L'Afghanistan se prépare à la première transition démocratique de son histoire

  • Le nouveau président de l'Afghanistan Ashraf Ghani lors d'un rassemblement à Kaboul, le 22 septembre 2014
    Le nouveau président de l'Afghanistan Ashraf Ghani lors d'un rassemblement à Kaboul, le 22 septembre 2014 AFP/Archives - Wakil Kohsar
  • Hamid Karzaï, ex-président de l'Afghanistan, au Palais présidentiel à Kaboul le 23 septembre 2014
    Hamid Karzaï, ex-président de l'Afghanistan, au Palais présidentiel à Kaboul le 23 septembre 2014 AFP/Archives - Wakil Kohsar
  • Des personnels de sécurité afghans répliquent à une attaque des Talibans à Dur Baba près de la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, le 25 septembre 2014
    Des personnels de sécurité afghans répliquent à une attaque des Talibans à Dur Baba près de la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, le 25 septembre 2014 AFP - Noorullah Shirzada
  • Ashraf Ghani
    Ashraf Ghani AFP - S.Ramis/C.Muto
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Centre Presse Aveyron

L'Afghanistan se préparait dimanche à la première passation de pouvoir d'un président élu à un autre de son histoire, avec l'assermentation lundi de l'économiste Ashraf Ghani qui hérite d'un pays en guerre malgré 13 ans de présence de l'Otan qui n'a pas réussi à mater l'insurrection des talibans.

Ashraf Ghani, 65 ans et ex-cadre de la Banque mondiale, succèdera officiellement à Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé l'Afghanistan depuis la chute des talibans en 2001, après trois mois d'une crise politique sur les résultats de l'élection ayant fragilisé encore davantage le pays.

Ashraf Ghani et son rival Abdullah Abdullah revendiquaient la victoire lors du second tour de la présidentielle du 14 juin marquée par des fraudes massives. Or, M. Ghani concentre ses appuis chez les Pachtounes du Sud, et M. Abdullah chez les Tadjiks du Nord, ce qui faisait craindre un embrasement, voire la partition de facto du pays.

Mais sous la pression de l'ONU et des Etats-Unis, les deux rivaux ont accepté de former un gouvernement d'union nationale. Et M. Ghani a été déclaré vainqueur de la présidentielle avec plus de 55% des voix à l'issue d'un audit inédit des huit millions de bulletins de vote.

Au cours d'une cérémonie sous haute surveillance lundi à Kaboul, ville régulièrement endeuillée par des attentats, une bombe cachée dans un véhicule ayant d'ailleurs explosé dimanche près du palais présidentiel, Ashraf Ghani sera intronisé président et Abdullah Abdullah "chef de l'exécutif", sorte de Premier ministre, mettant ainsi fin à l'ère Karzaï.

"Je peux dire avec confiance que l'Afghanistan connaîtra bientôt la paix et la stabilité, et que le nouveau président et son gouvernement pourront compter sur votre soutien", a déclaré samedi M. Karzaï lors de son dîner d'adieu aux ambassadeurs en poste à Kaboul.

"Les enfants vont désormais à l'école, les routes ont été reconstruites, des progrès ont été réalisés dans le secteur de la santé et le drapeau afghan flotte fièrement à travers le monde. Tout cela a été rendu possible grâce au soutien international", a ajouté M. Karzaï dans un discours aux antipodes de ses critiques habituelles des Etats-Unis et quasi enchanteur compte tenu de l'état réel du pays.

Sous les talibans, au pouvoir de 1996 à l'intervention occidentale de 2001, l'école était interdite aux filles, les femmes devaient porter la burqa et être accompagnées d'un homme pour sortir alors que la musique était interdite.

- Le retrait de l'Otan -

Cette première transition démocratique de l'histoire afghane dans le coeur de Kaboul contraste avec les combats qui font rage dans la campagne afghane où l'insurrection des talibans a encore gagné du terrain cet été, profitant entre autres de la crise électorale.

Une offensive talibane au cours de la dernière semaine a ainsi une centaine de morts, dont une douzaine par décapitation, dans la seule province de Ghazni, alors que des villageois ont pendu quatre insurgés en représailles, selon les autorités locales.

"Mais le tableau n'est vraiment pas aussi sombre", a rétorqué ce week-end le vice-commandant de la mission de l'Otan en Afghanistan (Isaf), le général Carsten Jacobson, soutenant que les autorités à Ghazni avaient tendance à noircir la toile.

L'Isaf, qui compte aujourd'hui 41.000 soldats, dont 29.000 Américains, a prévu de retirer toutes ses soldats d'ici à la fin de l'année, après 13 ans de présence qui n'ont pas permis de vaincre la rébellion menée par les talibans.

Aujourd'hui, seulement 33 bases de l'Otan sont encore en opération en Afghanistan, contre 800 il y a quelques années, laissant les 350.000 soldats et policiers afghans assurer l'essentiel de la sécurité face aux talibans.

Une force plus modeste de quelque 12.000 soldats étrangers, en très grande majorité américains et chargés en principe de soutenir et former les forces locales face à la rébellion, devrait toutefois rester dans le pays après 2014.

Source : AFP

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