Sallie Ford dans la sale radio

  • Sallie Ford, une dirty radio, la gentille fillette à papa de Portland États-Unis s’est transformée en petite peste séduisante.
    Sallie Ford, une dirty radio, la gentille fillette à papa de Portland États-Unis s’est transformée en petite peste séduisante. Repro CP
Publié le , mis à jour
Monsieur L'ouïe

Musique. Avec son groupe The Sound Outside, Sallie Ford nous délivre un rock-blues cru. Ça sent les années 50, les années garage, les années cambouis autant que les années cuir et bas résille...

Si Amy Winehouse devait revenir sur Terre, elle aimerait sûrement se réincarner dans la peau de Sallie Ford. La star tatouée au chignon ravageur et à l’alcool facile avait tout en effet pour devenir une icône du rockab’ plus qu’une diva du glamour. Sallie Ford, elle, n’a rien du trash du rock rockabilly, elle fait jeune étudiante bien sous tout rapport, jolie poupée sage, secrétaire zélée, et pourtant, quand elle se met à chanter, elle décoiffe. Un son venu d’une radio vintage, dans laquelle la défunte Amy se serait sentie plus chez elle que sous les ors de la celebrity business.

Gueule d'atmosphère

Sallie Ford est bien dans sa peau, et son énergie, elle peut donc la coller tout entière dans sa voix qui va vous scotcher à la première chanson. Elle a une belle voix, elle pourrait chanter juste et vous envoyer une mélodie façon miel ou sirop de rose. Mais non : ses airs, elle vous les balance façon gouailleuse, à la gueule d’atmosphère d’Arletty, un poil racoleuse, et 100% rock, rockab’, et blues charnel.

Et la jeune fille à papa se transforme en peste séduisante

Derrière, deux guitares, une batterie, une contrebasse: les enfants presque sages de Sound Outside, ce son venu du dehors, ou peut-être d’une vieille radio grandes ondes crachotante au fond du garage. Au final, c’est un régal, presque une Olympe d’album. Sallie Ford, une dirty radio, la gentille fillette à papa de Portland États-Unis s’est transformée en petite peste séduisante. Énergique, rock, dès le début elle envoie la couleur: "Qu’ont-ils fait à la musique? (...) Je jure de dire toujours ce qu’il ne faut pas." À peine le temps de dire du mal de la musique formatée des médias qu’on la suit en dansant, alors qu’elle vous balance des «ho ho ho» sournois qui vous enivrent. Une chanson, deux chansons, trois chansons...

Ça sent les années 50...

Petit à petit, Sallie Ford se dévoile et vous happe dans un non-glamour swing, ou dans une balade blues sur chemin difficile. Mais son chant au parfum d’eau de feu ne vous laisse aucun répit: son chant est une gueulante à modulation de fréquence, impeccablement juste et totalement débraillée. La gentille étudiante est devenue super chipie, et elle sait en jouer à la perfection. Derrière, la musique est simple, efficace, directe, urgentissime, qu’importe le tempo.

Ça sent les années 50 (l’album est aussi sorti en vinyl), les années garage, les années cambouis autant que les années cuir et bas résille. C’est une chouette odeur sonore qu’on a envie de renifler à pleines oreilles. Good girl, Sallie. 

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