Burundi: les putschistes arrêtés après avoir annoncé leur reddition

  • Une barricade dans le centre de Bujumbura, le 14 mai 2015
    Une barricade dans le centre de Bujumbura, le 14 mai 2015 AFP - Jennifer Huxta
  • Un policier burundais lors d'affrontements le 13 mai 2015 à Burumbura
    Un policier burundais lors d'affrontements le 13 mai 2015 à Burumbura AFP - Jennifer Huxta
  • Le président du Burundi Pierre Nkurunziza le 2 avril 2014 à Bruxelles
    Le président du Burundi Pierre Nkurunziza le 2 avril 2014 à Bruxelles POOL/AFP/Archives - ALAIN JOCARD
  • La radio privée RPA le 19 mars 2015 à Burumbura
    La radio privée RPA le 19 mars 2015 à Burumbura AFP/Archives - CARL DE SOUZA
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Centre Presse Aveyron

Les chefs des putschistes burundais ont annoncé vendredi matin à l'AFP leur reddition, juste avant de se faire arrêter par les forces restées loyales au président Pierre Nkurunziza.

"Nous avons décidé de nous rendre. J'espère qu'ils ne vont pas nous tuer", a expliqué par téléphone à un journaliste de l'AFP le chef des putschistes, le général Godefroid Niyombare, alors que des soldats fidèles au président Pierre Nkurunziza approchaient de lui.

Le journaliste de l'AFP n'a plus de nouvelles de lui depuis.

Le porte-parole des putschistes, le commissaire de police Vénon Ndabaneze, a confirmé la reddition:

"Nous avons décidé de nous rendre. Nous avons déposé les armes. Nous avons appelé le ministre de la Sécurité publique et le ministre de la Défense pour leur dire que nous n'avions plus d'armes", a-t-il affirmé lui aussi par téléphone, juste avant de se faire arrêter en compagnie du numéro deux du mouvement Cyrille Ndayirukiye, qui avait annoncé la veille l'échec du coup d'Etat à l'AFP, et d'un troisième responsable.

Le journaliste de l'AFP est resté en ligne pendant l'arrestation des trois hommes qui étaient en vie quand ils ont été maitrisés par des soldats et policiers fidèles au président Nkurunziza.

Avant son arrestation dans une maison de Bujumbura, le général Ndabaneze a eu le temps de raconter que les putschistes s'étaient séparés en différents groupes pendant la nuit: "Nous avons décidé de nous cacher pour attendre l'aube et nous rendre pour ne pas être tués".

Le général Ndayirukiye avait reconnu jeudi que les putschistes avaient "rencontré une trop grande détermination militaire pour soutenir le système au pouvoir".

Ses déclarations étaient intervenues alors que la présidence burundaise venait d'annoncer le retour sur le territoire burundais du chef de l'Etat, resté bloqué en Tanzanie depuis le début de la tentative de coup d'Etat lancée par le général Niyombare mercredi après-midi.

Pierre Nkurunziza était allé participer à Dar es Salaam à un sommet est-africain consacré à la crise politique déclenchée dans son pays par l'annonce de sa candidature à un troisième mandat présidentiel fin juin.

Jeudi soir, un proche de Pierre Nkurunziza avait même précisé à l'AFP que le chef de l'Etat dormirait la nuit même "à Ngozi dans sa province natale". Il avait ajouté que le président était rentré au Burundi par la frontière terrestre tanzanienne, avant de se rendre chez lui en voiture.

La désignation le 25 avril de Pierre Nkurunziza comme le candidat du parti présidentiel, le Cndd-FDD, au scrutin du 26 juin avait déclenché des manifestations qui s'étaient déroulées quasi-quotidiennement jusqu'à mercredi.

Ce mouvement populaire avait été présenté par Godefroid Niyombare, un ex-compagnon d'armes de Pierre Nkurunziza du temps de la guerre civile (1993-2006) burundaise, quand le Cndd-FDD était encore une rébellion hutu, comme l'une des justifications du putsch: le général avait reproché au chef de l'Etat, déjà élu en 2005 et 2010, d'avoir pris sa décision de briguer un troisième mandat "au mépris" du peuple.

- Médias cruciaux -

Jeudi soir, un haut gradé de la police avait confirmé que "les mutins (étaient) en débandade après leur attaque de la RTNB (la radio et télévision nationale burundaise) qui a échoué".

Les putschistes avaient lancé dans la journée deux offensives pour tenter de prendre le contrôle de la très stratégique RNTB, gardée par les forces pro-Nkurunziza. Ils avaient à échoué après des affrontements à l'arme lourde avec le camp adverse. Pour la première fois depuis le début du putsch, des morts avaient été constatés: un journaliste de l'AFP avait vu trois corps de militaires.

Le contrôle de la RTNB était d'autant plus important que les principales radios privées - la très populaire RPA, Bonesha, Insaganiro - et la principale télévision indépendante, Télé Renaissance, qui diffusaient les messages putschistes, n'émettaient plus. Elles avaient été elles-mêmes attaquées, parfois à la roquette par des forces pro-Nkurunziza, selon leurs patrons.

Cette opposition à une nouvelle candidature du chef de l'Etat a été portée par la société civile et une partie de l'opposition, qui jugent un troisième mandat anticonstitutionnel. Mais la candidature du président sortant divisait aussi depuis des mois jusqu'au sein du Cndd-FDD.

Personnalité respectée, considéré comme un homme de dialogue, le général Niyombare avait lui-même payé pour avoir déconseillé à Pierre Nkurunziza de se représenter: nommé en décembre 2014 à la tête du Service national de renseignements (SNR), cet ex-chef d'état-major avait été limogé trois mois plus tard.

Sur le plan diplomatique, la communauté internationale a condamné ces deux derniers jours la tentative de coup d'Etat.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a appelé au calme, alors que les quinze membres du Conseil de sécurité ont condamné "ceux qui cherchent à s'emparer du pouvoir par des moyens illégaux" et appelé à des "élections crédibles". Avant la présidentielle, le Burundi tient des législatives et communales le 26 mai.

Les Etats-Unis, pourtant ouvertement opposés au troisième mandat du chef de l'Etat sortant, ont martelé que "le président légitime" restait pour eux Pierre Nkurunziza.

Le conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a aussi condamné l'utilisation de la "force" pour prendre le pouvoir.

Source : AFP

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