Syrie: les attentats de Paris font monter la pression sur les pourparlers de Vienne

  • Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g), l'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura (c) et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Vienne, le 14 novembre 2015
    Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (g), l'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura (c) et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Vienne, le 14 novembre 2015 AFP - VLADIMIR SIMICEK
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Centre Presse Aveyron

Les attaques sans précédent qui ont frappé Paris ont fait monter la pression samedi sur les participants aux pourparlers de Vienne sur la Syrie, plus décidés que jamais à lutter contre le "terrorisme" mais profondément divisés sur le sort du régime de Damas.

Les tractations diplomatiques ont duré environ six heures, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini saluant la tenue d'une "très bonne réunion" permettant d'affirmer qu'"un processus peut définitivement commencer" sur la résolution de la question syrienne.

Les chefs des diplomaties présents à Vienne avaient appelé à l'action dans le dossier syrien, après le carnage sans précédent perpétré la veille au soir à Paris et revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique.

Cette série d'attentats a fait au moins 128 morts et 250 blessés et provoqué une onde de choc mondiale.

A Vienne où dix-sept pays et les représentants de trois organisations internationales sont réunis autour des chefs des diplomaties américaine et russe, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a jugé "plus que jamais nécessaire" de "coordonner la lutte internationale contre le terrorisme".

"Il y a une chose que nous pouvons dire à ces gens, c'est que ce qu'ils font renforce notre détermination, à tous, pour contre-attaquer", a déclaré son homologue américain John Kerry.

De son côté, le Russe Sergueï Lavrov a estimé que les attentats de Paris "justifiaient" d'intensifier la lutte contre des organisations radicales armées telles que le groupe Etat islamique (EI) ou le Front al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie.

Mais les grandes puissances réunies à la table des négociations depuis environ 10h00 GMT affichent encore des divergences flagrantes sur les contours d'une éventuelle solution politique pour mettre fin au conflit syrien.

Parmi la vingtaine de délégations présentes, l'Iran et la Russie, derniers soutiens du régime syrien, s'opposent aux Etats-Unis et leurs alliés arabes et européens, sur l'avenir du dirigeant Bachar al-Assad et sa place dans une éventuelle transition politique en Syrie.

Cité par l'agence officielle syrienne Sana, Bachar al-Assad a lié les attentats en France à la situation en Syrie: la politique française au Moyen-Orient a contribué à "l'expansion du terrorisme" a-t-il affirmé samedi, ajoutant que ces attentats "ne peuvent être dissociées de ce qui s'est produit dernièrement à Beyrouth ni de ce qui se passe depuis cinq ans en Syrie", en référence à l'attentat de l'EI commis jeudi dans la capitale libanaise.

- Quels interlocuteurs côté syrien ? -

Une première réunion multilatérale le 30 octobre à Vienne sur la Syrie avait donné lieu à un communiqué commun consensuel, les grandes puissances et les pays de la région s'accordant pour tenter d'esquisser les contours d'une transition politique.

Pour tenter de mettre fin à une guerre qui a fait au moins 250.000 morts et des millions de réfugiés depuis 2011, les participants s'étaient entendus pour charger l'ONU d'obtenir un cessez-le-feu, ouvrant la voie à la tenue d'élections.

Mais la nouvelle étape au menu des discussions de Vienne -dresser une liste d'opposants syriens susceptibles de discuter avec Damas- s'annonce extrêmement compliquée.

Là aussi, Russie et Iran s'opposent aux Etats-Unis et à leurs alliés sur les groupes devant être qualifiés de "terroristes" et ceux pouvant être considérés comme appartenant à l'opposition.

Le vice-ministre des Affaires étrangères iranien, Amir Abdollahian, a averti depuis Vienne que les réunions préparatoires des derniers jours, pour établir ces listes "n’ont pas été couronnées de succès", soulignant que Téhéran et Moscou n'y avaient d'ailleurs pas participé.

"La réunion de Vienne ne prendra aucune décision sur l’avenir de la Syrie", a-t-il averti.

Ni le régime syrien, ni ses opposants ne sont présents à Vienne.

Pour Washington, le "succès" des efforts diplomatiques sera aussi étroitement lié à l'évolution du rapport de force sur le terrain où les Etats-Unis pilotent depuis plus d'un an une coalition internationale contre l'EI en Syrie et en Irak voisin, tandis que Moscou mène aussi des frappes accusées de soutenir le régime syrien.

Source : AFP

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