Attaque inédite de l'Iran sur Israël cette nuit : missiles, drones explosifs... environ 300 projectiles ont été lancés, l'escalade du conflit semble inévitable

  • Environ 300 projectiles ont été lancés contre Israël, qui dit avoir déjoué 99 % d'entre eux.
    Environ 300 projectiles ont été lancés contre Israël, qui dit avoir déjoué 99 % d'entre eux. MAXPPP - ATEF SAFADI
Publié le , mis à jour
Nicolas Drusian avec Reuters

L'Iran, pour la première fois, a revendiqué une attaque directe sur le territoire d'Israël cette nuit, six mois après le début de la guerre contre le Hamas.

L'Iran a lancé dans la nuit de samedi 13 à dimanche 14 avril 2024 une attaque de drones et de missiles contre Israël, selon l'armée israélienne, qui a précisé que 99 % des quelque 300 projectiles lancés avaient été abattus.

Des sirènes ont hurlé toute la nuit en Israël et les journalistes de Reuters sur place ont entendu au loin des bruits sourds et des détonations provenant de ce que les médias locaux ont appelé des interceptions aériennes de drones explosifs. Les autorités ont indiqué qu'une fillette âgée de sept ans avait été grièvement blessée.

Le président américain Joe Biden, qui s'est entretenu par téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, organise ce dimanche une réunion des dirigeants des sept grandes économies du monde pour coordonner une réponse diplomatique à cette attaque.

"Nous avons intercepté, nous avons repoussé, ensemble nous gagnerons", a écrit pour sa part Benjamin Netanyahu sur le réseau X. Six mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza et alors que les tensions dans la région sont au plus haut, Axios a cité un haut responsable de La Maison Blanche disant que Biden avait dit à Netanyahu que les États-Unis s'opposeraient à toute contre-attaque de l'Etat hébreu contre Téhéran. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit également se réunir ce dimanche pour étudier notamment une demande israélienne de condamner l'attaque iranienne et de désigner les Gardiens de la révolution iraniens comme organisation terroriste, selon un calendrier publié samedi soir.

Quelle était la nature de l'attaque ?

Le porte-parole militaire israélien, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que l'Iran avait lancé sur Israël des dizaines de missiles sol-sol, dont une dizaine de missiles de croisière, la plupart interceptés en dehors des frontières de l'Etat hébreu.

L'attaque a causé de légers dégâts à une installation militaire israélienne, selon Daniel Hagari. La Douzième chaîne de télévision israélienne a cité un responsable israélien anonyme disant qu'il y aurait une "réponse significative" à l'attaque.

L'Iran avait promis de riposter à ce qu'il a qualifié de frappe israélienne contre son consulat de Damas le 1er avril, qui a tué sept officiers du Corps des Gardiens de la révolution islamique, dont deux hauts commandants. Téhéran considère son opération de la nuit comme une punition pour les "crimes israéliens".

Israël n'a ni confirmé ni nié sa responsabilité dans l'attaque du consulat. "Si le régime israélien commet une nouvelle erreur, la réponse de l'Iran sera considérablement plus sévère", a déclaré la mission iranienne auprès des Nations Unies, demandant les États-Unis de "rester à l'écart". Il a toutefois ajouté que l'Iran "considérait désormais l'affaire réglée".

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré que les Etats-Unis ne cherchaient pas à entrer en conflit avec l'Iran, mais que Washington n'hésiterait pas à agir pour protéger les forces américaines et soutenir Israël. Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a condamné l'attaque iranienne, se disant "profondément alarmé par le danger très réel d'une escalade dévastatrice à l'échelle de la région".

Un escalade inévitable ?

L'ambassadeur adjoint de la Russie à l'Onu, Dmitri Polyanskiy, a fait savoir dans un message sur Telegram qu'outre une lettre d'Israël, le Conseil de sécurité avait reçu une missive de l'Iran affirmant que son attaque s'inscrivait dans le cadre de la Charte des Nations Unies régissant le droit de légitime défense. "Ce dernier prévient que si Israël répond, l'Iran répondra de manière plus puissante et plus décisive", ajoute Polyanskiy.

Joe Biden, qui avait mis en garde l'Iran vendredi contre une attaque, a écourté son séjour dans le Delaware pour s'entretenir avec ses conseillers à la sécurité nationale à La Maison blanche. "Notre engagement en faveur de la sécurité d'Israël contre les menaces de l'Iran et de ses mandataires est à toute épreuve", a écrit Joe Biden sur le réseau X après la réunion.

La guerre à Gaza, lancée par Israël après une attaque du Hamas le 7 octobre, a exacerbé les tensions dans la région, y compris au Liban et en Syrie, au Yémen et en Irak. Ces affrontements menacent désormais de se transformer en conflit ouvert et direct opposant l'Iran et ses alliés régionaux à Israël et à son principal allié, les États-Unis.

L'Egypte, puissance régionale, a appelé à "la plus grande retenue". Alors qu'Israël et l'Iran sont en conflit ouvert depuis des décennies, leur querelle s'est principalement exprimée dans des pays tiers.

Les Etats-Unis vont-ils intervenir ?

Des avions militaires américains et britanniques ont été impliqués dans l'abattage de certains drones à destination d'Israël au-dessus de la zone frontalière entre l'Irak et la Syrie, a rapporté la Douzième chaîne israélienne. L'armée américaine a abattu des dizaines de drones et de missiles en route pour Israël, selon trois responsables américains.

Joe Biden a dit avoir ordonné à l'armée américaine de déplacer des avions et des destroyers de défense antimissile balistique vers la région au cours de la semaine dernière. "Grâce à ces déploiements et aux compétences extraordinaires de nos militaires, nous avons aidé Israël à détruire presque tous les drones et missiles qui arrivaient", a-t-il déclaré.

Benjamin Netanyahu a convoqué le cabinet de guerre israélien dans un quartier général militaire à Tel Aviv, a indiqué son bureau. Israël et le Liban ont annoncé samedi soir la fermeture de leur espace aérien.

La Jordanie, située entre l'Iran et Israël, a préparé ses défenses aériennes pour intercepter tout drone ou missile qui violerait son territoire, ont indiqué deux sources de sécurité régionales. Les habitants de plusieurs villes jordaniennes ont dit avoir entendu une forte activité aérienne. La Syrie, alliée de l'Iran, a déclaré qu'elle mettait en état d'alerte ses systèmes de défense sol-air autour de la capitale et de ses principales bases, selon des sources militaires.

Le Japon, l'Union européenne, la Grande-Bretagne, la République tchèque, le Danemark, la France, le Mexique, les Pays-Bas et la Norvège ont condamné l'attaque iranienne. Le rival républicain de Joe Biden pour l'élection présidentielle de novembre, Donald Trump, a brièvement évoqué cet épisode lors d'un rassemblement en Pennsylvanie, ciblant son rival démocrate. "Ils sont attaqués en ce moment", a déclaré Donald Trump. "C'est parce que nous faisons preuve d'une grande faiblesse. Cela n'arriverait pas, la faiblesse dont nous avons fait preuve, c'est incroyable, et cela ne serait pas arrivé si nous étions au pouvoir."

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Les commentaires (1)
Milsabords Il y a 15 jours Le 14/04/2024 à 09:38

Quand on nous explique que les drones mettent presque dix heures pour parcourir le millier de kilomètres pour atteindre leurs cibles, on peut imaginer que ce ne sont pas des engins ultra rapides de dernière génération, donc pas très compliqués à intercepter par les moyens anti aériens sophistiqués dont dispose Israël ...