Hollande s'est dit à l'"offensive" face à la récession et aux inquiétudes

  • François Hollande, le 16 mai 2013, lors de la deuxième conférence de presse de son quinquennat
    François Hollande, le 16 mai 2013, lors de la deuxième conférence de presse de son quinquennat AFP - Patrick Kovarik
  • François Hollande sort avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 16 mai 2013, à l'issue de sa conférence de presse
    François Hollande sort avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 16 mai 2013, à l'issue de sa conférence de presse AFP - Pool/Christophe Ena
  • François Hollande le 16 mai 2013 lors de sa conférence de presse à l'Elysée
    François Hollande le 16 mai 2013 lors de sa conférence de presse à l'Elysée AFP - Patrick Kovarik
  • François Hollande face aux journalistes le 16 mai 2013 à l'Elysée
    François Hollande face aux journalistes le 16 mai 2013 à l'Elysée AFP - Patrick Kovarik
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AFP

Impopulaire et fragilisé par l'entrée en récession de la France, François Hollande s'est dit à "l'offensive" jeudi lors de sa conférence de presse semestrielle, en insistant sur son volontarisme et la nécessité d'agir dans la durée, écartant dans l'immédiat tout remaniement du gouvernement.

Ce volontarisme sans changement de cap apparaît au mieux comme un "pari" osé, au pire comme un "optimisme de commande", estiment vendredi les éditorialistes.

Principale annonce de cette longue conférence de presse, le chef de l'Etat a promis une "initiative" pour "sortir l'Europe de sa langueur", qui passera notamment par la mise en place d'un gouvernement économique réuni "tous les mois autour d'un véritable président nommé pour une durée longue". Sa mission serait de débattre des principales orientations économiques européennes, en particulier fiscales et sociales.

En réponse aux critiques venues de son propre camp contre l'Allemagne d'Angela Merkel, il a jugé le moteur franco-allemand "indispensable".

Comme lors de son premier grand oral, le 13 novembre, cette conférence de presse de François Hollande aura duré plus de deux heures et demie. Il s'est rendu dans la foulée à la Maison de l'Amérique latine pour y rencontrer à huis clos les parlementaires PS qui y suivaient son intervention.

Impopulaire comme aucun de ses prédécesseurs de la Ve République, il a livré un plaidoyer en faveur de son action depuis un an à la tête d'un Etat qui a "démontré sa crédibilité budgétaire, qui a amorcé le redressement de sa compétitivité et entrepris, par la négociation, la réforme du marché du travail", adoptée définitivement par le Parlement mercredi.

Sur le plan intérieur, il a renouvelé sa confiance à Jean-Marc Ayrault, un Premier ministre "courageux", "loyal" et "désintéressé", et a exclu tout remaniement dans l'immédiat, y compris à Bercy où cohabitent sept ministres.

A ses yeux, seul compte le fait qu'il n'y ait "qu'une seule ligne au sein du gouvernement". Et au reproche de ne pas savoir trancher, M. Hollande a répondu en soulignant qu'il n'avait "pas cessé de décider" depuis un an, même s'il a le souci de ne "pas se substituer au gouvernement, au Parlement, aux partenaires sociaux".

Pas "favorable aux lois d'amnistie", il a fait un geste en direction du Front de gauche en se disant "prêt à regarder un certain nombre de situations" de syndicalistes. Il s'est en revanche montré sévère à l'égard de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac, qui "ne devrait pas se présenter à quelque élection que ce soit", notamment pour tenter de retrouver son siège de député de Villeneuve-sur-Lot.

Mais c'est aux inquiétudes des Français face à des indicateurs économiques au rouge, que le président s'est efforcé de répondre. La situation est compliquée, avec l'entrée officielle de la France en récession, et un pouvoir d'achat en baisse record en 2012, a reconnu M. Hollande.

"Ce qui frappe l'Europe, c'est la récession, provoquée par des politiques d'austérité, qui touche tous les pays de la zone euro", a-t-il expliqué, mettant aussi en cause l'héritage de ses prédécesseurs, accusés ne pas avoir fait "des choix courageux sur la compétitivité" ou le "sérieux budgétaire".

Mais alors que le chômage a atteint un niveau record, le chef de l'Etat a réitéré son objectif d'inverser avant la fin de l'année la courbe. Cet engagement, "je m'y tiens!", a lancé celui qui se définit comme un président "socialiste".

Pour stimuler l'investissement, il a annoncé que l'assurance-vie serait "réformée" et a réaffirmé que l'imposition des plus-values mobilières serait "révisée", afin de "mieux orienter l'épargne des Français vers l'investissement productif".

"Un plan d'épargne action pour les PME sera créé avec des dispositifs incitatifs", a-t-il promis. Il a confirmé que Jean-Marc Ayrault présenterait en juin un plan d'investissement sur 10 ans concentré sur quatre grandes filières, en soulignant qu'il pourrait être en partie financé par des fonds étrangers.

M. Hollande s'est montré ambigu concernant d'éventuelles hausses d'impôts l'année prochaine. Alors que le gouvernement promettait qu'il n'y en aurait pas de nouvelle, hormis une augmentation de la TVA, M. Hollande s'est contenté d'affirmer que "l'idéal serait de ne pas augmenter un taux de prélèvement sur les ménages dans l'année 2014".

De même, il a confirmé l'ouverture, "par responsabilité", du chantier des retraites. Le droit de vote des étrangers aux élections locales, promesse de campagne qui semblait mise de côté, fera l'objet d'un examen au Parlement après les municipales de mars 2014.

Conforté par l'hommage appuyé de M. Hollande, le Premier ministre s'est dit sur son compte twitter après la conférence "plus déterminé que jamais à poursuivre le redressement de la France".

L'ex-président UMP de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a fustigé un "long exercice d'auto-justification".

Le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a critiqué la promesse d'un gouvernement économique de l'Europe, une "initiative Merkel repeinte aux couleurs supposées mieux acceptées par les Français".

La présidente du FN, Marine Le Pen, a qualifié François Hollande de "petit porte-parole" de la Commission européenne (qui a) "clairement abdiqué face aux injonctions européennes et allemandes de l'austérité à tout crin".

Le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, a au contraire salué l'initiative d'un gouvernement économique, qui est selon lui une "proposition initiale de l'été 2011 de Mme Merkel et de Nicolas Sarkozy".

Pour la CGT, son secrétaire général Thierry Lepaon a déclaré: "Je l'ai trouvé en-dehors des préoccupations des Français, qui sont la question des salaires et de l'emploi (...) Sur ces deux questions-là, il n'y a aucune réponse concrète qui puisse laisser entendre qu'on ait une amélioration".

Force ouvrière a regretté "l'absence de référence au pouvoir d'achat, moteur de l'activité économique alors que celui-ci baisse".

Enfin le patronat, par la voix du Medef, a commenté en ces termes: "L'engagement résolument européen (...) en direction d'un gouvernement économique de la zone euro correspond à la vision que le Medef promeut."

Source : AFP

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