Arbitrage Tapie: patrons et politiques divisés sur l'avenir de Stéphane Richard

  • Stéphane Richard le 20 février 2013 à Paris
    Stéphane Richard le 20 février 2013 à Paris AFP/Archives - Eric Piermont
  • Pierre Gattaz le 6 juin 2013 à Paris
    Pierre Gattaz le 6 juin 2013 à Paris AFP/Archives - Eric Piermont
  • Pierre Moscovici le 4 juin 2013 à l'Assemblée nationale à Paris
    Pierre Moscovici le 4 juin 2013 à l'Assemblée nationale à Paris AFP/Archives - Bertrand Langlois
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AFP

Le gouvernement et la classe politique s'interrogeaient jeudi sur l'avenir de Stéphane Richard à la tête d'Orange après sa mise en examen dans le cadre de l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais, mais les hommes d'affaires appelaient eux à la plus grande prudence.

"La question est posée", a résumé la ministre de l'Economie Fleur Pellerin sur RTL, interrogée sur l'avenir de M. Richard chez l'opérateur téléphonique.

"Et la réponse devrait être apportée par le conseil d'administration qui se réunira dans les jours prochains. Ce sera en début de semaine prochaine", a-t-elle ajouté.

Depuis l'annonce de la mise en examen de M. Richard pour escroquerie en bande organisée mercredi après-midi, le gouvernement a ouvert la porte à son départ. "Le conseil d'administration se réunira dans les prochains jours pour faire le point et décider des conséquences à tirer de cette mise en examen", a-t-on indiqué à Matignon.

Certains à gauche veulent enclencher la mise à feu du siège éjectable.

"Il ne doit pas rester à la tête d'Orange", a déclaré sur LCI le député de Meurthe-et-Moselle Christian Eckert (PS), rapporteur général du budget. "Quand on a été haut fonctionnaire, et qu'on fait l'objet de poursuites de cette nature, il faut qu'au moins pendant un temps, il ouvre cette parenthèse". "Il y a trop d'affaires en ce moment (...) il ne faut pas qu'on s'habitue, il ne faut pas que cela se banalise", a ajouté le responsable socialiste.

Mais le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a précisé mercredi soir que seul l'intérêt de l'entreprise allait déterminer la position des trois administrateurs de l'Etat sur les 15 que compte le conseil. "Ce qui doit être examiné, c'est l'intérêt de l'entreprise: oui ou non, Stéphane Richard, présumé innocent, est-il en situation de pouvoir conduire les destinées de cette très grande entreprise?". "Seuls les actionnaires ont vocation à le dire", a déclaré le président de l'UMP Jean-François Copé.

"Jusqu'à preuve du contraire, il est innocent"

Les patrons eux, appellent à éviter toute ingérence dans la vie de l'opérateur, un des plus grand d'Europe, qui réalise un chiffre d'affaires annuel de plus de 40 milliards d'euros par an et qui compte 170.000 salariés.

"Il faut tout faire pour ne pas déstabiliser une entreprise. Jusqu'à preuve du contraire, (M. Richard) est innocent. Au conseil d'administration de décider de le maintenir ou pas (...). L'entreprise Orange est à préserver à tout prix. Attention à ne pas tout déstabiliser par cette affaire", a déclaré le candidat à la présidence du Medef Pierre Gattaz.

Le PDG du groupe immobilier Nexity Alain Dinin, proche de M. Richard, a lui qualifié de "ridicule" l'hypothèse d'un départ de M. Richard. "Tant qu'on n'est pas jugé coupable, on est innocent. Je rappelle aussi que France Télécom est une société privée, dans laquelle l'Etat a 27%. Donc, c'est un actionnaire important, mais ce n'est pas une entreprise publique", a affirmé M. Dinin sur Radio Classique. "J'espère que les administrateurs qui seront autour de la table prendront en compte ces sujets là pour constater tout le boulot que Stéphane a fait", a-t-il ajouté.

Parmi les 15 membres du conseil figurent par exemple l'ancienne ministre de droite et spationaute Claudie Haigneré, l'ancien patron espagnol de Carrefour José-Luis Duran ou encore la directrice de la stratégie du groupe pétrolier Total, Helle Kristoffersen.

Les trois administrateurs élus par le personnel auront un rôle clé. L'un est chez SUD, un de la CGT et un de la CFDT.

SUD a déjà estimé que la mise en examen de M. Richard était difficilement compatible avec la direction du groupe. Quant à la CGT, elle a rappelé que "non seulement elle ne soutient pas la stratégie de la direction de France Télécom, mais qu'elle la conteste et entend la combattre".

Tout cela laissait les investisseurs de marbre. En fin de matinée, l'action d'Orange reculait de 1,19% à 7,38 euros à la Bourse de Paris, à l'unisson du marché.

Source : AFP

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