et rappelé l’engagement bénévole des 28 lieutenants de louveterie recensés dans le département. "La louveterie est une force bénévole au service de l’État et des particuliers", explique Olivier Esperce, insistant sur la difficulté pour eux de concilier la louveterie avec leurs vies professionnelles et familiales. Durant l’année 2023, les lieutenants ont été dépêchés sur de nombreux cas. "Ce fut une année riche en sorties", présente Olivier Esperce. À la fois sur le grand gibier, mais également sur des prélèvements de blaireaux suite à des cas de tuberculose bovine dans l’ouest du département.

Les louvetiers sont des "experts de la faune et de la flore sauvages", comme le rappelle le préfet de l’Aveyron, Charles Giusti. Parmi leurs missions, le loup.

"Opération loup"

Les louvetiers sont intervenus sur le plateau du Larzac après les récurrentes attaques du mois de juillet 2023. "Une mission qui a montré l’esprit de corps de la louveterie et la détresse des éleveurs", souligne le président de l’association des louvetiers.

50 000 km de surveillance en 2023

Au total, l’opération a hâté 16 louvetiers et comptabilise près de 1 000 heures de surveillance pour 20 000 km de déplacement – sur les 50 000 km effectués pour l’ensemble des interventions de l’année 2023. Des actions largement saluées par le président du département qui, au mois de décembre dernier, a renouvelé son soutien financier à la louveterie.

Un appui à hauteur de 4 200 € avec pour objectif "de soutenir le corps des louvetiers mais aussi pour leur permettre d’accéder au matériel dont ils ont besoin", précise Arnaud Viala. Une aide que ce dernier souhaite "pérenne".

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