Prism, l'entreprise spécialiste des produits sanitaires à Frontignan

80% des masques utilisés en France viennent de Chine et 20% de France. Pourtant la filière industrielle des fabricants de masques français est capable de couvrir tous les besoins.

Entretien avec Christian Curel, ambassadeur French Fab et directeur de Prism qui fabrique des masques 100% français à Frontignan (Hérault).

 

Prism est née en juin 2020 à cause de la COVID mais pas pour la COVID

Oui, les épidémiologistes prévoient une pandémie tous les 4 ans. Nous allons devoir prendre l'habitude de nous protéger. Prism est une société industrielle spécialisée dans les produits sanitaires, ciblant le secteur santé du public et du privé : masques, charlottes, sur-chaussures,... Notre spécialité est le masque FFP2 bec de canard, plus hermétiques et plus filtrants. Nous comptons 14 salariés dont 15% en situation de handicap et 40% de jeunes sans qualification qui travaillent sur la production.

 

Le Covid a révélé une dépendance envers la Chine pour les masques. Pensez-vous que la France a de quoi être autonome en FFP2 ?

La filière industrielle en est déjà capable, même en cas de pics d'épidémie. Elle ne manque que de commandes. La concurrence chinoise est déloyale dans la mesure où la subvention de l'État chinois rends leurs masques deux à trois fois moins chers qu'en France. Et c'est sans parler de la moindre qualité de leurs masques.

 

Après un an d'effort, le syndicat français des fabricants de masques (F2M) que vous présidez a obtenu un soutien affiché de l'État.

Il était temps. Entre les étés 2020 et 2021, 97% des appels d’offres des collectivités ont été affectés à des masques d'importation. Et pendant ce temps là, nos usines fonctionnaient en sous-régime et certaines ont même fermé par manque de commandes. Depuis décembre 2021, une circulaire du gouvernement incite les 3 000 hôpitaux et cliniques français à acheter en France et en Europe leurs masques FFP2, gants et équipements de protection contre les contaminations. Il y a malheureusement encore des résistances.

 

Pourtant, cette initiative d'achat responsable au service de la réindustrialisation a aussi un impact sur l'emploi en France.

La filière industrielle a créé 10 000 postes qui seront pérennes si les acheteurs font de l'achat français.

 

Vous êtes présent sur le BigTour en tant qu'ambassadeur French Fab et adhérent French Tech. Qu'avez-vous envie de dire aux jeunes et futurs créateurs d'entreprise ?

Le Big tour est là pour ouvrir l'industrie vers le grand public, faire la promotion de l'entreprenariat et de la French Fab. L'industrie n'est plus celle des mines. Elle est de plus en plus automatisée. C'est un concentré de haute technologie. Il y a de beaux métiers d'avenir.

 

Comment la politique gouvernementale pourrait accompagner les industriels ?

En facilitant leur implantation : 6 ans c'est trop long, comparé aux 3 ans en Allemagne. Et il faut travailler l'équité sur la partie réglementaire et environnementale qui ne s'appliquent pas sur les produits importés. Il y a distorsion de concurrence.

 

Quelle est la prochaine étape pour Prism ?

Renforcer l'écoconception et l'utilisation de matériaux biodégradables. L'économie circulaire doit faire partie de l'ADN industrielle. Nous devons produire autant que possible de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets.