Centrafrique: Paris prêt à envoyer 800 soldats supplémentaires

  • Le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye reçu par Laurent Fabius le 25 novembre 2013 à Paris
    Le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye reçu par Laurent Fabius le 25 novembre 2013 à Paris AFP - Pierre Andrieu
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AFP

La France est prête à envoyer en Centrafrique 800 soldats supplémentaires et va déposer un projet de résolution à l'ONU pour tenter de rétablir l'ordre dans le pays, alors que Bangui, sous couvre-feu, vit dans la crainte de violences inter-religieuses.

A l'issue d'une rencontre à Paris avec le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye a annoncé que Paris était prêt à envoyer ses soldats après un vote du ConseilNicolas Tiangaye de sécurité de l'ONU. Laurent Fabius "a parlé de l'envoi de 800 hommes pour l'instant, qui s'ajouteraient aux 410 déjà présents", a-t-il déclaré.

Il a précisé que "le rôle de la France sera d'appuyer les forces de la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) en termes militaires, logistique et d'assistance technique".

"Tout cela va se faire vers la mi-décembre, après le vote d'une résolution au Conseil de sécurité", a estimé M. Tiangaye.

A la suite de consultations à huis clos lundi à New York avec ses 14 partenaires du Conseil, l'ambassadeur français Gérard Araud a annoncé que la France allait déposer dans les prochaines heures un projet de résolution visant à renforcer la Misca.

Ce texte, qui pourrait être adopté la semaine prochaine, invitera le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à fournir dans un délai de trois mois un nouveau rapport sur un éventuel déploiement de Casques bleus en RCA.

M. Araud a indiqué que Paris allait "renforcer sa présence" sur place mais n'a pas confirmé le chiffre avancé par Bangui.

Selon le Premier ministre centrafricain, la mise en place "d'une force de maintien de la paix de l'ONU va prendre du temps". "Dans l'immédiat, il faut un mandat sous le chapitre 7 de la charte (de l'ONU, qui autorise le recours à la force) permettant à la Misca et à la France de rétablir la sécurité sur tout le territoire", a-t-il estimé.

"Il y a une insécurité généralisée", "de graves crimes de guerre et crimes contre l'humanité sont commis en Centrafrique", a-t-il insisté.

La Centrafrique est en proie aux violences depuis le renversement, le 24 mars, du président François Bozizé par Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Séléka, devenu depuis président.

Les "anti-balakas"

Les mesures de sécurité ont été renforcées au cours du week-end à Bangui, où les habitants redoutent de voir la ville s'embraser après les violences qui ont secoué le nord-ouest du pays ces dernières semaines, des rumeurs faisant état de l'infiltration de groupes armés chrétiens décidés à s'en prendre à la communauté musulmane, dont est issu Michel Djotodia.

Il y a quelques mois, les chrétiens, largement majoritaires, et les musulmans vivaient en bonne intelligence. Mais les exactions à répétition de l'ex-rébellion Séléka, à majorité musulmane, ont rapidement généré des tensions, poussant des populations chrétiennes à former des "groupes d'autodéfense" pour s'en prendre aux musulmans.

Début septembre, les attaques de ces milices paysannes surnommées "anti-balakas" (anti-machettes) avaient fait près de 100 morts dans la région de Bossangoa (nord-ouest). Fin octobre, de nouveaux affrontements ont fait une quarantaine de morts à Bouar (ouest), entraînant des représailles meurtrières.

"A Bangui, de plus en plus de gens craignent que des anti-balakas ne soient infiltrés (...) pour s'en prendre aux musulmans", a déclaré à l'AFP depuis Bangui Roland Marchal, chercheur au CNRS et spécialiste des conflits en Afrique centrale.

Il y a une semaine, Ban Ki-moon avait évoqué "un niveau alarmant de violence inter-communautaire" tandis que le département d'Etat américain parlait d'une situation "pré-génocidaire" et que M. Fabius jugeait le pays "au bord du génocide". Des mots forts qui veulent justifier l'appui à la Misca.

Lundi, le vice-secrétaire général de l'ONU Jan Eliasson a agité devant le Conseil de sécurité le spectre d'un "conflit religieux et ethnique" entre chrétiens et musulmans qui pourrait mener à des "atrocités généralisées".

Source : AFP

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