Covid-19 : « Que la mort de mon mari non-vacciné serve d’exemple », un témoignage émouvant

  • Sandrine et son mari Alain, décédé des suites du Covid-19.
    Sandrine et son mari Alain, décédé des suites du Covid-19. DR -
Publié le , mis à jour
Yanick Philipponnat

Alain est décédé des suites du Covid-19. Il n’était pas vacciné. Sandrine, sa veuve, domiciliée à Carcassonne, lance un appel à ceux qui n’ont pas encore franchi le pas.

"Si je témoigne, c’est que je veux que la mort de mon mari à cause du Covid, alors qu’il n’était pas vacciné, serve d’exemple… J’entends encore des gens dire que l’on ne peut pas en mourir sans comorbidité. C’est faux ! Et la réalité, aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas de traitement et que la seule chose que l’on connaît, c’est le vaccin qui peut éviter de faire vivre à ses proches des choses douloureuses…"

Ce cri du cœur, Sandrine Franchomme le lance volontiers à l’heure où la polémique enfle toujours plus sur la question de la vaccination. Cette femme de 49 ans, mère de deux filles de 14 et 18 ans, vient de se réinstaller depuis plusieurs semaines à Carcassonne (Aude) d’où est originaire sa famille. Mais sans Alain, son époux, emporté par la pandémie à 76 ans, après des semaines de souffrance, au mois de mai dernier, à Avignon où la famille vivait. Ce couple n’était pas spécialement antivax mais Sandrine et Alain, baignant dans le milieu médical - lui ancien médecin traitant et médecin chef à la Sécurité sociale, elle cadre à la Sécurité sociale -, réfléchissaient alors à leur première dose tout en misant sur la prise de vitamines et de compléments alimentaires.

"Moi j’ai toujours été pro-vaccin, Alain était en attente, il voulait voir ce que l’ARN pouvait donner", rapporte-t-elle. Tout en concédant qu’ils avaient été un peu chamboulés par deux phénomènes. L’un télévisuel avec le documentaire complotiste Hold-up - "il nous a un peu désorientés" -, l’autre médical sous la forme du charismatique professeur Raoult de l’IHU de Marseille.

"À l’hôpital, Alain m’a dit : 'J’aurais dû me faire vacciner'"

"Le professeur était quand même la référence sur les maladies infectieuses, ses propos nous ont troublés… Mais mon mari a fini par me dire que quand je ferai un vaccin classique, il le ferait aussi", poursuit-elle. Las, en avril 2021, le virus infiltre la famille, venu du collège d’Avignon, de la classe de la cadette infectée.

"On l’a isolée, mais quatre jours après, quand on a fait le test, on était positifs." C’est le début du cauchemar. "En sept, huit jours, Alain a commencé à avoir de la fièvre, de la toux, à faire des crises de somnambulisme, on a su après que c’était à cause du manque d’oxygène, poursuit l’Audoise. Son état s’est dégradé, mais il ne voulait pas être hospitalisé pour ne pas prendre la place de quelqu’un… Mais 30 % des poumons étaient touchés. Il était sportif, ne buvait pas, ne fumait pas."

À l’hôpital, le médecin à la retraite se prend de terribles regrets : "Il m’a dit : 'J’aurais dû me faire vacciner, va faire vacciner ta mère et ta sœur'", se remémore, très émue, Sandrine Franchomme.

Les cinq semaines passées en réanimation sont particulièrement éprouvantes - "une torture, un calvaire" -, jusqu’au décès. "Là, on se dit ça n’arrive pas qu’aux autres et le fait qu’il n’ait pas été vacciné a été fatal", analyse cette fervente catholique. Qui ne peut pas, avec ses filles, faire un vrai deuil car chaque jour, le Covid-19 s’invite dans les conversations ou dès qu’elle allume la télévision. "Nous sommes en perpétuel rappel de ce virus et du risque qui plane."

"N’attendez pas"

Aujourd’hui, elle veut lancer cet appel à ceux qui n’ont pas encore franchi le pas et qui se posent des questions : "Parmi les non-vaccinés, certains pensent encore que c’est inutile, qu’il y a des effets secondaires ou que l’on touche à l’ADN… Je voudrais leur dire : 'revenez à la raison, que la mort de mon mari ne soit pas inutile, ne faites pas les frais de fausses informations. Si vous ne pensez pas à la société, pensez à votre famille et n’attendez pas.'"

Une parole pleine de compassion pour celle qui, supportrice de Valérie Pécresse, n’adhère pas aux propos d’Emmanuel Macron soucieux "d’emmerder" les non-vaccinés : "Ce n’est pas pédagogique et ça va renforcer et galvaniser les antisystèmes", regrette-t-elle.

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