Régionales: l'exception bretonne où la gauche ne se rassemble pas dimanche

  • Le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian (PS) en campagne pour les régionales à Concarneau, dans le Finistère, le 7 décembre 2015
    Le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian (PS) en campagne pour les régionales à Concarneau, dans le Finistère, le 7 décembre 2015 AFP - FRED TANNEAU
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Centre Presse Aveyron

En ne passant pas d'accord de second tour avec Europe Ecologie-Les Verts, Jean-Yves Le Drian, seul ministre tête de liste aux régionales, a pris le risque d'ouvrir une brèche dans le grand rassemblement à gauche prôné par le PS depuis dimanche.

Arrivé largement en tête au premier tour avec près de 35% des voix, dans une région où le Front national a réalisé un de ses plus petits scores (18,17%), le ministre de la Défense a annoncé mardi que sa liste ne fusionnerait pas avec EELV.

Tête de liste, le conseiller régional sortant René Louail, un agriculteur, a remporté 6,7% des voix au premier tour et sa liste pouvait donc fusionner.

Deux versions circulent sur le déroulement des négociations depuis dimanche soir.

Dans la première, exposée par l'équipe de campagne de M. Le Drian, EELV était trop gourmand. "Les exigences d’Europe Ecologie n'ont pas permis d'aboutir à une entente équilibrée au regard des scores obtenus au premier tour", a-t-elle assuré dans un communiqué.

"Les élus EELV ne faisaient pas partie de la majorité régionales, ils n'ont jamais voté les budgets!", a abondé Loïg Chesnais-Girard, directeur de campagne du ministre, en rappelant qu'il y a "déjà deux écologistes sur la liste pour lesquels il a fallu retirer des socialistes".

Dans la seconde version, racontée par René Louail, une délégation de la liste écologiste a rencontré "deux fois une demi-heure le directeur de campagne de M. Le Drian". "Il n'y a pas eu d'échanges sur le fond, nous n'avons pas eu d'interlocuteur en face de nous", a retracé M. Louail pour l'AFP.

"Nous ne demandions ni plus ni moins de sièges que ce que le PS prévoit en cas d'accord", a-t-il assuré, estimant "avoir été manipulé" dans ce qui était selon lui "une stratégie pour gagner du temps, en attendant que des accords soient passés dans d'autres régions où ils n'étaient pas évidents", comme les Pays-de-la-Loire.

"C'est une trahison, un déni de démocratie", a estimé le candidat écologiste, dénonçant de la part de M. Le Drian "une politique du pouvoir personnel".

"J'ai fait une liste de rassemblement dès le premier tour", a déclaré le ministre mardi à Châteaulin (Finistère), avec "des socialistes, des communistes, des radicaux, des régionalistes, des écologistes, des vrais écologistes".

"Manifestement, les Bretonnes et les Bretons ont trouvé que cette force de rassemblement avait un sens et on ne peut s'élargir que si on est dans la cohérence et dans la cohésion", a poursuivi le ministre-candidat.

- Impact dans d'autres régions -

Dans l'après-midi, Manuel Valls lui a rendu un hommage appuyé à l'Assemblée nationale. Il "regrette" cette décision mais "l'essentiel, c'est le rassemblement partout ailleurs", a précisé son entourage à l'AFP.

Mais pour Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'EELV, c'est "lamentable". "Je crois que et le Premier ministre et le Président de la République partagent mon point de vue donc le problème est à régler au Parti socialiste", a-t-elle déclaré mardi à l'AFP.

Convaincue que cet échec "impacte fortement ce qui se fait dans les autres régions", où la gauche se présente rassemblée au second tour, elle a dénoncé le "sectarisme" du ministre de la Défense dans une période "extrêmement difficile où nous faisons face à un FN qui n'a jamais été aussi fort".

"C'est une caricature du baron cumulard qui exige de tous la soumission", a renchéri David Cormand, chargé des élections au parti écologiste sur Twitter.

Les écologistes ont indiqué qu'ils ne donnaient pas de consigne de vote pour le second tour.

Au PS, la porte-parole Juliette Méadel a dit "regrette(r)" cette absence d'accord, évoquant "un petit accroc au tableau de l'unité" ne remettant "pas en cause l'unité de la gauche dans les autres régions" car il existe selon elle un "micro-climat breton".

Il faut dire qu'en 2010 déjà, dans un contexte politique national différent puisque l'UMP était au pouvoir et que le FN n'avait pas fait de tels scores, socialistes et écologistes n'avaient déjà pas réussi à faire alliance, malgré des scores respectifs de 37,19% et 12,21%.

Lundi soir encore, le patron des socialistes Jean-Christophe Cambadélis assurait que le rassemblement à gauche s'était fait "dans toutes les régions".

Source : AFP

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