Discours d'Emmanuel Macron ce mardi : pass sanitaire et troisième dose vont-ils être liés ?

  • Pas de nouveaux confinements ou couvre-feu prévu, mais peut-être une stigmatisation des non vaccinés via un pass qui deviendra un peu plus inaccessible pour eux.
    Pas de nouveaux confinements ou couvre-feu prévu, mais peut-être une stigmatisation des non vaccinés via un pass qui deviendra un peu plus inaccessible pour eux. Repro CP - Archives
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Alors que les indicateurs de la pandémie sont à la hausse en France et en Europe, le chef de l'Etat donne un nouveau discours ce mardi 9 novembre à 20 heures.

Avec en arrière-plan des airs de pré-campagne présidentielle, Emmanuel Macron doit tenir un nouveau discours ce mardi 9 novembre à 20 heures concernant, entre autres sujets donc (relance économique, réformes...), la situation sanitaire dans le pays.

Selon le Hufftington Post, pas être question cette fois de décréter un nouveau confinement ou même un couvre-feu. La France semble pour l’heure relativement épargnée par rapport à ses voisins européens, où l'on attend, selon l'OMS, un demi-million de victimes supplémentaires d'ici le mois de février 2022. En Allemagne par exemple, le nombre de cas est en train d'exploser. 

Mais à l’approche de l’hiver, le rebond est bien là, et la France n'est qu'au pied de la vague, si vague il y aura. Emmanuel Macron aura donc à coeur ce mardi de convaincre les derniers récalcitrants à se faire vacciner et à évoquer la troisième dose, dite de rappel. Moins de 50 % des plus de 65 ans et des personnes fragiles l'ont déjà reçue. Le président de l’Assemblée nationale, l'Aveyronnais Richard Ferrand, avait déjà dit ce dimanche 7 novembre qu'il faudrait “revitaliser la campagne vaccinale” et “booster la demande des Français” éligibles pour la troisième dose. Un "boost" qui a marché dès ce lundi, semble-t-il, puisque selon La Dépêche, la plateforme Doctolib a enregistré près de 63 000 prises de rendez-vous pour la troisième dose ce vendredi, soit une hausse de 61% par rapport à la semaine passée.

Pour pousser les Français vers cette dose de rappel, plusieurs solutions s'offrent à l'exécutif.

  • 1. Faut-il rendre la vaccination obligatoire pour les personnes éligibles à la troisième dose?
  • 2. Faut-il conditionner la validité du pass sanitaire à cette troisième dose de rappel ?
  • 3. Faut-il annoncer un plan pour une troisième dose pour tous, comme en Israël et bientôt en Allemagne ?

Ce serait la 2e solution qui tiendrait la corde. Vendredi 5 novembre à Montpellier, le Premier ministre Jean Castex indiqué que l’exécutif réfléchissait en priorité à la piste d’un pass conditionné à une troisième dose. Ce week-end, Yaël Braun-Pivet, présidente LREM de la commission des lois à l’Assemblée nationale, a dit également que "si au bout d’un certain temps, le vaccin n’est plus actif et qu’il faut une dose de rappel, il y a une certaine logique à le lier au pass sanitaire”. Richard Ferrand a néanmoins tempéré ces propos ce dimanche, en affirmant que ce scénario n’était ”à ce stade pas sur la table”.

Cette option ne fait pas l'unanimité, y compris dans la communauté scientifique.  L'Académie de médecine fait savoir ainsi que celle-ci  "transgresse le rôle dévolu au passe sanitaire qui était de limiter le risque de transmission du virus et d’inciter la population à se faire vacciner”, et que "elle induit quelque incertitude sur l’efficacité de la vaccination et suscite une discrimination injustifiée à l’égard des personnes les plus vulnérables qui ont déjà accepté de recevoir les deux premières doses de vaccin”.

Pour l'épidémiologiste Dominique Costagliola, il n'y a pas d'urgence sur ce sujet. “Le problème, ce sont les gens qui ne sont pas du tout vaccinés”, déclare-t-elle sur France Inter.  Philippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille, appelle de son côté le gouvernement à d’abord “convaincre” sur la dose de rappel plutôt que de “tordre le bras” à la population.

Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l’Université de Montpellier, prèfère la première solution, selon La Dépèche. Pour lui, rendre obligatoire la 3e dose de vaccin pour les personnes les plus fragiles serait en effet “un levier à privilégier”, rappelant que l’immunité générée par le vaccin baisse avec le temps.

Selon le ministère de la Santé, seulement 87% des Français de plus de 80 ans ont reçu au moins une dose et 85% sont entièrement vaccinés. Une couverture vaccinale à peine meilleure que celle des 30-39 ans (86% ont reçu au moins une dose, 83% entièrement vaccinés), nettement moins vulnérables. Depuis deux mois, la troisième dose de vaccin a été ouverte aux plus de 65 ans et aux personnes les plus fragiles. Seuls 3,1 millions de bénéficiaires y ont recouru, sur 7,7 millions de personnes au total. 

Avant l'allocution d'Emmanuel Macron ce mardi, un conseil de défense devrait donner un peu plus de précisions sur la politique sanitaire que tiendra l'exécutif sur les mois à venir.

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