Nucléaire iranien: deux jours de discussions à Genève pour négocier un accord

  • Le président iranien Hassan Rohani à Téhéran le 27 octobre 2013
    Le président iranien Hassan Rohani à Téhéran le 27 octobre 2013 AFP/Archives - Atta Kenare
  • Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, le 1er novembre à Washington
    Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, le 1er novembre à Washington AFP/Archives - Brendan Smialowski
  • Le ministre iranien des Affaires étrangères, le 5 novembre 2013 à Paris
    Le ministre iranien des Affaires étrangères, le 5 novembre 2013 à Paris AFP - Jacques Demarthon
Publié le
AFP

L'Iran et les grandes puissances se retrouvent jeudi pendant deux jours à Genève pour négocier un accord sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, les Américains espérant cette fois "un premier pas" dans la voie d'un réglement.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a qualifié jeudi sur sa page Facebook ces négociations avec les grandes puissances de "très difficiles".

"Après la séance inaugurale, mes collègues et les délégations des pays 5+1 vont commencer des négociations très difficiles car nous sommes entrés dans la phase des détails qui est toujours difficile et précise", écrit M. Zarif dans un message publié quelques heures avant le début des discussions prévues à Genève jeudi et vendredi.

M. Zarif doit également rencontrer jeudi à Genève Lakhdar Brahimi, l'émissaire international pour la Syrie, avant de faire une visite "de quelques heures" à Rome pour rencontrer son homologue italienne Emma Bonino.

Les Occidentaux et Israël sont déterminés à stopper le programme iranien d'enrichissement d'uranium, soupçonné d'être destiné à fabriquer une arme atomique, ce que nie Téhéran qui revendique son droit au nucléaire civil.

"Je crois qu'il est possible d'obtenir cet accord cette semaine mais je ne peux parler que de notre point de vue", a affirmé mardi à la chaîne de télévision France 24 M. Zarif, qui supervise l'équipe de négociation. "Si nous n'arrivons pas à un accord, ce ne sera pas un désastre", a-t-il toutefois ajouté.

Côté occidental le ton est plus réservé, "les discussions nucléaires sont complexes et entrent dans une phase sérieuse", a déclaré à l'AFP Michael Mann, le porte parole de Catherine Ashton, la diplomate en chef de l'Union européenne ,qui préside les travaux. Il a rappelé que les participants ont décidé de garder "secret" le contenu des discussions par souci d'efficacité. "Nous espérons accomplir des progrès concrets", a-t-il dit.

Israël a toutefois levé un coin du voile sur le contenu des discussions en appelant mercredi les grandes puissances à rejetter une éventuelle proposition de l'Iran, qualifiée de "mauvaise".

"Au cours des dernières heures, Israël a appris qu'une proposition allait être faite aux 5+1 à Genève dans laquelle l'Iran cessera toutes ses activités d'enrichissement (d'uranium) à 20% et ralentira ses travaux sur le réacteur à eau lourde d'Arak, en échange d'un allègement des sanctions", a déclaré un responsable israélien à l'AFP.

"Israël pense que c'est un mauvais accord et va s'y opposer fermement", a ajouté ce responsable s'exprimant sous le couvert de l'anonymat

Un haut responsable américain a de son côté dit espérer "un premier pas" vers l'arrêt de ce programme nucléaire controversé, notant un "changement clé" dans la position iranienne.

"Ce que nous attendons maintenant est une première phase, un premier pas, un accord initial qui arrête la progresion du programme nucléaire iranien pour la première fois depuis des dizaines d'années et potentiellement le fait revenir en arrière", a affirmé ce responsable sous couvert d'anonymat. En échange Washington est prêt à "offrir un soulagement dans les sanctions, limité, ciblé et réversible sans toucher dans ce premier pas à l'architecture de ces sanctions".

"Nous avons fait des progrès mais il y a encore beaucoup de suspicion en Iran sur le comportement et l'approche de certains membres du groupe des 5+1" (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), a prévenu M. Zarif.

Les négociateurs sont sous pression à Washington, avec un Congrès de plus en plus impatient de durcir encore les sanctions économiques contre l'Iran et à Téhéran , avec l'aile dure du régime, opposée à toute concession sur l'enrichissement d'uranium qu'elle considére comme un droit. Elle se déclare également très susipicieuse quant aux intentions américaines.

Les négociateurs iraniens avaient réussi lors de la réunion de la mi-octobre à Genève a détendre pour la première fois l'atmosphère et à engager un dialogue subtantiel, pour la première fois directement en anglais, entre tous les participants.

Ils ont reçu dimanche le soutien de poids du Guide la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur ce dossier stratégique, et a appelé à ne pas les "affaiblir" dans "leur mission difficile".

Les représentants américains ont pour leur part plaidé pour que le Congrès accorde une "courte pause" à l’administration, avant un nouveau train de sanctions contre Téhéran, afin de laisser une chance à la diplomatie.

Le Département d'Etat américain a admis que les négociations étaient "dures" et qu'il y avait "une profonde histoire de méfiance" entre les deux pays.

Une autre négociation au long cours avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pourrait par ailleurs porter ses fruits. Son chef Yukiya Amano est invité à Téhéran le 11 novembre pour une visite pendant laquelle un accord pourrait être signé, a annoncé mardi le chef de l'Organisation nucléaire iranienne, Ali Akbar Salehi.

L'AIEA, qui enquête sur le nucléaire iranien depuis plus d'une décennie, veut "résoudre les questions en suspens" sur une possible dimension militaire du programme.

Les Occidentaux et Israël sont déterminés à stopper le programme iranien d'enrichissement d'uranium, soupçonné d'être destiné à fabriquer une arme atomique, ce que nie Téhéran qui revendique son droit au nucléaire civil.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu recevant mercredi le Secrétaire d'Etat américain John Kerry a répété qu'il attendait "un démantelement total, complet et pacifique des capacités d'armements nucléaires de l'Iran, la fin de tout enrichissement, de toutes les centrifugeuses et la fin du réacteur au plutonium". Il s'est dit "trés préoccupé" par tout accord partiel qui permettrait à l'Iran de maintenir ses capacités et réduirait les sanctions.

"Nous ne engagerons pas dans un mauvais accord si un accord ne peut pas être trouvé", a rappelé John Kerry.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?