Viol et assassinat d'Agnès: verdict attendu de la cour d’assises

  • Les parents d'Agnès Marin et leur avocat Francis Szpiner le 18 juin 2013 au Puy-en-Velay
    Les parents d'Agnès Marin et leur avocat Francis Szpiner le 18 juin 2013 au Puy-en-Velay AFP/Archives - Thierry Zoccolan
  • Matthieu, le meurtrier présumé d'Agnès Marin, à la sortie le 18 juin 2013 du tribunal au Puy-en-Velay
    Matthieu, le meurtrier présumé d'Agnès Marin, à la sortie le 18 juin 2013 du tribunal au Puy-en-Velay AFP/Archives - Thierry Zoccolan
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AFP

La cour d’assises des mineurs de Haute-Loire rend son verdict ce vendredi à l’encontre de Matthieu, 19 ans, accusé d'avoir violé et tué fin 2011 Agnès Marin, 13 ans, au terme d’un procès tendu qui s’est déroulé dans sa majeure partie à huis clos.

L'avocat de la famille d'Agnès, Me Francis Szpiner, a demandé jeudi à la cour qu'elle "ne donne pas une deuxième chance" au jeune homme, après un premier viol sur une autre mineure en août 2010 dans le Gard.

Pour lui comme pour les parents et les grands-parents de la jeune fille, le jeune homme qui se tient depuis le 18 juin dans le box des accusés doit être mis hors d'état de pouvoir commettre un nouveau crime.

"Ce que nous avons voulu dire aux jurés et à la cour, c'est qu'ils comprennent bien qu'ils ont à juger un dangereux pervers, auteur de deux crimes qui, s'il n'avait pas été arrêté, était parti pour en commettre un troisième", a dit Me Szpiner à la presse jeudi, au terme de sa plaidoirie.

Durant tout le procès, la personnalité de l'accusé aura au centre des débats. Qui est Matthieu ? Est-ce le garçon jugé non dangereux par un psychiatre montpelliérain après le viol, sous la menace d'un couteau, d'une amie alors âgée de 16 ans ?

Sur la foi notamment de cette expertise, après quatre mois de détention provisoire, il avait été jugé apte à devenir interne au collège-lycée Cévenol au Chambon-sur-Lignon, où il a rencontré Agnès.

Ou est-ce un adolescent bien plus inquiétant qui a su s'engouffrer dans toutes les failles du suivi judiciaire, psychiatrique et psychologique dont il faisait l'objet, et qui ont été mises en évidence lors du procès?

Dangerosité majeure

Un rapport de deux médecins psychiatres, rendu en octobre 2012, et dont un des auteurs a été entendu mercredi, évoque ainsi chez le jeune homme "une jouissance de destructivité" et des motivations "plus perverses que sexuelles".

Il met en avant "une dangerosité majeure", le jeune homme "se projetant dans un avenir de récidiviste (...) reflet de son mode de fonctionnement pervers".

L'avocat de la famille d'Agnès s'est bien évidemment engouffré dans la brêche, s'attachant à décrire un être "pleinement responsable de ses actes". Des actes, a-t-il dit, "prémédités, pensés, accomplis avec méthode et sang-froid, sans aucune forme d'impulsion".

Me Valérie Devèze-Fabre, l'avocate de Julie, la première victime de Matthieu, a aussi fait "ressortir la froideur" dans les actes du jeune homme. "Tout ce qu'il a fait contre Julie était voulu, calculé, organisé", a-t-elle déclaré à l'issue de sa plaidoirie jeudi.

Aussi les parties civiles espèrent-elles que la probable peine de Matthieu, qui reconnaît l'ensemble des crimes, ne sera pas atténuée par sa qualité de mineur au moment des faits.

Pas d'excuse de minorité

La mère d'Agnès, Paola Marin, a souhaité jeudi que la cour inflige à l'accusé "la peine maximale et qu'il n'ait pas l'excuse de minorité", qui limiterait la sanction encourue à 20 ans de réclusion au lieu de la perpétuité.

Elle a espéré "qu'il ne puisse pas sortir de prison dans 10 ans et qu'il y ait une troisième victime". Le jeune homme pourrait en effet, si la cour en décide, se voir appliquer une mesure de rétention de sûreté.

L'attitude de Matthieu durant le procès n'aura sans doute pas non plus servi sa cause.

La mère d'Agnès a ainsi décrit un accusé "complètement absent, qui ne montre aucune empathie, qui dit +peut-être, je ne me souviens pas+ et qui s'est endormi pendant qu'on montrait les photos de l'autopsie" de sa fille.

La voie semble donc étroite pour la défense de Matthieu, qui s'exprimera vendredi après les réquisitoires du ministère public. Jusqu'à présent les conseils du jeune homme ont fait le choix du silence, alors que malgré le huis clos, l'avocat et la famille d'Agnès se sont largement exprimés auprès de la presse.

Demandé par Me Devèze-Fabre, afin de protéger sa cliente, le huis-clos devrait, à sa demande, être levé partiellement vendredi.

Mais seule la partie du réquisitoire consacrée à la personnalité de l'accusé devrait être publique, celle concernant les faits restant à huis clos.

Le verdict est attendu dans la soirée.

Source : AFP

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