Changement climatique : la chaleur augmente le risque de suicide  

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    Changement climatique : la chaleur augmente le risque de suicide  
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Destination Santé

On n’a pas fini de mesurer les effets du changement climatique sur la santé… et l’incidence des décès. Une récente étude de chercheurs Inserm confirme qu’il existe bien une relation entre températures extérieures et mortalité. Thermomètre élevé et suicides semblent en particulier étroitement associés.

Pour tenter de comprendre les effets du changement climatique sur la mortalité, toutes causes confondues, les chercheurs Inserm de l’Institut pour l’avancée des biosciences et du Centre épidémiologique des causes médicales de décès ont choisi de prendre du recul.

Ils se sont basés sur les enregistrements de plus de 24 millions de décès en France, à partir de 1968. Et ont croisé le nombre de décès quotidiens avec les températures quotidiennes enregistrées pendant la même période.

Résultat : à court terme, la mortalité est accrue à la fois lorsque les températures sont les plus chaudes, mais aussi les plus froides ; elle est minimale lorsque la température est proche de 20°C, qui fait donc figure de température idéale. Et ce, pour la grande majorité des 22 causes de décès considérées.

Aggravation du risque suicidaire

Une exception notable toutefois : la mortalité par suicide (502 000 décès pendant la période observée). Contrairement aux autres, elle croît régulièrement à mesure que les températures augmentent. L’association la plus forte a été trouvée avec la température le jour du décès, plutôt que celle des jours précédents. Il s’agit donc d’une association à très court terme.

Comment l’expliquer ? Il faudrait mener de nouvelles études, d’après Rémy Slama, responsable de l’étude et directeur de recherche à l’Inserm. Il avance cependant plusieurs hypothèses, qui "incluent au moins deux pistes non exclusives : d’une part une modification des relations sociales quand les températures sont très élevées, qui pourrait influencer un passage à un acte suicidaire ; d’autre part, sur le plan biologique, une altération du fonctionnement des systèmes endocriniens et nerveux en cas de grande chaleur, qui pourrait augmenter le risque de suicide".

Une meilleure adaptation ?

Quid de notre adaptation au changement climatique ? C’est un autre aspect abordé par les chercheurs, qui ont découpé la totalité de la période étudiée (1968-2016) en trois sous-périodes, et les ont comparées entre elles. Ils ont notamment observé que pour une même température, le risque de décès était moins élevé durant la période 1985-2000 que durant la période 1968-1984. Et que ce risque n’évoluait plus pendant la période 2001-2016.

Pour les scientifiques, ces résultats traduisent une tendance à l’adaptation de la société française aux températures extrêmes à la fin du XXe siècle. Selon Rémy Slama, "on peut faire l’hypothèse qu’elle est essentiellement sociétale, passant par l’amélioration de l’habitat ou du système de santé plutôt que par une évolution biologique, a priori très lente".

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