Rodez. "Le rap permet le passage de l’écriture à l’oralité"

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    Pumpkin à Rodez au Yo festival. Repro CPA
Publié le , mis à jour
Monsieur l'Ouïe

Le deuxième festival Yo consacré au hip-hop et à sa culture aura lieu les vendredi 15 et samedi 16 mars au Club de Rodez. Rencontre avec Pumpkin, une "rappeuse" qui manie la langue et le flow tous les jours.

C’est comme si Cécile avait eu une révélation. Cette Brestoise de 38 ans installée maintenant à Nantes a découvert le rap au sortir de l’adolescence et depuis, non seulement elle est bien dans sa peau, mais c’est une rappeuse professionnelle.

La révélation se fit vers 1996 et Cécile était alors une jeune fille plutôt introvertie, peut-être pas bien dans sa peau, avec une vie compliquée. Petite soupape, l’écriture, sous la forme de journal intime comme il se doit, puis de poésie. C’est lorsqu’elle est allée dans un concert de rap que la "chose" lui tomba dessus.

"C’était comme une prise de conscience, raconte-t-elle. Je me suis dit : c’est incroyable de pouvoir chanter sans chanter. Il y a dans le rap une forme de simplicité à le faire, même si c’est une fausse simplicité, mais on pouvait faire quelque chose à partir de rien, ce qui est un peu le principe du rap. Mais pour moi, c’était comme une évidence, j’ai découvert un truc incroyable qui me donnait d’un coup la sensation de liberté. Avant j’écrivais dans ma chambre, l’écriture était pour moi un truc qui m’était nécessaire. Mais j’avais de la difficulté dans ce passage de l’écrit à l’oral. Et là je voyais que je pouvais m’exprimer sous la forme du rap sans avoir appris la musique, il fallait juste se lancer. "

Et c’est ce que Cécile a fait. D’abord en montant un groupe avec une copine, purement informel, en se balançant des mots sur les faces B de morceaux de rap, une face qui reste instrumentale afin que chacun puisse y aller de son "flow", de sa parole.

Cécile donc se baigne de plus en plus dans ce rap, au point de créer Pumpkin, qui deviendra son alter ego : "C’est moi en mieux, dit Cécile, en idéalisée : confiante, courageuse, talentueuse. "

Par la grâce du rap

Même si cet alter ego, au fur et à mesure, s’est mis à rendre Cécile plus affirmée dans son existence et dans sa construction de soi. "Le travail que j’ai dû accomplir pour avoir un certain niveau de rap m’a forcé à structurer et expliquer ma pensée et mon discours, il m’a enrichi en vocabulaire, à me donner de l’air parce qu’il y avait aussi la prise de parole en direct. Là, on doit se positionner en tout, on apprend à être un bon orateur, à être convaincant... Le rap, c’est un merveilleux moyen de m’exprimer, de sublimer quelque chose, de prendre confiance..."

Au début est la plume tout de même : "J’écris à longueur d’année, des idées, des mots, des thèmes. Je compile du matériau que je vais travailler. Je suis dans quelque chose de travaillé, même s’il y a d’abord quelque chose de plus instinctif. Ça comprend tout un ensemble de paramètres, de quoi on parle, si c’est frontal ou plus métaphorique, si on raconte des histoires ou si on est dans la critique. J’essaie d’être dans une forme d’écriture consciente, sur des thèmes de société mais pas dans la négation, en nuance, et quand il y a de l’ombre j’essaie d’y mettre de la lumière. "

Sans compter la technique du "flow", le "chant non chanté" du rap. " Le flow, c’est ce qui fait la personnalité du rappeur, c’est ce qui le détermine. C’est comment si avec les mots il inventait une partition de percussions, c’est pareil d’ailleurs avec le scat dans le jazz."

Après, la voix plutôt fluette de Cécile laisse la place aux mots puissamment envoyés de Pumpkin. Mais il y a aussi la musique, pour elle aussi importante dans le rap que les mots. Et là, chance ou destin, c’est avec son compagnon qu’elle travaille, Vincent, de son nom d’alter ego Vin’S Da Cuero. Elle, c’est les paroles, lui, la musique. En même temps que Cécile écrit, Vincent fouille pour trouver des airs, et mots et musique vont se tourner autour jusqu’à fusion finale. Pour le meilleur et c’est tout. Pour en tout cas des scènes partout en France, à deux, et sept albums parus dont cinq avec Vin’S Da Cuero, dont le dernier "Astronaute" (photo), sorti en novembre dernier.

Et voilà Cécile, même pas quadra, à l’aise dans ses baskets et travaillant en famille. Par la force des mots et la grâce du rap.

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