Pourquoi en France, les plus pauvres sont plus souvent malades et vivent moins longtemps

  • En France, l’espérance de vie des personnes les plus défavorisées est plus courte, même quand elles sont en bonne santé.
    En France, l’espérance de vie des personnes les plus défavorisées est plus courte, même quand elles sont en bonne santé. Repro CPA
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Centre Presse Aveyron

Les maladies chroniques auxquelles ils sont plus exposés accentuent le phénomène, selon le ministère de la Santé.

C’est une édifiante photographie des inégalités sociales face à la maladie et à la mort. Une étude du service statistique du ministère de la Santé dévoilée ce jeudi 6 octobre établit un double constat : les personnes les plus pauvres sont celles qui ont le plus de maladies chroniques et elles vivent moins longtemps.

Dans le détail, note la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), les 10 % les plus modestes de la population française développent plus souvent une maladie chronique que les 10 % les plus aisés : 2,8 fois plus de diabète, 2,2 fois plus de maladies du foie ou du pancréas, 2 fois plus de maladies psychiatriques, 1,6 fois plus de maladies respiratoires chroniques, 1,5 fois plus de maladies neurologiques ou dégénératives et 1,4 fois plus de maladies cardioneurovasculaires.

Parmi les explications avancées, les plus favorisés bénéficient de meilleures conditions de vie, de travail, d’alimentation et d’accès aux soins. Les conduites addictives pénalisent également davantage les personnes touchées par la précarité, rapporte France Info. A contrario, les personnes les plus défavorisées ont moins de cancers, révèle l’étude, mais cela masque un autre phénomène : elles se font moins dépister, au risque de les découvrir parfois trop tard, à un stade plus avancé.

" Un nouveau téléscope en orbite " ciblant la société

Les Français les plus pauvres sont plus souvent atteints de cancer au pronostic très défavorable, comme le cancer de l’œsophage ou du poumon par exemple. En bout de chaîne, l’espérance de vie des personnes les plus défavorisées est plus courte, même quand elles sont en bonne santé. Mais les maladies chroniques accentuent le phénomène : sans elles, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les plus aisés et les plus modestes serait réduit de plus d’un tiers.

Les personnes qui luttent contre une maladie chronique meurent, elles, en moyenne autour de 79 ans. Soit six ans de moins qu’une personne aisée atteinte du même mal. Les maladies qui creusent le plus les inégalités en matière d’espérance de vie sont liées à des problèmes psychiatriques ou cardioneurovasculaires, pointe la Drees.

Cette étude éclairante de la Drees s’est appuyée sur des informations socio-fiscales mises en perspective pour la période 2016-2017 avec les données EDP-Santé. Une immense base de données qui fusionne les informations de l’Insee avec celles du Système national des données de santé (SNDS) de l’Assurance-maladie. "C’est comme si on avait lancé un nouveau télescope en orbite pour observer la société. Avec lui, le flou devient net ; ce qui était invisible nous apparaît", s’enthousiasme dans L’Humanité Vianney Costemalle, l’un des responsables du bureau état de santé de la population à la Drees, en se réjouissant déjà des nouvelles perspectives d’analyse offertes par cet outil.

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