Grève des dentistes : une trentaine de praticiens aveyronnais manifeste à Paris

  • Les Aveyronnais sont montés en nombre à Paris.
    Les Aveyronnais sont montés en nombre à Paris.
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Centre Presse Aveyron

Ce vendredi, de nombreux cabinets dentaires étaient fermés partout en France, suite à l’appel des trois principaux syndicats de chirurgiens-dentistes de faire grève et de venir manifester en nombre à Paris contre le projet de la ministre de la santé, Marisol Touraine, jugé «funeste» par les professionnels.

Pour l’occasion, le Syndicat des Chirurgiens-dentistes de l’Aveyron avait organisé le voyage menant à la capitale. C’est ainsi qu’une trentaine de praticiens aveyronnais étaient présents lors du rassemblement Place Vauban qui a réuni plusieurs milliers de professionnels : chirurgiens-dentistes, étudiants, internes, enseignants, assistantes dentaires, prothésistes...

«Le combat ne fait que commencer»

Pour Régis Nègre, Président du Syndicat des Chirurgiens-dentistes de l’Aveyron, « c’est par la voie d’un règlement arbitral inique que la ministre va imposer sa vision réductrice de l’exercice de la médecine bucco-dentaire, entraînant un nivellement par le bas de la qualité des soins prodigués à nos patients, sans pour autant améliorer l’accès aux soins. C’est toute la filière dentaire qui va être impactée : personnel des cabinets dentaires, prothésistes, fournisseurs, prestataires, industriels... » Et de prévenir : « Le combat ne fait que commencer, nous prévoyons d’autres actions ».

Echec des négociations avec la Sécu

Un mois après l’échec de leurs négociations avec la Sécu, les dentistes, pour beaucoup en blouses blanches, étaient réunis dans une ambiance bon enfant place Vauban, non loin du ministère de la Santé dans le 7e arrondissement, au milieu des fumigènes et au son des sifflets, pétards et même d’une fanfare. Les manifestants arboraient des pancartes proclamant «Marisol Touraine nuit gravement à votre santé bucco-dentaire», ou des tee-shirts «Marisolde vos dents».

«Toute la filière dentaire dit stop» à la ministre de la Santé, clament dans un communiqué les trois syndicats de dentistes (FSDL, CNSD, et Union dentaire), d’étudiants (UNECD) et d’internes en dentaire (SNIO) auteurs de l’appel à la grève et qui tablaient sur 10 000 manifestants ainsi que la fermeture de la moitié des cabinets, selon la présidente de la CNSD, Catherine Mojaïsky. Les dentistes entendent «empêcher la mise en place du règlement arbitral» attendu depuis l’échec, le 26 janvier, des négociations tarifaires entre les trois syndicats professionnels et l’Assurance maladie. Pendant quatre mois, les négociateurs ont planché sur un avenant à la convention des 37 000 dentistes libéraux censé revaloriser un certain nombre d’actes de base (détartrage, caries), en contrepartie d’un plafonnement des actes liés aux prothèses (couronnes...), plus rémunérateurs pour les professionnels.

Un moyen, selon le gouvernement, de diminuer le renoncement aux soins pour raisons financières. L’Assurance maladie a mis sur la table des revalorisations de 806 millions d’euros sur quatre ans, «un effort sans précédent», selon elle. Mais «insuffisant» pour les professionnels: au regard des plafonnements proposés pour les prothèses, le gain net s’élèverait au bout du compte à 341 millions d’euros.

«30 ans de mépris de la part de nos gouvernants»

Présent à la manifestation, Patrick Solera, président de la FSDL, a dénoncé «30 ans de mépris de la part de nos gouvernants» et «une «sorte d’hypocrisie» en «laissant les tarifs des soins dentaires (conservateurs) à des niveaux indigents». Finnian, 25 ans, étudiant en 6e année venu de Bordeaux, estime que certains cabinets vont se retrouver «écrasés par les plafonnements». «On aimerait que la prévention soit valorisée», mais pour «la fluoration, le surfaçage (détartrage profond) aujourd’hui la base de remboursement de la Sécu, c’est zéro alors que cela évite des soins mutilants et coûteux», explique-t-il. Quant à Jean-Pierre, 63 ans, venu d’Avignon, il affirme que dans son cabinet de «village», il «boit la tasse», son activité étant constituée à 80% de petits soins.

Le président de chambre honoraire à la Cour des comptes Bertrand Fragonard, désigné comme arbitre, est désormais chargé de remettre ses propositions à la ministre «le 7 mars». Ce règlement arbitral, potentiellement moins avantageux, est très mal perçu par la profession, la ministre ayant ajouté cette option dans le dernier budget de la Sécu. Entre 3 000 et 5 000 dentistes avaient déjà manifesté à Paris fin janvier.

#dentger des milliers de dentistes en colère sont dans la rue pic.twitter.com/xL1vIn2KV3

— Frédéric RT France (@frederic_RTfr) 3 mars 2017
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