Quel est le lien entre Archimède, Jules Verne et Espalion ?

  • Ce dessin représente un petit sous-marin de quatre mètres de long, ancêtre
des soucoupes plongeantes. Il a été utilisé par la marine russe de 1877 à 1884.
    Ce dessin représente un petit sous-marin de quatre mètres de long, ancêtre des soucoupes plongeantes. Il a été utilisé par la marine russe de 1877 à 1884. CP
  • Quel est le lien entre Archimède, Jules Verne et Espalion ?
    Quel est le lien entre Archimède, Jules Verne et Espalion ? CP
  • A l’arrière du musée, une cloche de la Comex, devant laquelle posent Claude Charles de l’association des Amis du musée du scaphandre 
et Océane, guide au musée. A l’arrière du musée, une cloche de la Comex, devant laquelle posent Claude Charles de l’association des Amis du musée du scaphandre 
et Océane, guide au musée.
    A l’arrière du musée, une cloche de la Comex, devant laquelle posent Claude Charles de l’association des Amis du musée du scaphandre et Océane, guide au musée. CP
  • Un des premiers casques en cuivre réalisé à la main ou au martinet à partir d’une simple plaque de cuivre. Un des premiers casques en cuivre réalisé à la main ou au martinet à partir d’une simple plaque de cuivre.
    Un des premiers casques en cuivre réalisé à la main ou au martinet à partir d’une simple plaque de cuivre. CP
Publié le , mis à jour
Frédérique Verhaeghe

Claude Charles, de l'association des Amis du musée du scaphandre et Océane, guide pour l'été, entraînent les visiteurs dans les profondeurs du monde sous-marin, sur les traces de Jules Verne et de Vingt mille lieues sous les mers…

Que dit le capitaine Nemo? Il dit, page 116, dans Vingt mille lieues sous les mers, que sous l’eau: "l’homme n’est pas libre. Il est rattaché à la pompe qui lui envoie l’air par un tuyau de caoutchouc, véritable chaîne qui le rive à la terre (…)" Mais il dit aussi, sur le pont du Nautilus, que le moyen d’être libre: "C’est d’employer l’appareil Rouquayrol-Denayrouze (...)". Ainsi soit-il.

Premiers essais en 1864

L’Aveyron et ses inventeurs de scaphandres, découverts lors de l’exposition universelle de 1867, inspirent Jules Verne et ses romans d’aventure. Sept ans plus tôt, l’ingénieur Benoît Rouquayrol invente le régulateur d’air comprimé pour les Houillères de Decazeville en Aveyron. L’appareil va permettre aux sauveteurs de ramener les blessés sans être eux-mêmes asphyxiés par le grisou. Ainsi, Benoît Rouquayrol, natif d’Espalion, découvre le principe de la plongée autonome moderne. Il est rejoint par un autre gars d’Espalion, Auguste Denayrouze. Ce lieutenant de vaisseau de la marine nationale, rêve à d’autres applications. En 1864, ils modifient la membrane pour qu’elle résiste à la pression de l’eau et adaptent le dispositif pour le milieu sous-marin. Ainsi naît le premier scaphandre à réservoir sous pression, détendeur et embout buccal. Les premiers essais ont lieu dans les eaux du Lot, à proximité du Pont-Vieux à Espalion.

"Une armure à la fois souple et résistante"

Le scaphandre de Rouquayrol et Denayrouze et ses accessoires sont industrialisés dans la région parisienne et équipent, tout au long du XIXe et XXe siècle, les marines européenne et américaine, de nombreux établissements de travaux hydrauliques, ainsi que des sociétés de pêche au corail ou aux éponges. Comme Rouquayrol et Denayrouse, Aronnax est un savant. Initié à la plongée sous-marine par le capitaine Nemo, il part à la découverte de la forêt sous-marine de l’Ile Crespo. Lorsqu’il revêt à son tour le scaphandre, page 119, Aronnax a l’impression de passer "une armure à la fois souple et résistante". Transposition de l’armure médiévale, le scaphandre protège des monstres marins mais il isole surtout le corps et lui permet de supporter le froid et la pression de l’eau. "Le tissu de la veste était maintenu par des lamelles de cuivre qui cuirassaient la poitrine, la défendaient contre la poussée des eaux et laissaient les poumons fonctionner librement".

Quel est le lien entre Archimède, Jules Verne et Espalion ?
Quel est le lien entre Archimède, Jules Verne et Espalion ? CP

Jules Verne l’avait imaginé, page 125 : "Arrivé à une profondeur de 300 pieds, je percevais encore les rayons du soleil mais faiblement". Aujourd’hui les plongeurs qui sillonnent les mers du globe travaillent à des profondeurs bien supérieures, grâce à l’emploi de l’hélium dans les mélanges respiratoires. Les premiers scaphandriers ne disposaient que d’une autonomie de quinze minutes par dix mètres de profondeur. Pour retracer cette épopée sous-marine et rendre hommage à ses inventeurs qui ont inspiré tant de romanciers, il fallait un musée, Espalion et Lucien Cabrolié, grand amateur des profondeurs, l’ont fait. En 1980. Il occupe le rez-de-chaussée d’une ancienne église et côtoie une collection de bénitiers, tout un bric-à-brac extraordinaire, commun aux musées des arts et traditions populaires.

D'Archimède à Vinci en passant Jules Vernes

Depuis Archimède jusqu’aux dernières interventions sous-marines robotisées, en passant par Léonard de Vinci et tous les inventeurs du monde sous-marin, le musée du scaphandre Rouquayrol-Denayrouze, désormais placé sous gestion départementale, possède plus de 400 pièces. On y observe des "groins", des casques en cuivre modelés au martinet, des pieds lourds en plomb, des pompes de bateau, des cloches sous- marines… beaucoup d’originaux dont certains sont classés à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, quelques reproductions comme le masque de plongée en cuir, orné de pics de fer imaginé par Léonard de Vinci, une lampe sous-marine à pétrole offerte par la BBC à l’occasion du centenaire de la première plongée autonome à Espalion. Avec, en vedette, le premier scaphandre autonome moderne avec réservoir sous pression et détendeur à membrane: l’aérophore de Rouquayrol-Denayrouze.

La Mecque de la plongée sous-marine moderne

Claude Charles, un ancien ingénieur des Arts et Métiers qui fait partie de l’association du musée du scaphandre et Océane, guide pour l’été, mènent la visite. Entre explications scientifiques et récits d’expéditions sous-marines, ils racontent à qui veut bien l’entendre des histoires de trésors sous marins retrouvés dans le port de Marseille au XVIIIe siècle par des plongeurs en tonneau, des histoires de bagnards à qui l’on promettait la liberté s’ils acceptaient de plonger toute une saison, enfermés dans une cloche. Des milliers de visiteurs accourent du monde entier, des moniteurs de plongée, des anciens nageurs de combat, des amis des abysses ou de simples curieux. Yves Cousteau est dit-on un habitué des lieux. Espalion est pour beaucoup d’entre eux la Mecque de la plongée sous-marine moderne. Une porte ouverte pour découvrir ce monde cher à Jules Verne parce que "Là seulement est l’indépendance! Là je ne connais pas de maîtres! Là je suis libre!".

A l’arrière du musée, une cloche de la Comex, devant laquelle posent Claude Charles de l’association des Amis du musée du scaphandre 
et Océane, guide au musée.
A l’arrière du musée, une cloche de la Comex, devant laquelle posent Claude Charles de l’association des Amis du musée du scaphandre et Océane, guide au musée. CP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?