Olivier Norek frappe fort dans la jungle de Calais

  • Olivier Norek avec la réalisatrice et écrivain,
    Olivier Norek avec la réalisatrice et écrivain,
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Centre Presse

Les premières lignes du nouveau roman d’Olivier Norek sont une sommation. Un coup de feu en guise d’avertissement. Poursuivre, c’est prendre le risque de se faire bousculer dans son petit confort de lecteur. D’avoir les tripes nouées quant au sort de Kylani, un enfant soudanais, et Adam, un policier syrien, tous deux échoués dans la jungle de Calais, survivant à l’horreur en se rattachant au seul lien qui les unit à la vie. L’espoir de l’Angleterre pour le gamin, retrouver sa femme et sa fille pour ce flic... Poursuivre, c’est aussi prendre le risque de verser dans une certaine empathie pour le jeune policier Bastien, qui se bat pour rester humain dans cet enfer sur terre qu’il découvre.

Car le problème avec Olivier Norek, il nous l’a appris au gré de ses trois premiers polars percutants (1), et nous prévient d’emblée dans son livre, il n’invente pas grand-chose. Tout ou presque lui est inspiré de ce qu’il a réellement vu ou vécu. C’est ainsi que pour ce roman, il a passé trois semaines à Calais. Le jour dans la jungle et la nuit aux côtés policiers qui « chassent » ceux qui rêvent d’Angleterre.

Dès lors, si vous décidez de ne pas suivre la première sommation, parce que vous savez aussi que sous la plume d’Olivier Norek se cachent des rebondissements qui vous empêcheront de lâcher le livre, vous découvrirez des hommes pétris d’humanité. Et d’autres qui en sont leur antithèse.

L’ancien flic de la PJ de Seine-Saint-Denis et originaire du Bassin vous embarquera dans la poussière de la jungle de Calais, no man’s land tenu par des bandes dans laquelle tout le monde se méfie de tout le monde. Il vous fera sentir le désarroi de flics menottés par l’obligation de fermer les yeux sur les horreurs de la jungle dans une ville qui dépérit à vue d’œil, rongée par l’image qu’elle renvoie aujourd’hui.

Ce quatrième roman d’Olivier Norek ne peut pas laisser de marbre. Et ça tombe bien. Comme il l’a confié à un journaliste de la Voix du Nord : « Dans Entre deux mondes, je voulais parler de la manière déplorable dont on a accueilli en France les réfugiés de pays en guerre, que l’on a collés dans des camps. Je suis petit-fils de migrant, cette histoire a donc une dimension personnelle. (...) J’espère vraiment que ce roman aura une portée politique ! »

De la première à la dernière page, les toutes dernières mêmes, jusqu’à celle où il remercie ceux qui l’ont aidé dans la réalisation de ce roman, avec un clin d’œil appuyé à deux journalistes du Bassin, Olivier Norek partage avec talent sa sensibilité et sa colère aussi. « C’est magistral ! » s’est d’ailleurs ému, jeudi, l’auteur de BD Joan Sfar sur le plateau de « La grande Libriaire », l’émission de France 5. Où l’on apprenait que le réalisateur Gilles Paquet-Brenner (Les jolies choses, Elle s’appelait Sarah) s’intéressait de près à ce livre. « Parce qu’avant que l’on soit face à un devoir de mémoire, il faut faire un devoir de prise de conscience », a-t-il soufflé à Olivier Norek.

Ceux qui craignent l’absence du capitaine Coste et son équipe, qui ont tenu en haleine les lecteurs des trois premiers polars, peuvent être rassurés. Entre deux mondes sort du lot dans la jungle... littéraire. L’ancien policier confirme son talent et prend rapidement du galon dans le milieu de la littérature.

(1) Code 93 (2013), Territoires (2014), Surtensions (2015). Entre deux mondes, édition Michel Lafont, 19,95 euros.

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