Italie: Berlusconi restera "très puissant", même hors du Parlement

  • L'ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi lors d'une conférence de presse à Rome, le 25 novembre 2013
    L'ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi lors d'une conférence de presse à Rome, le 25 novembre 2013 AFP - Gabriel Bouys
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AFP

Silvio Berlusconi, qui sera probablement expulsé du Parlement mercredi, restera "très puissant", suffisamment pour rendre difficile la vie du gouvernement d'union gauche-droite d'Enrico Letta, indique à l'AFP le politologue James Waltson, professeur à l'Université américaine de Rome.

Q: Est-ce que l'expulsion de M. Berlusconi du Sénat mettra un terme à sa carrière politique ?

R: Berlusconi est encore et restera très puissant, même si son pouvoir est sur le déclin. Il a encore d'énormes ressources, il possède toujours ses médias (trois chaînes de télévision, des journaux, ndlr), il a beaucoup de partisans indéfectibles en dehors et au sein du Parlement. Il a obtenu 10 millions de voix il y a six mois (lors des récentes législatives).

Q: Quelles conséquences aura sa sortie du Parlement sur la tenue du gouvernement d'Enrico Letta, soutenu par la gauche et par une cinquantaine de parlementaires ex-berlusconiens depuis la scission de son parti il y a quinze jours ?

R: A court terme, elle va renforcer le gouvernement Letta mais à moyen terme, cela va probablement l'affaiblir. (Son expulsion) va priver le centre droit de quelqu'un qui faisait la jonction (entre les différents courants). Pendant 20 ans, Berlusconi a bien pris garde d'empêcher l'ascension de tout rival potentiel, ce qui a rendu très fort le centre droit. Mais celui-ci est très faible sans lui. Mais d'une certaine manière, la présence de Berlusconi aidait aussi à maintenir l'unité du centre gauche qui est aujourd'hui profondément divisé. Le gouvernement doit affronter des problèmes sur tous ses flancs.

Q: Qu'est-ce que Silvio Berlusconi risque sur le plan judiciaire une fois privé de son immunité parlementaire ?

R: Son immunité n'était pas totale mais lui offrait des garanties face à une possible arrestation. Il n'aura plus cette protection à partir de mercredi soir. Il y a une procédure pénale qui l'inquiète énormément. Elle est en cours à Naples, il est accusé d'avoir "acheté" un sénateur (pour faire tomber en 2006 la majorité de centre gauche de Romano Prodi, alors président du Conseil, ndlr). Il y a une possibilité, même si c'est improbable, que les juges le placent en détention (provisoire). Il pourrait aussi être arrêté dans l'affaire Ruby (pour laquelle il a été condamné en première instance à 7 ans de prison). Mais je pense que les juges vont aussi tenir compte des conséquences politiques avant de décider d'une éventuelle arrestation.

Propos recueillis par Dario THUBURN et Sonia LOGRE

Source : AFP

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