Colombie: second tour de la présidentielle, le processus de paix en jeu

  • Le candidat d'opposition à la présidence de la Colombie Oscar Ivan Zuluaga en compagnie de l'ancien président Alvaro Uribe durant une retransmission à Bogota du match Colombie - Grèce, le 14 juin 2014
    Le candidat d'opposition à la présidence de la Colombie Oscar Ivan Zuluaga en compagnie de l'ancien président Alvaro Uribe durant une retransmission à Bogota du match Colombie - Grèce, le 14 juin 2014 AFP - Raul Arboleda
  • Le président sortant de la Colombie et candidat à sa réélection, Juan Manuel Santos regarde à Bogota le match de l'équipe colombienne de football contre la Grèce, le 14 juin 2014
    Le président sortant de la Colombie et candidat à sa réélection, Juan Manuel Santos regarde à Bogota le match de l'équipe colombienne de football contre la Grèce, le 14 juin 2014 AFP - Raul Arboleda
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AFP

Les Colombiens votent dimanche au second tour de la présidentielle, un scrutin qui met en jeu l'avenir du processus de paix en cours avec les guérillas d'extrême gauche dans un pays en proie à un demi-siècle de conflit armé.

Le duel s'annonce serré pour le chef de l'Etat, Juan Manuel Santos, dont le gouvernement a ouvert un dialogue avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et l'Armée de libération nationale (ELN), dernières rébellions en activité avec respectivement 8.000 et 2.500 combattants selon les autorités.

Plus de 32 millions d'électeurs, appelés aux urnes entre 8h00 et 16h00 (13h00 et 21h00 GMT), ont le choix entre lui donner le feu vert pour un second mandat ou tenter l'aventure avec l'ancien ministre des Finances, Oscar Ivan Zuluaga, partisan d'une plus grande fermeté.

Deux options radicalement différentes pour des candidats qui ne se seront accordés que pour célébrer la veille avec les Colombiens le début victorieux de la sélection au Mondial de foot.

Issu d'une grande famille de la politique et du journalisme, M. Santos, un dirigeant de centre-droit de 62 ans, plaide pour la poursuite des négociations avec les Farc, qui se déroulent sans cessez-le feu depuis 19 mois à La Havane, la capitale cubaine, affirmant qu'elles sont entrées dans leur "phase finale".

Le président sortant, qui a révélé l'existence d'un processus similaire avec l'ELN à quelques jours du scrutin, promet de "libérer le potentiel" d'un pays où la pauvreté touche encore près du tiers des 47 millions d'habitants, malgré une croissance supérieure à 4%.

En face de lui, M. Zuluaga, qui dénonce une utilisation "électoraliste" du processus de paix, rassemble la voix des opposants ou des sceptiques à ces pourparlers, qui ne sont pas les premiers dans l'histoire agitée de la Colombie.

"paix sous conditions"

Protégé de l'ex président conservateur Alvaro Uribe, figure toujours très populaire pour avoir livré une guerre frontale aux Farc entre 2002 et 2010, cet économiste de 55 ans, encore peu connu du grand public il y a quelque temps, prône une "paix sous conditions".

En cas de victoire, il a affiché son intention de "réviser" les accords déjà conclus à Cuba: la participation des ex rebelles à la vie politique, la lutte contre le narcotrafic, la reconnaissance des victimes et, surtout l'instauration d'une réforme rurale, à l'origine même des Farc, issue d'une insurrection paysanne contre les grands propriétaires terriens.

Arrivé en tête du premier tour le 25 mai dernier, le candidat de l'opposition s'est taillé un franc succès avec son slogan "non à l'impunité. Un thème sensible en Colombie où le conflit entre guérillas, milices paramilitaires et bandes criminelles a fait plus de 220.000 morts et 5 millions de déplacés.

En outre, M. Zuluaga entend lancer un ultimatum d'un mois aux Farc pour rendre les armes et il exige une "peine minimum de six ans de prison" pour leurs chefs. Autant d'impératifs qui pourraient se traduire par une interruption pure et simple des pourparlers.

"L'élection va être en grande partie un référendum pour approuver la possibilité de négocier la paix avec la guérilla et résoudre le conflit armé ou pour désavouer les avancées de La Havane et en terminer avec l'initiative du dialogue", explique à l'AFP la politologue colombienne Laura Wills Otero, professeur à l'Université des Andes.

De leur côté, les Farc ont évité de se mêler aux débats, se bornant à renouveler une trêve unilatérale durant le scrutin, qui sera placé sous la surveillance de 246.000 policiers et militaires.

Source : AFP

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