Marseille, la violence et le gouvernement: un air de déjà-vu

  • Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault (d), accompagné de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls et de Marie-Arlette Carlotti, ministre délégué aux handicapés, le 20 août 2012 lors d'une
    Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault (d), accompagné de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls et de Marie-Arlette Carlotti, ministre délégué aux handicapés, le 20 août 2012 lors d'une AFP - Franck Pennant
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AFP

Un énième règlement de comptes, des ministres qui accourent, des renforts policiers dépêchés sur les lieux et une polémique avec le maire UMP, Jean-Claude Gaudin: l'histoire se répète à Marseille, un an après.

Mercredi, les 80 nouveaux CRS annoncés par le gouvernement étaient attendus dans la ville, histoire d'occuper le terrain et de faire taire les critiques au lendemain de la venue de Jean-Marc Ayrault.

Alors que la droite locale a stigmatisé "un aller-retour médiatique plein de promesses sans lendemain", les socialistes ont riposté, fustigeant l'action du premier édile à l'approche des municipales.

"La responsabilité de Jean-Claude Gaudin est immense parce qu'il a couvert l'inaction des gouvernements précédents et de Nicolas Sarkozy et je l'accuse de non assistance à Marseillais en danger", a déclaré le patron du PS, Harlem Désir, sur RTL.

La ministre Marie-Arlette Carlotti, candidate aux primaires socialistes à Marseille, a elle aussi alimenté la polémique, estimant que M. Gaudin, qui devrait briguer en 2014 un quatrième mandat, avait "laissé à l'abandon cette ville".

Mardi, le ministre de l'Intérieur avait été le premier à porter les coups. "Qu'a fait le maire de Marseille ?", a lancé Manuel Valls. Le sénateur UMP se disant aussitôt "stupéfait" face à une telle "agressivité", tout comme le président de l'UMP, Jean-François Copé.

Le Premier ministre a précipité sa venue mardi, flanqué de cinq ministres, au lendemain de la mort de Kamel Tachouat, 25 ans, criblé de balles au coeur du quartier touristique de l'Estaque. Après un été émaillé de faits divers tragiques, il a redit sa "détermination sans faille" et annoncé des renforts supplémentaires (24 policiers d'investigation et une compagnie de 80 CRS).

Une annonce jugée insuffisante par le syndicat de police Alliance et certains élus socialistes, la sénatrice des quartiers nord Samia Ghali réclamant des "mesures concrètes" face à une situation qui "n'a malheureusement pas beaucoup évolué".

Sentiment d'impuissance

La scène, quoi qu'il en soit, laisse une étrange impression de déjà-vu. Les mots sont les mêmes qu'un an plus tôt.

29 août 2012: un homme de 25 ans est tué d'une rafale de kalachnikov. Dans la foulée, Mme Ghali appelle à un recours à l'armée, et le gouvernement s'empare du sujet. Jean-Marc Ayrault convoque un comité interministériel, disant sa "détermination à ne pas laisser les choses dériver".

Le 6 septembre, le Premier ministre promet la fin de "l'inertie", avec l'envoi de plus de 200 policiers et gendarmes. Il promet aussi une nouvelle organisation administrative, la métropole, un projet validé depuis par l'Assemblée nationale mais fortement contesté par les maires du département. Et débarque quelques jours plus tard à Marseille.

Là aussi, même si les propos étaient moins durs, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, taclait M. Gaudin, l'accusant d'avoir "nié pendant des années les problèmes de sécurité".

Aujourd'hui, le gouvernement assure que "la stratégie de reconquête commence à porter ses fruits" et appelle à la "patience", tentant d'effacer un cruel sentiment d'impuissance dans la ville la plus criminogène de France - sa "banlieue" étant incluse dans la ville, à la différence des autres grandes métropoles - et aussi une des plus pauvres.

A l'image de ses prédécesseurs Brice Hortefeux, qui avait déclenché l'éphémère opération Brennus dans les cités, et Claude Guéant qui avait promis des renforts après la mort d'un adolescent, Manuel Valls multiplie les visites. Il a mis en place deux zones de sécurité prioritaire (ZSP), prônant une approche globale "de la répression à l'amélioration du cadre de vie".

Cette méthode, mise en œuvre par le préfet de police Jean-Paul Bonnetain, préconise, en marge des opérations menées dans les 40 cités sensibles, l'intervention des acteurs sociaux, bailleurs, associations et services de l’État.

"C'est un travail de longue haleine", a répété M. Bonnetain mardi. "Depuis quelques années, le banditisme des cités lié au développement du trafic des stupéfiants s'est traduit par une multiplication des réseaux et ces réseaux ont la capacité de se régénérer. On sait bien que quand un chef est arrêté, il est immédiatement remplacé", a-t-il souligné, ajoutant que la réponse policière ne saurait suffire dans une ville en état d'urgence sociale.

Source : AFP

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